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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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enserrer Madrid.
Une ville à prendre
    Fin septembre déjà, le rapport de Voelckers à Berlin est
très optimiste. Madrid ne peut pas soutenir de siège. Elle n’a aucun stock de
vivres, aucune défense antiaérienne, aucune ligne de défense et même pas de
tranchées. Les miliciens qui la défendent sont mal armés, inexpérimentés et surtout
mal encadrés. Certes, les premières armes modernes viennent d’arriver, première
manifestation concrète de l’aide russe : l’étonnement même qu’elles
provoquent chez les miliciens prouve leur inexpérience et semble exclure l’hypothèse
qu’elles pourraient véritablement contribuer à renverser la situation. Le 28,
dans une proclamation à la radio, Largo Caballero a annoncé : « Nous avons à
notre disposition un formidable armement mécanisé. Nous avons des tanks et une
aviation puissante », et le même jour, quarante tanks russes, appuyés par l’aviation,
réussissent une percée. Pourtant, l’infanterie n’a pas suivi et la première
contre-attaque de l’armée républicaine se solde par un échec. Les chefs
militaires de Madrid sont d’ailleurs conscients de la gravité de la situation
et, semble-t-il, résignés à la chute inévitable de la capitale. Le général
Asensio, qui commande l’armée du Centre, exprime ouvertement son, pessimisme;
et le général Pozas, qui le remplace le 24 octobre, ne croit pas non plus la
défense possible. Tous deux conseillent au gouvernement de quitter la capitale
pendant qu’il est temps encore.

    Début novembre, c’est le général Mola qui, après avoir
réorganisé les troupes, prend en mains la direction de ce qui semble bien
devoir être l’assaut final ; après discussions, l’état-major rebelle a
décidé d’entrer dans Madrid par la Casa dei Campo et la Cité universitaire,
évitant ainsi la guerre de rues dans les quartiers ouvriers que Varela, au
moins, redoute. Informés de l’aide que Madrid reçoit des Russes, les généraux
rebelles décident de frapper avant que les défenseurs n’aient eu le temps de se
ressaisir. Le 4 novembre, l’aérodrome de Getafe tombe dans leurs mains, le 6,
la colone Yagüe occupe Carabanchel et la forte position du Cerro de Los Angeles.
Mola a convoqué à son quartier général le futur Conseil municipal de Madrid qui
doit entrer dans la capitale dans les fourgons de son armée. Radio-Burgos a
inauguré depuis le 4 une émission intitulée : « Les dernières heures de
Madrid ». Le 7, Franco annonce qu’il assistera le lendemain à la messe à
Madrid, le 8, les ponts de Segovie et de Tolède, sur le Manzanares, sont
atteints.
    La chute de Madrid n’est plus qu’une question d’heures :
au Conseil des ministres, Largo, Caballero impose littéralement aux communistes
et aux anarchistes réticents la décision de départ du gouvernement pour
Valence. Malgré l’unanimité affichée, bien des combattants considèrent comme
une désertion cette mesure de prudence [212] .
L’incident tragi-comique de Tarrancon [213] ne s’explique pas seulement par l’indiscipline notoire des anarchistes : l’attitude
des miliciens de la C.N.T. correspond à un état d’esprit fort répandu à Madrid,
où, plus qu’ailleurs, les ouvriers ont fait confiance au gouvernement et
accepté sa discipline. Le 9 novembre, ils le voient fuir, ses experts «
résignés » à la défaite, alors qu’aucune mobilisation de masse n’a été tentée
pour une défense à tout prix de la capitale. Dans les premiers jours de
septembre, sur 20 000 volontaires, moins de 2 000 ont été effectivement
employés aux travaux de fortifications... Aux yeux des militants, socialistes,
communistes, anarchistes, la bataille n’est pas encore perdue. La tentation de
fusiller les ministres va de pair avec la volonté de se battre jusqu’à la mort.
Le cri de la C.N.T. madrilène : « Viva Madrid sin gobierno »
(« Vive Madrid sans gouvernement ») répond, indubitablement, à un
sentiment largement répandu.
La défense de Madrid: le général Miaja et la junte
    Le gouvernement Largo Caballero, en partant, confie au général
Miaja la défense de la capitale. Auteurs et témoins ont abondamment polémiqué,
depuis, sur les causes de la désignation d’un général, jusqu’alors en retrait,
mais qui allait devenir le héros de Madrid. Officier de carrière, « cet
homme d’une soixantaine d’années, assez gras, mais d’une vivacité singulière »,
comme le décrit Simone

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