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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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police aurait déchiffré
un message à l’encre sympathique désignant « N » contre un agent sûr.
« N », c’est bien entendu Nin. Jesus Hernandez affirme que les
dirigeants du P.C. furent exaspérés par la grossièreté de ce faux inutilisable.
Miravittles déclare publiquement que le document est si évidemment faux que
personne n’osera l’utiliser. Cette « preuve » sert pourtant à
justifier l’arrestation.
    Le 29 juillet une note d’Irujo, ministre de la Justice
annonce le renvoi devant les tribunaux pour espionnage et haute trahison de
Gorkin, Andrade, Bonet et sept autres dirigeants du P.O.U.M., aux côtés du
phalangiste Golfin : la technique de l’ « amalgame », éprouvée
dans les procès de Moscou, continue à être de règle. La note précise :
    « Il y a dans la cause de nombreux documents trouvés
dans les locaux du P.O.U.M.: clefs, codes télégraphiques, documents, ayant
trait au trafic d’armes, contrebande d’argent et d’objets de valeur, différents
périodiques provenant de diverses capitales, communications d’éléments
étrangers faisant allusion à des entrevues ayant eu lieu à l’intérieur du
territoire loyal ou en dehors de celui-ci, participation d’éléments étrangers à
des préliminaires d’espionnage et au mouvement subversif de mai. » Mais, répondant
aux questions de la commission Maxton, Irujo déclare qu’il n’y a « aucune
preuve d’espionnage contre aucun dirigeant du P.O.U.M. », et que « le
document N est sans valeur ». Pour lui le P.O.U.M. répondra devant le tribunal
de « son geste révolutionnaire contre la République ». Prieto partage
ce point de vue d’un procès politique : « La République doit se
défendre contre ceux qui veulent la révolution à tout prix, alors que ce n’est
pas le moment en Espagne. » Seul, le parti communiste – qui ne peut
accepter de reconnaître qu’on persécute des révolutionnaires – continue à
parler d’ « espions » et de « fascistes ». Le juge d’instruction
le suit puisque son rapport déclare : « Les accusés s’étant mis d’accord
avec des individus appartenant à la Gestapo allemande qui jusqu’à présent, n’ont
pas encore été présentés ( sic )ont réalisé au cours du mois de
mai à Barcelone, dans le but de troubler l’action du gouvernement, des actes
hostiles à caractère secret, ainsi qu’un soulèvement de type militaire. »
Le 13 novembre, devant le Comité central du P.C., José Diaz demande, puisque la
trahison du P.O.U.M. est « prouvée », que « le peloton d’exécution
fonctionne pour en finir avec les traîtres et les terroristes » [288] .
    Cependant, lors du procès, en octobre 1938, l’accusation de l’espionnage n’est pas retenue. Andrade, Gorkin, Bonet, Guironella, sont
condamnés à quinze ans de prison pour avoir tenté de renverser l’ordre
établi » [289] .
Le P.O.U.M. et la J.C.I. sont dissous. En fait, dès avant cette date, l’arrestation
des membres de Comité exécutif en juin, puis, à l’automne, de leurs remplaçants
Rodes, Farré, Solano, Pelegrin, a décapité le P.O.U.M., direction, potentielle
de l’opposition révolutionnaire : somme toute, l’objectif visé a été
atteint.
L’assassinat d’Andrès Nin
    Le procès du P.O.U.M. ne sera pourtant pas la suite des
procès de Moscou : l’affaire est montée suivant les mêmes méthodes, faux
policier, « amalgame » avec un fasciste authentique, accusation d’espionnage.
Mais à ce mécanisme il manque une pièce de taille, les aveux, élément essentiel
de la réussite des opérations de ce type. Il semble bien que ce soit la
résistance d’Andrès Nin qui ait entraîné l’échec final d’une entreprise
destinée à démontrer qu’en Espagne, comme en Russie les « trotskystes »,
adversaires du régime stalinien, étalent au service de Hitler, Mussolini,
Franco.
    Andrès Nin est arrêté, nous l’avons vu, le 16 juin, en même
temps que ses camarades. Mais son nom ne figure pas sur la liste des dirigeants
du. P.O.U.M. renvoyés devant le tribunal le 29 juillet. Depuis quelque temps
déjà le bruit circule qu’il a été, après son arrestation, remis à des policiers
communistes, transféré dans un préventorium de la région de Madrid et, là,
assassiné. La première, Federica Montseny pose la question : « Qu’avez-vous
fait de Nin ? » Le gouvernement répond : « Nin a été arrêté, il
est détenu.» Mais, de

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