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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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maître regarda Del Monte.
    « Frère Pietro et moi avons navigué sur le même pont », dit le grand maître. La chaleur et le soulagement contenus dans sa voix dénouèrent immédiatement toutes les tensions alentour. « Par sa brillance et sa bravoure, sa défense de Saint-Michel ne peut être comparée qu’à celle de Saint-Elme, dont l’épopée, nous en sommes tous d’accord, ne peut être comparée à aucune autre. S’il existe dans toute la chrétienté homme mieux placé pour cette tâche, j’aimerais bien connaître son nom. »
    Un par un, les membres du conseil ajoutèrent leurs éloges et Del Monte fut consacré comme successeur de La Valette sur le trône.
    Tandis que l’amiral acceptait, avec son humilité caractéristique et juste le minimum de mots nécessaire, Starkey réfléchissait à la subtilité de Ludovico. Une telle unanimité lors d’une élection était sans précédent. Même l’accession de La Valette, bien que tout aussi unanime, avait été précédée d’une frénésie de machinations, corruptions et coercitions dans lesquelles Starkey lui-même avait joué un rôle prépondérant. Si, comme cela semblait désormais évident, Ludovico avait œuvré pour Del Monte, il s’était débrouillé pour que Starkey l’ignore complètement, fait qu’il trouvait très perturbant. Que Ludovico ait choisi un candidat qui n’était pas simplement superbe, mais qui ferait probablement les délices de ses maîtres à Rome, était un témoignage supplémentaire de son ingéniosité redoutable.
    « Frère Ludovico, demanda La Valette, quelle était la seconde question, moins délicate, que vous vouliez soulever ? »
    Ludovico se pencha près de son fauteuil et produisit une épaisse valise de cuir. Il l’ouvrit et en sortit un reliquaire d’argent orné de pierres précieuses. Il porta le reliquaire à l’autre bout de la table et le posa devant La Valette.
    « J’espère ne pas avoir trahi la confiance de notre Saint-Père à Rome, qui voulait que cet instrument sacré ne soit dévoilé qu’à l’heure du plus grand péril. »
    La Valette fit signe à Starkey d’ouvrir le coffret, et il s’exécuta. Il prit une soudaine inspiration. Le coffret était tapissé de velours écarlate. Nichés dans un renfoncement sculpté et tenus en place par des cordons dorés, se trouvaient la poignée d’une épée et deux pouces d’une lame brisée. La garde et la lame étaient rouillées et mangées par l’usure du temps. De ce qui avait été la poignée de bois ne restait qu’un simple fragment, retenu par un rivet. Le style évoquait celui du gladius romain de l’Antiquité. Son cœur battait à tout rompre. Il n’osait pas présumer de son origine. Il regarda Ludovico.
    Ludovico hocha la tête. « Son existence était un grand secret, dit-il en regardant La Valette. C’est le glaive que Pierre a utilisé pour protéger Notre-Seigneur, quand il a tranché l’oreille du soldat romain dans le jardin de Gethsémani. »
    La Valette recula son fauteuil et tomba sur un genou en faisant le signe de croix. Les autres membres du conseil l’imitèrent. La Valette se releva et étudia longuement le coffret. Il s’écarta et les autres chevaliers à la file passèrent devant la relique, animés d’une crainte respectueuse, les yeux brillants, des prières aux lèvres. Starkey vit La Valette observer Ludovico. L’expression de chacun des deux hommes était parfaitement indéchiffrable.
    « Sa Sainteté nous a encore une fois démontré sa sagesse, dit La Valette. Et vous vous êtes affirmé comme le plus parfait de ses serviteurs. »
    Ludovico inclina la tête et ne dit rien.
    « Cette relique sera disposée avec la main du Baptiste à San Lorenzo, annonça La Valette.
    – Avec tous mes respects, Votre Excellence, dit Claramont, ne devrions-nous pas envisager de mettre au moins nos saintes reliques en sécurité dans la forteresse Saint-Ange ? »
    La Valette secoua négativement la tête. « Agir ainsi reviendrait à signaler à nos soldats que nous nous attendons à la défaite. Et malgré tout ce qui a été dit, je n’admettrai pas la défaite. Avec l’aide de Dieu nous allons rejeter le Turc à la mer. La main de Jean le Baptiste, le glaive de saint Pierre, l’icône de Notre-Dame de Philerme sont les racines de notre force. Elles resteront à leur vraie place jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne pour les défendre. »
    Il

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