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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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particulièrement au beau milieu d’un champ de bataille. Les échanges verbaux étaient trop fleuris et rapides pour que Tannhauser puisse les suivre en détail, mais il comprit que les myrmidons voulaient que La Valette retourne se mettre en sécurité, alors que le vieil homme – qui paraissait tout à fait alerte, même si Oliver Starkey le maintenait debout – ne voulait rien savoir. La robe de son habit était détrempée et déchirée sur les cuisses, mais s’il semblait un peu pâle, c’était plus certainement de rage que de perte de sang, car l’humeur ambiante bouillonnait de violence. Starkey était bien trop anglais pour défendre la cause de son maître face à une telle émotion. L’obstination gauloise semblait devoir triompher là où la vaillance turque avait échoué.
    Tannhauser n’avait pas grimpé aussi haut sur ce satané talus pour se faire repousser en bas. Avec un grand bruit clinquant, il frappa le heaume le plus proche du plat de son épée. Sa victime tomba à genoux et Bors lâcha un grand rire pour bien marquer le point. Dans la pause outragée qui s’ensuivit, Tannhauser s’exprima en italien.
    « Les soldats croient que leur grand maître est mort. Frayez-lui un passage jusqu’au sommet, qu’ils puissent le voir et reprendre espoir.
    – Si vous, les Gaulois, vous avez le courage de grimper là-haut », ajouta Bors.
    Avant que les Provençaux puissent les couper en morceaux, La Valette se dégagea et monta la pente en claudiquant. Oliver Starkey fut le premier à le rejoindre, lui-même couvert de blessures. La fierté et l’esprit belliqueux triomphèrent de ces sarcasmes, et les chevaliers français rugirent comme des déments et s’élancèrent comme un coin sanglant vers les bannières des infidèles. Les Gaulois déployaient une fureur d’une telle violence que Tannhauser révisa immédiatement son opinion d’eux. Bors commença à suivre. Tannhauser le retint.
    « C’est assez, dit-il. J’ai besoin de me vider les entrailles et de manger. »
    Ils retraversèrent l’arène puante des combats, trop bouillants et épuisés pour même jeter un regard aux blessés, retrouvèrent l’espace dégagé et ramassèrent leurs longs mousquets. Quand ils se retournèrent, ils virent que l’attaque de La Valette les avait amenés, lui et ses hommes, jusqu’au sommet du bastion en ruine, où les bannières turques étaient abattues dans une orgie de tuerie enragée.
    La deuxième défaite de la journée fut ainsi évitée et tout cet amas inégal de débris ruisselants de sang était à nouveau aux mains des chrétiens. La croix de Saint-Jean à huit pointes fut à nouveau dressée, injures et gestes obscènes furent échangés ; et Dieu tout-puissant fut remercié de les avoir délivrés du mal.
     
    TOUT AU LONG DE L’APRÈS-MIDI, les bataillons d’esclaves décimés et la masse de la population de la cité peinèrent à balancer les cadavres turcs dans la douve et à ériger de grossiers murets le long des murailles dévastées. Des équipes d’artificiers prirent place dans des redoutes sulfureuses. L’artillerie fut installée dans des tranchées et à nouveau réglée. Les remparts furent consolidés et regarnis en hommes. Et les confédérés de Gullu Cakie ratissèrent les mutilés et les massacrés pour trancher les gorges des mourants et piller les cadavres musulmans.
    Cette longue journée déclinait et les canons de siège aux gueules de dragon tiraient encore sur leurs chaînes. Lorsque les boulets de métal ou de pierre rebondissaient sur les murailles, ils projetaient des jets de matière puante en retombant sur l’épaisseur de cadavres en putréfaction empilés dans les douves. Les vapeurs délétères ainsi projetées s’enflammaient en un ignis fatuus verdâtre qui luisait, diabolique, dans la pénombre, et serrait la gorge de tout le Borgo, comme si les esprits des morts musulmans s’éveillaient pour protester, et appelaient leurs coreligionnaires à se lever pour les venger.
    Et cet appel aux armes spectral fut pris en compte, malgré l’horreur et le gaspillage du jour, car, peu après le coucher du soleil, le Grand Turc attaqua à nouveau, tout le long de l’enceinte. L’obscurité se fit plus brillante que le jour, et les chœurs de Satan se mirent à chanter, et les dieux de l’Est et de l’Ouest ensemble cachèrent leurs visages honteux tandis que leurs troupeaux de dévots aveugles se précipitaient à

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