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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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brisés ; des fentes, des affaissements et des éboulements créés par les sapeurs turcs donnaient au rempart entier un air de faiblesse branlante. Des sections entières de la muraille avaient été soufflées selon des intervalles irréguliers, et il n’était plus possible de suivre le chemin de ronde sur plus de cent pas d’un coup. Le bastion de Castille n’était plus guère qu’une glorieuse barricade, et les brèches de chaque côté, objets d’une reconstruction frénétique, étaient une invitation à une nouvelle invasion qui pouvait avoir lieu n’importe quand.
    Pour ce, la stratégie turque, au second jour de leur assaut incessant, consistait à lancer une marée d’escarmouches, dont le but semblait de ne pas vouloir passer mais d’épuiser la fine ligne des défenseurs. Au lieu de combattre jusqu’à la mort, les gazi battaient en retraite en bon ordre, et avec des pertes minimales, pour laisser place à un autre détachement, puis un autre encore, et ainsi de suite, comme des vagues grignotant la base d’une berge. Aux côtés des soldats chrétiens, partout où la muraille béait, des femmes et des enfants en haillons, et des esclaves nus enchaînés par paires, s’épuisaient à ramasser et empiler à nouveau la maçonnerie brisée. Ce travail sur les fortifications ne s’arrêtait jamais et des groupes œuvraient toute la nuit. Au grand jour, le tribut des tirs de mousquets turcs était lourd et brutal, mais personne n’avait le droit d’arrêter de travailler. Grognements et lamentations étaient nombreux et, en contrepoint, les chapelains travaillant avec eux disaient des dizaines de rosaires, chants et refrains incessants, leurs voix tissant une élégie à travers le tumulte comme un fil d’or dans une tapisserie de désespoir.
    « Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui Jesus. »
    « Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis nostrae. Amen. »
    « Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui Jesus. »
    « Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis nostrae. Amen. »
    La Valette ne fit aucun commentaire sur ce spectacle. Comme ils grimpaient l’escalier externe vers le bastion de Provence, il s’arrêta, désigna l’ouest, et Tannhauser se tourna pour regarder. À l’autre bout du pont de bateaux traversant la crique des Galères, L’Isola couvait une désolation toute personnelle.
    « Del Monte pousse les défenseurs de Saint-Michel à des prodiges de valeur, dit La Valette. Mais s’ils s’effondrent, ils ne peuvent attendre aucune assistance de notre part. »
    Ils s’arrêtèrent sous le bord du bastion circulaire. La muraille trembla sous eux quand un boulet s’abattit dans les ruines de l’autre côté. Le long du chemin de ronde au-dessus, arquebuceros et chevaliers se courbaient derrière le parapet, n’osant pas lever la tête. Le prix d’un tel geste était représenté par des corps allongés par d’anciennes volées de plomb. D’au-delà du bord provenaient des salves de mousqueterie, si proches que la fumée sortie de leurs canons surplombait leurs têtes. Une humbara décrivit une courbe avant d’exploser sur le chemin de ronde, et un Maltais se dandina sur son derrière comme un crapaud trop lourd pour vider un seau de sable sur les flammes. Tout ce tableau désolé ne montrait que des hommes en attente de la mort. La Valette désigna l’embrasure à l’est du bastion.
    « Jetez un œil, dit-il, et faites attention. »
    Tannhauser rampa sur la pierre et regarda de l’autre côté du merlon. Même si la présence de la tour roulante n’était pas une surprise, la voir d’aussi près l’emplit d’une terreur à vider les entrailles. Elle était presque à vingt pas de lui et il pouvait voir le tiers supérieur, qui finissait par une plateforme permettant à quatre mousquetaires de front de se tapir derrière une porte recouverte de fer. De là, ils tiraient directement dans le fort en dessous. Derrière les quatre premiers, attendait un second rang de quatre, et derrière eux un troisième. Le premier rang venait juste de décharger ses armes, et Tannhauser regarda ces hommes s’écarter, deux de chaque côté, et repasser derrière le dernier rang pour descendre par des échelles placées sur l’arrière afin de gagner une

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