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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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érotique qu’il n’avait jamais encore rencontrée. Il s’imagina en train de décoller cette robe de soie rouge, même s’il doutait qu’elle y consentît jamais avec un homme tel que lui. Sa seule et unique expérience amoureuse lui avait apporté punition et honte, puis l’exil loin de tout ce qu’elle aimait. Elle avait tout droit d’être méfiante. Quoi qu’il en soit, il remua sur sa selle pour faire un peu de place à son membre.
    Le long des quais, l’obscurité était totale, brisée par les lanternes jaunes des navires. La lune venait de se lever sur la mer, pleine moins une nuit. L’Oracle n’était plus qu’à une centaine de pas et une foule curieuse était rassemblée devant ses portes. Tannhauser s’arrêta. Derrière la foule, il remarqua que les reflets des torches faisaient briller deux casques d’acier. Ces casques appartenaient à deux hommes en armes. Des gens d’armes de la cité. Et les foules adoraient contempler le malheur. Un meurtre à la taverne ? Il n’y en avait jamais eu, grâce à Bors, mais c’était loin d’être impossible.
    C’est alors que Tannhauser entendit les lamentations d’un cri.
    Il était étouffé par les murs et la distance, mais bien assez clair. Un frisson de peur agita ses entrailles. Dans une douleur aussi extrême que l’annonçait ce cri étouffé, les hommes se ressemblaient tous étrangement.
    Pourtant Tannhauser savait que ce cri provenait de Sabato Svi.
    Il descendit de cheval et mena Buraq dans le passage entre l’entrepôt et le garde-fou fait de cordages. À l’arrière des bâtiments qui donnaient sur le front de mer s’étendait un labyrinthe d’ateliers, de remises, de chariots et d’écuries, traversés dans le plus grand désordre par des ruelles tordues à peine plus larges que ses épaules. Il s’engagea dans l’obscurité, se guidant aux reflets de la lune. Buraq le suivait tranquillement. Comme il approchait de l’arrière de leur entrepôt, il entendit un nouveau cri, bien plus perçant ici, et saturé de terreur et de désespoir.
    Quelqu’un torturait Sabato Svi.
    Buraq sentit la détresse de son maître et il renâcla des naseaux comme par sympathie. Tannhauser se racla la gorge. Il attacha Buraq à un anneau de fer du mur et le rassura. Il déroula le cuir de ses hautes cuissardes pour protéger ses cuisses et ses parties et tira son épée. Il s’avança lentement vers l’entrepôt dont le toit formait un parapet d’un noir absolu sur fond d’étoiles. Un instinct sauvage l’arrêta net. Il n’avait pas entendu le moindre bruit. Mais, par-dessus la puanteur de l’allée, il percevait une odeur de sueur et de cuir qui n’était pas la sienne. Puis une respiration sourde. Il protégea ses yeux de la lueur du ciel au-dessus pour accoutumer ses yeux à l’obscurité. Une silhouette de mastodonte se dissimulait là, devant les ténèbres plus pâles du mur. Tannhauser fit un pas de plus. L’odeur était distincte. Il chuchota.
    « Bors. »
    La forme se déplaça de côté, comme un crabe, et fonça vers lui. Une arbalète émergea à deux pas, visant sa poitrine. Tannhauser se mit en équilibre, prêt à frapper si son impression était fausse. Le visage de Bors apparut. Il releva l’arbalète vers le ciel en l’appuyant sur sa hanche. Ses traits ronchons étaient tirés. Il garda la voix basse, mais ne parvint pas bien à en cacher le tremblement.
    « Police de la ville. Deux dehors, quatre dedans. Cuirasses et casques. Deux arquebuses et un pistolet à l’intérieur.
    – On les connaît ? »
    Bors fit non de la tête. « Pas de notre quartier. Ils sont menés par l’inquisiteur famélique de la Couronne . »
    Tannhauser eut la certitude qu’il pouvait entendre le cliquetis des roues qui font tourner l’Univers. Un de ces moments où l’architecture de vos ambitions s’avère être un bordel construit sur du sable ; où l’aiguille de la boussole a cassé et toutes les horloges se sont arrêtées ; où le futur que vous aviez imaginé et celui qui s’étale sous vos pieds se sont séparés à jamais.
    « Que veulent-ils ? demanda Tannhauser.
    – Je suis remonté des caves vers la fin. Ils te cherchaient, toi.
    – Et Sabato ?
    – Il a fallu qu’il fasse un esclandre. Il s’est moqué d’eux, quelque chose de bien, et ils l’ont flanqué par terre. Le jeune Gasparo l’a mal pris. » La bouche de Bors se tordit. « Et ils l’ont

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