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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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l’assassinat,
au cours des Journées de mai, de Berneri et d’Alfredo Martinez, il est clair qu’une
« police » parallèle fait la chasse aux adversaires les plus redoutés de
Staline, espagnols ou étrangers. La N.K.V.D. a, en Espagne, son réseau, dont on
finit par connaître les chefs et les prisons, mais qui jouit d’une totale
liberté d’action, La restauration de l’État a supprimé les « tchékas » des
partis, des syndicats et des comités, mais la nouvelle légalité s’accommode de
l’existence de cette toute-puissante police secrète.
    Dispersés, après la dissolution des colonnes du P.O.U.M.,
isolés, sans travail, les révolutionnaires étrangers antistaliniens sont une
proie facile pour les services de Pedro et d’Orlov, qui poursuivent
implacablement l’épuration annoncée par la Pravda .Pour un Georges
Kopp, socialiste belge que la presse communiste présentera quelque temps comme
l’espion n° 1 mais que la campagne de la presse socialiste étrangère fera
libérer [292] ,
ses victimes sont nombreuses. Bob Smilie, délégué des jeunes de l’I.L.P., meurt
en prison à Valence, d’une appendicite suspecte. D’autres disparaissent sans
laisser de trace : Kurt Landau, militant autrichien, ancien secrétaire de
l’opposition de gauche internationale, solidaire du P.O.U.M. contre Trotsky, le
jeune socialiste russe Marc Rhein [293] ,
le trotskyste polonais Freund, dit Moulin, le trotskyste tchèque Erwin Wolff,
ancien secrétaire de Trotsky [294] ,
José Robles, ancien professeur à l’Université John Hopkins et ancien secrétaire
du général Goriev [295] .
En dehors des prisons « privées », les prisons d’État sont elles
aussi remplies d’antifascistes, en majorité étrangers. La commission d’enquête
dirigée par Félicien Challaye et l’Anglais Mc Govern a la stupeur de se voir
accueillie, au Carcel modelo de Barcelone, en novembre 1937, par l’Internationale,
que chantent cinq cents détenus. Il faudra une intervention personnelle de
Manuel de Irujo et une amélioration du régime pénitentiaire pour arrêter, à
Barcelone, la grève de la faim que font les détenus antifascistes animés par la
femme de Landau.
La dissolution du Conseil de défense d’Aragon
    Les gens du P.O.U.M. et les communistes antistaliniens ne
sont pas les seuls visés par le « gouvernement » de la victoire ». Il
apparaît très vite que le Conseil de défense d’Aragon ne pourra pas préserver
la quasi-autonomie dont il a joui sous le gouvernement de Largo Caballero, et
qui en fait le bastion des extrémistes de la C.N.T. et de la F.A.I. Son
président, Joaquin Ascaso, et accusé d’avoir été l’inspirateur de l’action de
certains éléments irréductibles pendant les Journées de mai. Sa liquidation, et
celle des collectivités aragonaises, devient une nécessité pour un gouvernement
désireux de prouver qu’il assure l’ordre et respecte la propriété. Elles seront
un gage donné à tous les éléments républicains modérés en même temps qu’un coup
porté aux révolutionnaires de la C.N.T.
    La campagne est habilement menée. Le 19 juillet, dans une
allocution radiodiffusée, Joaquin Ascaso accuse le gouvernement d’abandonner
systématiquement le front d’Aragon et de refuser toute aide au Conseil,
constitué pourtant de représentants de tous les partis et syndicats, P.C.,
J.S.U. et U.G.T. compris. C’est que, effectivement, socialistes, communistes et
républicains ne sont encore jamais parvenus à organiser, de l’intérieur, une opposition
sérieuse à la direction de la C.N.T. qui domine totalement le Conseil. Mais
avec la constitution du gouvernement Negrin, les conditions changent et il leur
devient possible de compter sur une aide extérieure. Le journal communiste Frente
rojo, le 31 juillet, lance les premières accusations contre « les
extrémistes... de certaines organisations... en liaison avec la cinquième
colonne ». Quelques jours après se tient à Barbastro une assemblée de
représentants des partis et syndicats aragonais hostiles à la domination de la
C.N.T. à travers le Conseil : parti républicain, parti communiste et
U.G.T., au nom du Front populaire, réclament la dissolution du Conseil à cause
de sa politique « équivoque et contraire aux intérêts de l’économie de la
région », demandent au gouvernement d’envoyer un « gouverneur
fédéral », pour le représenter. Le 10 août paraît le décret de dissolution
du

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