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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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humeur. « Ils ont tué le jeune Gasparo, pour avoir voulu défendre Sabato Svi. Ils ont soumis Sabato Svi à la torture, parce qu’il est juif. Ces deux hommes m’honoraient de leur amitié.
    – Je suis désolée, dit-elle.
    – Quand les puissants se tournent contre nous, nous devons agir comme les puissants agissent, c’est-à-dire dans leur propre intérêt, et sans moralité ni pitié. Nous les avons tués comme des chiens et ma conscience est en paix. Soyez donc assurée que personne ne reste vivant pour évoquer votre nom à propos de tout ceci – personne, sauf Ludovico. Mais il restera tranquille, car son rôle dans cette débâcle lui ferait honte devant ceux qui sont encore plus puissants que lui. »
    Il lui prit le poignet et serra. Ses doigts mordirent ses os, comme s’il avait l’intention de la sortir de son rêve.
    « Ludovico est parti pour Palerme, et ensuite pour Rome. Retournez chercher Amparo. Ce prêtre, là, ne vous a jamais enlevée, et de cette boucherie vous ne savez rien. Ne dites rien et personne ne vous demandera rien. Prenez Buraq, et prenez soin de lui, retournez en France, demain, comme si rien de tout ceci n’avait eu lieu. »
    Les doigts de Tannhauser lui faisaient mal. Mais il l’avait sortie de son rêve dès le premier moment où elle l’avait vu, son visage encore humide de larmes dans le jardin de roses. Dieu avait voulu qu’elle emprunte ce sentier, et par ce sentier il la graciait. C’était cela qu’elle savait, ici, maintenant, avec ce grand cheval respirant sous ses cuisses, les étoiles incandescentes au-dessus et la morsure des doigts de cet homme sur sa chair.
    « Je pars pour Malte, dit Tannhauser. La forteresse des chiens de l’enfer. Starkey est arrivé à ses fins après tout. Mais je trouverai votre fils, quoi qu’il advienne. Et je le ramènerai sain et sauf entre vos bras. »
    Carla ne doutait absolument pas de lui. Pourtant elle dit : « Je viens avec vous. Tel était notre accord. »
    Il la considéra en silence, ses yeux indéchiffrables. Il lâcha son poignet, se tourna et s’éloigna. Elle le vit manœuvrer le carrosse jusqu’au bord de la route. Il le poussa dans la pente et le carrosse et sa cargaison morbide disparurent en roulant dans le noir. Il revint et monta à cru sur le cheval du carrosse.
    « Le navire rouge part à minuit. » Tannhauser leva les yeux vers la lune pour y mesurer le temps. « Si nous devons passer prendre la fille, il faut nous hâter.
    – Amparo ? » Carla avait été sûre qu’il ne voudrait pas s’encombrer d’un poids supplémentaire.
    « Dans un imbroglio comme celui-ci, une devineresse et ses visions ne sont pas à négliger. »
    Il donna un coup de talon et partit au grand galop. Buraq suivit, de son propre chef, aussi sûr que son pied était léger. Carla se souleva de la selle et rejeta ses épaules en arrière. Le vent soufflait dans ses cheveux. Elle se sentait comme s’il lui avait poussé des ailes.

MERCREDI 16 MAI 1565
    Port de Messine, la Couronne
    LA COURONNE ÉTAIT à un demi-mille au large quand l’Oracle explosa. Le feu qui s’ensuivit était immense et toute la baie était illuminée du jaune de ses flammes. Du chaos humain qui s’étendait le long des quais, tout ce que Bors parvenait à voir, c’étaient de minuscules silhouettes désespérées qui se détachaient sur fond de fournaise.
    Comme ils s’enfonçaient dans l’obscurité, les rugissements provenant du front de mer furent peu à peu noyés par le grincement du bois et des cordages, par les allers-retours des cinquante-deux immenses rames, le boum du gong, le claquement des fouets et le cliquetis des fers et des chaînes. Sur le pont de nage ouvert en dessous, des esclaves enchaînés, cinq par banc, se penchaient sur les rames. Ils chiaient et pissaient là où ils étaient assis, sur des peaux de mouton encore souillées des excréments de la veille. Bors enfonça du tabac dans ses narines et s’appuya au bastingage. L’Oracle était mort, mais la vie était belle. Les lointaines silhouettes désespérées étaient dans leur monde, et il était heureux d’être dans le sien.
    Mattias était arrivé sur le quai juste au moment où Giovanni Castrucco et Oliver Starkey semblaient au bord d’en venir aux mains à propos du temps qu’ils devaient encore gaspiller à attendre. Bors, rechignant à gaspiller plus de poudre qu’il n’en fallait pour faire sauter l’Oracle, alors

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