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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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blessée, ma dame ? » demanda Tannhauser, comme si, peut-être, elle s’était tordu la cheville.
    Carla fit non de la tête. Elle regarda le cocher. Elle n’avait jamais vu un homme qu’on venait juste de tuer. « Est-ce que cet homme est mort ?
    – Aussi mort qu’une pierre, ma dame. »
    Il se tut, comme s’il attendait qu’elle tombe en pâmoison ou qu’elle l’embarrasse d’une manière quelconque. Elle ne ressentait aucune inclination pour la première hypothèse et était déterminée à éviter la seconde, mais elle n’arrivait pas à trouver quelque chose d’utile à dire. Elle regarda les cieux étoilés.
    « Quelle belle soirée », s’aventura-t-elle.
    Tannhauser contempla le ciel d’un regard cultivé. Il glissa le pistolet dans sa ceinture.
    « Effectivement, acquiesça-t-il, comme si elle avait dit quelque chose de particulièrement pertinent. Orion le Chasseur est descendu, et le Scorpion vient de se lever. Les étoiles ont tranché en notre faveur. » Il la regarda. « Mais les hommes, j’en ai peur, ne le feront pas. » Il désigna le carrosse d’un mouvement du menton. « Le prêtre est dedans ?
    – J’ai bien peur d’ignorer son nom ainsi que celui qu’il sert.
    – Il s’appelle frère Ambrosio et il sert l’Inquisition. » Il paraissait parfaitement juste qu’il sache tout cela alors qu’elle n’en savait rien. « Est-il armé ?
    – Seulement de sa foi, dit-elle.
    – Alors, il n’a rien à craindre, de l’éternité au moins. » Il désigna l’autre côté du carrosse. « Là-bas se trouve mon cheval et bon compagnon Buraq. Il se méfie des étrangers, mais laissez-le prendre votre mesure et ne montrez aucune timidité. Glissez-lui un mot affectueux, et il vous laissera le monter. Attendez-moi au pied de la colline. »
    Elle se rendit compte qu’il avait l’intention d’assassiner le prêtre, et d’un sang si froid qu’elle se demanda s’il n’était pas gelé dans ses veines. Elle le regarda et il força un sourire pour la rassurer, et elle vit qu’il était un tueur de la plus noire espèce, et que, malgré sa vaste intelligence et sa grandeur d’âme, il y avait un défaut, un vide, dans sa conscience, qui était presque aussi vaste. Elle se demanda ce qui avait créé ce vide et depuis quand il était là. Cela l’attrista, car ce qui l’avait ouvert devait lui avoir causé une très grande angoisse, et à un prix si élevé qu’il en avait oublié combien il avait payé. Elle pensa faire objection à ce meurtre, mais il entachait son âme pour elle, et elle tint sa langue. Elle n’offrirait plus jamais de faux visages. Elle n’insulterait plus cet homme du haut de sa pieuse hypocrisie. Elle embrasserait le monde dans lequel elle se trouvait désormais impliquée d’une manière si sanglante. Elle allait apprendre, enfin, à être sincère envers son moi le plus profond.
    « Je souhaite rester ici avec vous, dit-elle.
    – Je vous rejoindrai sous peu, dit-il. Il n’y a aucune raison d’avoir peur.
    – Je n’ai pas peur. Même si j’ignore comment je suis cause de ce désastre, je ne me cacherai pas de ses conséquences.
    – Peut-être ne comprenez-vous pas, dit-il, mais je vais tuer le prêtre. »
    Un bruit secoua l’intérieur du carrosse et elle se tourna pour regarder. Ambrosio était tombé à genoux, les doigts serrés en prière. Son maigre visage l’implorait d’une supplique désespérée.
    « Il rampe pour sa vie, comme la plupart, dit Tannhauser, mais si je l’épargne, il nous fera à nouveau du mal, vous avez ma parole. »
    Elle regarda Tannhauser dans les yeux. « Ne prenez pas de retard à cause de moi. »
    Tannhauser, à la fois surpris et soulagé par son flegme, se frotta la bouche d’un revers de main. « Vous êtes sûre ? »
    Elle hocha la tête. Il passa devant elle pour atteindre la portière du carrosse et étudia le prêtre.
    « Ces créatures sont comme des rats. Ils ne sortent que la nuit. »
    Le prêtre eut un mouvement de recul et Tannhauser fit tomber son chapeau de la paume de la main.
    « Qui t’a envoyé remplir cette tâche indigne et lâche ? »
    La bouche d’Ambrosio s’ouvrit et se referma. Tannhauser se pencha et posa sa main gauche comme une griffe sur son crâne tonsuré. D’un bref coup d’épée, il trancha l’oreille du prêtre. Carla tressaillit pendant qu’Ambrosio proférait sa première et piteuse réponse et que des

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