La Révolution et la Guerre d’Espagne
appelle la population à
constituer ces Comités que personne ne songe, au P.C. madrilène, à condamner
comme des « organismes illégaux » [221] .
Spontanément et à l’appel de la Junte se constituent aussi des Comités
spécialisés : Comités de ravitaillement, des communications, des
munitions, Comités de femmes pour la confection des repas collectifs ou le
blanchissage. Il n’est plus question non plus de dénoncer comme « illégales »
ou « non autorisées » les perquisitions et les arrestations faites par d’autres
que la police républicaine. Les asaltos et la garde civile sont
sommairement et brutalement épurés, plus d’une centaine de gardes civils
arrêtés en quelques jours. La plupart des organismes policiers créés dans les
derniers mois ont été transférés à Valence. Garcia Atadell et ses adjoints ont
fui à l’étranger [222] .
Les « gardes de sécurité » du 5 ème régiment, que commande
Pedro Checa, les « services spéciaux » du ministère de la Guerre,
dirigés par un collaborateur de Val, l’anarchiste Salgado, multiplient
perquisitions, arrestations, exécutions sommaires. Selon Koltsov, c’est Miguel
Martinez qui, le 6 novembre, donne l’ordre d’évacuer du Carcel modelo les
plus importants des prisonniers rebelles. Ce jour-là, les 600 détenus évacués
sont abattus sur la route d’Arganda. Selon Galindez, 400 autres connaîtront le
même sort deux jours après. Les exécutions sans jugement continueront en
novembre et décembre sous la responsabilité de Santiago Carrillo et de son
adjoint Cazorla. Le souci de ménager les étrangers n’empêchera pas ici les
autorités de la Junte de frapper jusqu’à l’intérieur des ambassades les
réfugiés et les agents de Franco [223] .
Quelle que soit l’appréciation que l’on puisse porter sur ces méthodes, il n’est
cependant pas douteux qu’elles ont atteint leur objectif : la « cinquième
colonne » [224] ne jouera pas le rôle qu’en attendaient les chefs rebelles.
Les combats de Novembre
Les combats décisifs commencent par un coup de chance pour l’armée
de Miaja. Le 9, sur le cadavre d’un officier tué dans un char rebelle, des
miliciens découvrent des papiers qui, à l’examen, se révéleront être un
exemplaire de l’ « Ordre opérationnel n° 15 », autrement dit de
l’attaque prévue par Varela pour le 7 novembre, le plan de l’assaut décisif. Le
lieutenant-colonel Rojo fait un pari victorieux. Il suppose que l’exécution du
plan du 7 novembre a été retardée et que l’ordre qu’il a entre les mains
concerne l’opération qui vient d’être déclenchée par l’armée nationaliste. En
vingt-quatre heures, les chefs républicains remanient leur dispositif pour
faire face à l’assaut principal qui va être lancé contre la Casa de Campo et
dans la Cité universitaire, alors qu’ils l’attendaient sur Vallescas... Le 8
novembre, deux tabors marocains ont enfoncé les lignes républicaines, marché
vers le Carcel modelo. Les lignes se reforment après des combats
acharnés. Dans la soirée, la 11 ème brigade internationale prend
position, le bataillon Dombrowski à Villaverde, Edgar André dans
la Cité universitaire, Commune de Paris à la Casa de Campo. Le
général Kléber prend le commandement du secteur névralgique, Casa de Campo -
Cité universitaire. L’avance de Varela est arrêtée. Le soir, républicains,
anarchistes, socialistes et communistes tiennent un meeting commun pour
célébrer l’anniversaire de la révolution russe la foule acclame le mot d’ordre
popularisé par la Pasionaria : « No pasaran ». Dans la nuit, des
renforts marchent sur Madrid. Mais au matin du 9, seul de bataillon du Campesino qui vient de la Sierra est arrivé. Les troupes de Varela redoublent leurs
attaques sur les ponts de Tolède et de la Princesse. Les avions russes
détruisent une colonne blindée italienne. Le bataillon Edgar André, qui
a subi des pertes effroyables, tient toujours dans la Cité, mais est menacé au
nord par l’avance des Marocains dans la Casa de Campo. Par un coup d’audace,
Kleber retire tous les éléments de la 11 ème brigade internationale
éparpillés en première ligne et les lance à la baïonnette contre les Maures de
Varela dans une contre-attaque désespérée sur la Casa de Campo.. Après un
combat acharné, qui dure toute la nuit, les Maures se replient. Les
Internationaux ont nettoyé la Casa de Campo, mais perdu un tiers de
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