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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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d’information de la part
de Staline en même temps qu’une condescendance qui froisse la susceptibilité du
dirigeant espagnol.
    Là, sans doute, se trouve la racine d’une mésentente qui va
grandir. Dans quelques mois, le « Lénine espagnol » sera dénoncé par les
communistes comme un « bureaucrate », un « cacique », un « saboteur de l’unité ».
C’est que, sur la base de cette méfiance, des désaccords réels vont apparaître.
    L’un des premiers facteurs de la détérioration des rapports
semble avoir été la résistance de Largo Caballero aux propositions faites par l’U.R.S.S.
de fusion en Espagne entre socialistes et communistes. Selon Araquistain, Largo
Caballero aurait opposé une brutale fin de non-recevoir à une telle
proposition, faite dans une nouvelle lettre de Staline apportée cette fois par
l’ambassadeur d’Espagne à Moscou, Pascua. Le vieux leader de l’U.G.T. a
pourtant été, de tous temps, le paladin de l’unité. Mais il faut admettre que l’évolution
de la J.S.U., l’adhésion au P.C de l’ancienne direction des J.S. ne constituent
pas à ses yeux un encouragement à cette politique. Surtout, il semble fort
mécontent de l’attitude de la Junte de Madrid, dont les animateurs, nous l’avons
vu, sont les hommes du P.C. et de la J.S.U. : il consacre plusieurs pages de Mis
Recuerdos à ce qu’il appelle « l’opposition ouverte » de la Junte et
de Miaja, leur volonté de réduire le gouvernement à un rôle subalterne. La
toute-puissance du P.C. à Madrid, le contrôle qu’il exerce sur l’armée de la
capitale par le triple biais du 5 e régiment, des commissaires
politiques et de corps des conseillers russes, soulèvent en lui bien des inquiétudes.
Il a l’impression qu’Alvarez del Vayo, jusque-là son fidèle lieutenant, s’est
mis aux ordres des Russes, et il le lui reproche violemment. A ses yeux, les
conseillers russes et les communistes constituent un obstacle à son autorité.
Il finit par se plaindre de l’ « ingérence » de Rosenberg dans
les affaires espagnoles et le congédie, suivant ses propres paroles « en
termes fort peu diplomatiques ». Le 21 février 1937, Rosenberg est rappelé à
Moscou [246] et remplacé par Léon Gaikiss. La crise, jusque-là reste secrète, éclate au
grand jour. Elle s’est nourrie de nombreux incidents et de développements
politiques intéressant l’ensemble des groupes de l’Espagne républicaine.
L’opposition de droite se cherche
    Indispensable pour une reconstruction de l’État en 1936,
Largo Caballero est devenu, en 1937, un obstacle pour ceux qui ne veulent pas d’une
révolution sociale et veulent faire disparaître toute empreinte révolutionnaire
de l’ « État populaire ». La rupture de l’alliance entre Largo
Caballero et les Russes leur donne une occasion. La réserve du gouvernement
français et la poursuite de la non-intervention leur offrent un argument.
    On assiste, dans le parti socialiste, à un renversement des
alliances. Au moment où les amis de Largo Caballero s’éloignent des
communistes, ceux de Prieto s’en rapprochent. L’exécutif, que dirigent Gonzalez
Peña et Lamoneda, se fait le champion de l’ « unité », signe en
février un accord pour la généralisation à tous les échelons de Comités de
liaison qui feront des deux partis ouvriers un seul bloc à l’intérieur du Front
populaire. Prieto, à cette époque, va plus loin encore, et se prononce pour la
fusion immédiate avec le parti communiste [247] .
C’est que les raisons mêmes qui éloignent du P.C. Largo Caballero ne peuvent qu’en
rapprocher Prieto. Les communistes et les socialistes de droite sont en effet d’accord
pour la restauration de l’État, pour l’organisation d’une armée régulière,
contre les collectivisations, pour la défense des classes moyennes, contre l’intervention
des syndicats et pour l’arrêt de la révolution. Les uns et les autres situent
le conflit, non sur le terrain d’une guerre de classes, mais à l’échelle
internationale, comme un conflit entre démocratie et fascisme. L’évolution de
la J.S.U., inquiétante pour Largo Caballero, est rassurante pour Prieto ;
à son Congrès de Valence, en janvier 37, Santiago Carrillo se fait le champion
de l’ « unité nationale », prêche le renoncement à tout objectif
socialiste immédiat : la coalition qu’il propose contre les trois ennemis,
Franco, les « trotskystes » et les

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