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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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est incompétent ;
il méprise, dans son « orgueil criminel », les conseils des
spécialistes russes, entend exercer tout seul le « commandement
unique » et veut jouer au « petit Napoléon ». Protecteur du
« traître » Asensio, il s’est refusé à épurer l’Armée et, jaloux, n’a
pas voulu faire de Miaja le chef d’état-major dont l’armée populaire a besoin [257] .
    Dans cette lutte de couloirs, Largo Caballero n’a pas l’avantage.
Après Guadalajara, il propose un plan d’offensive qui avait été mis au point
par Asensio. Il s’agit d’attaquer en direction de l’Estremadure et de l’Andalousie,
de façon à couper en deux la zone franquiste le long d’une ligne
Mérida-Badajoz. La faiblesse des effectifs nationalistes dans cette région, les
sympathies et même l’appui de guérilleros que rencontrerait l’offensive
républicaine sont les arguments mis en avant pour soutenir ce projet dont le
premier résultat serait de soulager le front Nord. Mais il rencontre l’opposition
de Miaja, qui refuse de dégarnir Madrid, et des conseillers russes qui ne
croient pas possible une telle opération avec les troupes miliciennes dont on
dispose sur ce front.
    Tout président du Conseil et ministre de la Guerre qu’il est
Largo Caballero ne parvient pas à appliquer son projet d’offensive : les
Russes ne lui offrent que dix avions et Miaja refuse les transferts de troupes
nécessaires du front de Madrid. Il est clair que Largo Caballero n’a plus, sur
l’État restauré, une autorité suffisante [258] .
La montée de l’opposition révolutionnaire
    Or, à ce moment, le gouvernement doit faire face à de
nouvelles difficultés économiques et sociales, que la propagande héroïque et
cocardière ne suffit plus à faire oublier. Les usines ne tournent guère, ou au
ralenti. L’approvisionnement se fait mal. La situation est catastrophique dans
le domaine du ravitaillement. Entre juillet 36 et mars 37, le coût de la vie a
doublé, alors que les salaires n’augmentent en moyenne que de 15 %. Le
minimum que promettent les cartes de rationnement est loin d’être toujours
assuré. Il y a des queues interminables devant les boulangeries. Le marché
noir, par contre, prospère. Partout, même à Barcelone, restaurants et cabarets
fonctionnent de nouveau, mais à des prix prohibitifs. Les innombrables bureaux
qui ont remplacé les Comites sont souvent des officines de corruption. La
presse du P.O.U.M. et celle de la C.N.T.-F.A.I. sont remplies de lettres de
lecteurs posant les problèmes du coût de la vie, réclamant la fin des
privilèges et de l’inégalité. Le 14 avril à Barcelone, des femmes manifestent
contre le prix des denrées. Les organisations syndicales comme les partis ne
cessent pourtant de demander aux travailleurs toujours plus de sacrifices pour
contribuer à la victoire militaire : elles se heurtent au scepticisme et à
l’amertume.
    Au cours des premiers mois de 1937 sont ainsi créées des
conditions favorables au développement d’une opposition révolutionnaire au sein
même des organisations qui ont, à l’automne, accepté la collaboration.
    C’est le P.O.U.M., exclu le premier de la coalition
antifasciste, qui semble s’engager d’abord dans cette voie. Certes, il compte
dans ses rangs de nombreux défenseurs de la politique de collaboration. La
Batalla mène pendant plusieurs semaines une campagne pour la réintégration
du P.O.U.M. au gouvernement de la Généralité, dénonce « l’orientation
contre-révolutionnaire » dont elle voit le point de départ dans l’élimination
du P.O.U.M. Cependant les résistances à cette ligne ont été vives. Il a fallu
le renfort de Nin au côté de Companys pour obtenir la « soumission » des
poumistes de Lérida. Le journal des Jeunesses déplore franchement la
participation du parti au gouvernement. Et les événements postérieurs semblent
renforcer les tenants de la thèse de la « non-participation » : le 13
avril 1937, Juan Andrade écrit dans La Batalla que cette participation a
été « négative et même nocive ». Le projet de thèse de Nin pour le Congrès
du P.O.U.M. reste muet sur ce point décisif. La même incertitude, les mêmes
contradictions apparaissent dans la ligne politique et les mots d’ordre
immédiats. Le Comité central, en décembre, a réclamé l’élection d’une
Constituante sur la base des Comités d’ouvriers, de paysans et de soldats. Nin,
le 1 er avril,

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