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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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ruisselets noirs comme du soufre coulaient dans son cou. Ses yeux clignaient vers elle, de surprise et de terreur. Non, se dit-elle, tu ne regarderas pas ailleurs. Tannhauser tourna le visage du prêtre vers le sien.
    « Réponds-moi, chien. »
    Ambrosio cherchait son souffle. « Le père Gonzaga, de la congrégation de Saint-Pierre martyr.
    – Bien. Quels étaient tes ordres ?
    – De convoyer la signora jusqu’au couvent du Saint-Sépulcre à Santa Croce, pour qu’elle y soit détenue indéfiniment pour le bien de son âme immortelle.
    – Et qu’en est-il du maître de Gonzaga, Ludovico ? »
    Ce nom choqua Carla plus que tous les singuliers événements qu’elle avait endurés jusqu’ici. Elle ne l’avait pas entendu prononcer depuis treize ans. Elle attendit la réponse d’Ambrosio.
    « Je n’ai pas entendu parler de Son Éminence depuis des mois, depuis qu’il est allé à Malte. »
    Tannhauser se pencha sur le trou sanglant qui remplaçait l’oreille d’Ambrosio. « Maintenant, tu dois mourir. Et sache que si ton Dieu a vraiment créé un paradis et un enfer, Lucifer va se frotter les mains en te regardant brûler.
    – Jésus ! »
    Tannhauser inclina l’épée vivement et la plongea dans le creux de sa gorge. Ambrosio émit un hoquet bouillonnant et sa main se serra sur le dos de Tannhauser en une ultime embrassade. Tannhauser le poussa dans le carrosse et nettoya sa lame sur son habit de moine. Le sang était tenace, et il lui fallut un moment avant d’être satisfait. Pendant que Carla l’observait, comme de la fenêtre d’un rêve sombre et tourbillonnant, Tannhauser refaçonnait le monde comme un maçon ensanglanté, abattant un mur tout en élevant un nouveau. Il rengaina son épée et tira sa dague.
    « Où est votre bonne compagne Amparo ? demanda-t-il.
    – À la villa. Mes ravisseurs ignoraient son existence, je ne les en ai pas éclairés.
    – Vous avez très bien fait. »
    Elle le regarda trancher les traits de l’attelage pour en libérer le corps du cocher, et elle recula d’un pas quand il souleva le cadavre comme une balle de paille. Il le fourra dans le carrosse sur le prêtre et referma la portière. Il examina son pourpoint croisé d’or comme pour y chercher des taches. Sa satisfaction de n’en trouver aucune était celle d’un homme si habitué à ce genre de boucherie que le résultat était exactement celui auquel il s’attendait. Il essuya ses mains sur ses cuisses et débarrassa le cheval de son harnachement et de sa croupière.
    Il dit : « J’ai conclu de la conspiration montée contre nous que Ludovico est le père de votre fils.
    – Je regrette de ne pas vous l’avoir dit plus tôt. Vous auriez peut-être pu éviter cette calamité. »
    Tannhauser fit non de la tête. « La mort était déjà décidée. Quand je suis revenu de votre villa, un groupe de gens d’armes de la ville a essayé de me prendre au piège. »
    Il libéra le cheval du carrosse et le calma de mots et de caresses. Il désigna sa propre monture sur le côté de la route. Comme pour prévenir l’impression que son offre n’était que pure galanterie, et donc source d’argumentation, il dit : « S’il vous plaît, Buraq m’a porté loin aujourd’hui et il appréciera un poids plus léger. »
    Au clair de lune, l’animal apparaissait aussi blanc que lait.
    « Il semble aussi pur qu’une allégorie de la Vertu, dit-elle.
    – Je suis certain qu’il dirait la même chose de vous, s’il pouvait parler », fit Tannhauser.
    Menant le cheval par la bride, Tannhauser tint Buraq le temps que Carla relève ses jupes et monte avec aisance. Elle vit Tannhauser remarquer ses courtes bottines de cuir, et sa délectation l’électrisa. Buraq l’accepta avec calme et elle sentit immédiatement sa force et son merveilleux équilibre. Elle frissonna de joie de sa beauté, de sa noblesse, de son odeur. Elle frissonna des étoiles et de la nuit. Elle frissonna de l’homme qui se tenait auprès d’elle et qui étudiait ses jambes avec une appréciation si dénuée de timidité. Tannhauser lui tendit les rênes.
    Elle rassembla ses esprits et dit : « Vous disiez que les autorités vous attendaient ? »
    Le sourire qui était passé dans ses yeux cette après-midi réapparut. « Les forces de police de Messine vont être légèrement affaiblies pendant quelque temps. » Le sourire fantôme disparut et quelque chose de froid traversa son

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