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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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traduit : « Congrès des syndicats ouvriers,
des organisations paysannes et des organisations de combattants ». Le 4,
Andrade oppose aux syndicats les Comités élus par la base, et, dans une série d’articles
dans La Batalla en avril, reprend le mot d’ordre des Comités et Conseils
dont il fait la forme espagnole du soviet. D’ailleurs, les attaques dont le
P.O.U.M. est l’objet de la part du P.C. et du P.S.U.C., la persécution, dirigée
contre lui par de nombreuses autorités locales, l’action de la censure ne lui
laissent guère de choix. Il est rejeté définitivement de la coalition. De plus
en plus nettement, il s’oriente vers une ligne d’opposition révolutionnaire,
dénonçant les résultats d’une coalition antifasciste qui se transforme en Union
sacrée, l’arrêt et le recul de la révolution, « les agissements
contre-révolutionnaires du P.C. et du P.S.U.C. ». Le P.O.U.M. toujours désireux
avant tout de ne pas s’isoler de la direction comme des militants de la C.N.T.
s’efforce de les convaincre d’organiser avec lui, contre le bloc modéré, un
Front uni révolutionnaire pour la défense du mouvement ouvrier et des conquêtes
de la révolution.
    L’action de son organisation de jeunesse, la Juventud
comunista iberica, est exempte de ces indécisions et de ces ambiguïtés. La
J.C.I. se prononce nettement, dans une campagne systématique [259] , pour la
dissolution du Parlement et pour une Assemblée constituante élue sur la base
des Comités d’usine, des assemblées de paysans et de combattants. Contrairement
à Nin, elle affirme, que c’est à l’organisation de tels Comités, de type
« soviet », que doivent se consacrer les révolutionnaires. Elle
propose l’organisation d’un Front de la Jeunesse révolutionnaire pour la
victoire dans la guerre et la révolution.
    C’est indépendamment du P.O.U.M. que se développe dans la
C.N.T. un courant d’opposition révolutionnaire. A Barcelone, un groupe de
militants hostiles à la militarisation des milices s’est organisé sous l’étiquette
des « Amis de Durruti », qui publient le journal El Amigo del Pueblo. Dans
un tract diffusé en mars 1937, ils font ce qui est à leurs yeux un bilan :
« Huit mois de guerre et de révolution ont passé. Nous constatons avec une
profonde douleur les échancrures qui s’accusent dans la trajectoire de la
révolution... Il s’était créé un Comité antifasciste, des Comités de quartier,
des Patrouilles de contrôle et, après huit mois, il n’en reste rien.» Leur
position sur la guerre et la révolution rejoint celle du P.O.U.M. et de la
J.C.I. : « La guerre et la révolution sont deux aspects qu’on ne peut
séparer. En aucun cas, nous ne pouvons tolérer que la révolution soit ajournée
à la fin du conflit militaire.» Au printemps de 1937, de nombreux organismes
locaux de la C.N.T. et de la F.A.I. reprennent ces thèmes, qui se retrouvent un
peu partout dans leur presse, jusque dans La Noche, le quotidien du soir
de la C.N.T. de Barcelone, sous la plume de Balius, animateur des « Amis de
Durruti » [260] .
    La grande faiblesse de cette opposition est de n’avoir avec
elle aucun dirigeant espagnol de premier plan. Santillan se tait. C’est un
étranger, l’Italien Berneri [261] qui fait figure de théoricien et d’inspirateur de la tendance révolutionnaire.
Dans son hebdomadaire de langue italienne, Guerra di Classe, il
polémique, dès le 5 novembre 1936, contre les partisans du « vaincre Franco d’abord »
: « Gagner la guerre est nécessaire ; cependant on ne gagnera pas la
guerre en restreignant le problème aux conditions strictement militaires de la
victoire, mais en les liant aux conditions politiques et sociales de la victoire. »
Vieil émigré, à l’horizon et à la culture plus vastes que ses camarades
espagnols, il a dénoncé les procès de Moscou et établi un rapport entre la
politique générale de Staline et l’attitude du P.C., « légion étrangère de la
démocratie et du libéralisme espagnols » [262] . A ses amis de
la C.N.T.-F.A.I. à qui il reproche leur « naïveté politique », il demande
pourtant de veiller : « L’ombre de Noske [263] se dessine... Le
fascisme monarchiste-catholique-traditionaliste n’est qu’un des secteurs de la
contre-révolution... Le seul dilemme est celui-ci : ou la victoire sur
Franco grâce à la guerre révolutionnaire, ou la défaite. »
    Cette opposition sans chefs a pourtant des

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