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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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« incontrôlables »,
répond au désir des modérés de lutter dans la République contre les
« extrémistes ».
    Les républicains, eux aussi, se félicitent de cette
évolution : la « révolution bolchevik » n’est plus qu’un épouvantail
du passé, les communistes ont gagné leurs galons d’organisation
« respectable ». A Madrid, les Jeunesses républicaines fondent avec
la J.S.U. une « alliance » permanente. Les républicains espèrent,
avec la normalisation, une médiation des puissances. Carlos Espla et d’autres
dirigeants préparent un voyage en France, Azaña enverra Resteiro à Londres [248] . Le plan de
réconciliation de Martinez Barrio est repris et rajeuni : on parle d’une Junte
militaire sous le général Miaja qui obtiendrait l’appui de Londres pour une
paix de compromis [249] .
Rien de tout cela n’est encore très cohérent, ni organisé. La coalition
antifasciste craque de tous côtés, mais il faudra qu’éclatent bien des
incidents pour que se dessine un nouvel alignement des forces.
La chute de Malaga : coalition générale contre Largo
Caballero
    La première bataille publique n’est pas menée contre Largo
Caballero, trop populaire encore pour être attaqué de front. Depuis la bataille
de Madrid, les adversaires du gouvernement concentrent leurs attaques sur son
homme de confiance, le général José Asensio. « Grand et fort, jeune d’allure,
intelligent, bon militaire, démagogue... et un peu intrigant, audacieux,
aventureux, ambitieux » [250] ,
cet officier de carrière républicain qui avait endossé la « mono des
milices » et combattu à Malaga puis à Somosierra, fait connaissance de
Largo Caballero pendant l’été 1936, sur le front de la Sierra. Il est devenu
son sous-secrétaire d’État à la Guerre. Dans ces fonctions, depuis septembre
36, il a joué un rôle éminent dans l’organisation de l’armée populaire et dans
la conduite des opérations militaires et s’est déjà, à plusieurs reprises,
heurté aux communistes, qui mènent contre lui une campagne systématique,
discrète, mais efficace, de dénigrement à laquelle s’associe la C.N.T. [251] .
    La dramatique chute de Malaga, le 8 février, sera l’occasion
de l’attaque publique contre lui. Assiégée depuis l’été 36, la cité andalouse n’a
jamais reçu les renforts, ni surtout les armes et le matériel qu’elle
demandait. Communistes et anarchistes s’y sont affrontés les armes à la main.
Lors du débarquement des troupes italiennes qui vont la prendre, la flotte
républicaine, ancrée à Carthagène, ne bouge pas. Quand le danger se précise,
Valence ne prend aucune mesure. N’avait-on pas, à ce moment-là, le moyen de
sauver Malaga sans dégarnir Madrid ? C’est l’hypothèse la plus probable. En
tout cas, dans Malaga abandonnée, divisée, férocement bombardée, défendue sans
conviction par des officiers qui ne sont pas maîtres de leurs troupes, le moral
lâche : les miliciens, pris de panique, s’enfuient sur les routes
encombrées de réfugiés, souvent à la suite de leurs chefs [252] . La chute de la
ville, le ralliement aux nationalistes, au dernier moment, d’unités de gardes
et d’ asaltos, la répression terrible qui s’abat dès l’entrée des
vainqueurs, produisent une impression profonde. Le 14, à Valence, un immense
cortège commun C.N.T.-U.G.T. rassemble des centaines de milliers de
manifestants, réclamant la mobilisation générale, l’épuration du corps des
officiers, la réalisation effective du commandement unique. Largo Caballero
approuve les mots d’ordre lancés, mobilise. Cependant, la presse communiste
dénonce en Asensio le responsable de la défaite. Les républicains, les
socialistes de droite, la C.N.T., se joignent à sa campagne : tous les
partis de la coalition antifasciste exigent le départ du sous-secrétaire d’État.
Largo Caballero, qui lui garde toute sa confiance, lutte jusqu’au bout pour le
conserver auprès de lui et « pleure des larmes de rage » quand il se
voit battu : le 21 février, Asensio démissionne [253] . C’est, pour le
Président, une défaite personnelle.
    Largo Caballero remplace son collaborateur par un autre de
ses fidèles, Carlos de Baraibar [254] .
Comme le journal Politica, de la gauche républicaine, critique cette
nomination, le président du gouvernement répond personnellement au journal,
puis, dans un long article, attaque, sans nommer personne, les espions et les
agents

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