La Révolution et la Guerre d’Espagne
renseignements. » L’arrivée de
ces cadres et sans doute de quelques renforts, dans le courant de janvier 37,
explique les remerciements adressés par Franco à Rome et à Berlin.
Les officiers dont il est question ici serviront dans les
unités espagnoles. Mais la plupart des techniciens allemands sont groupés dans
une formation particulière, la « légion Condor ». Organisée à partir
de novembre 36, lorsque la résistance républicaine se fait plus intense, elle
est née de la présence, avant cette date, d’un groupe de techniciens,
comprenant en particulier des spécialistes d’artillerie anti-aérienne, et des
aviateurs. Berlin a accepté d’envoyer du personnel, mais posé des conditions
impératives : les formations allemandes seront placées sous la direction d’un
chef allemand, seul conseiller de Franco en ce qui les concerne. Un
commandement allemand s’installe effectivement à l’hôtel Maria-Christina à
Séville, sous la direction du colonel Warlimont. Ainsi se constitue cette force
efficace dont l’essentiel est constitué par l’aviation : un groupe de
bombardiers, un groupe de chasse, une escadrille renforcée de reconnaissance.
Trois régiments de D. C. A., plusieurs unités de transmission et quelques
détachements de l’armée de terre et de la marine, quatre compagnies de tanks
comprenant chacune douze chars et une compagnie de détecteurs, y sont adjoints.
Le commandement est exercé par des aviateurs : Sperrle, puis Von
Richthofen.
Le recrutement en est soigneusement organisé. Il existe à
Berlin un état-major W…, dont le chef est le général d’aviation Wilberg. Les
hommes de la légion Condor ont été certainement désignés d’office, mais les avantages
qui leur sont accordés, une forte solde et l’attrait de l’aventure ont souvent
représenté pour eux un argument déterminant. L’aviateur Galland raconte comment
il a été choisi pour l’Espagne, comme beaucoup de ses camarades qui
disparaissaient brusquement pendant une période de six mois. Il est convoqué au
bureau W…, qui se charge d’organiser le départ des « volontaires » et
fournit les vêtements civils, les papiers et l’argent nécessaire. Les aviateurs
partent sous le paisible aspect de touristes envoyés en congés payés par l’organisation
« Le Travail par la Joie ». Leur adresse postale reste Berlin.
Désigné d’office, Galland n’en est pas moins satisfait de son sort et semble
trouver fort intéressant de participer à la guerre espagnole. Arrivé en Espagne,
de nouveau en tenue militaire dans un uniforme brun-olive, il est enfin
incorporé dans la légion Condor. Avec son groupe de chasse, il se déplacera d’un
front à l’autre au gré des combats, toujours là où le danger est le plus
précis : les aviateurs allemands se sont eux-mêmes surnommés « les
pompiers de Franco ». Le Caudillo a d’ailleurs reconnu la valeur de leur
aide ; il la soulignera en particulier dans un discours adressé au dernier
commandant de la légion Condor, Von Richthofen, à l’occasion de son défilé d’adieu.
L’efficacité de cet appui, bien qu’il soit moins important que celui de l’Italie,
s’explique notamment par l’organisation parfaite qui a présidé à cette
entreprise et par la valeur du matériel allemand mis au service de l’armée
nationaliste.
La guerre d’Espagne a en effet permis de vérifier l’efficacité
de ce matériel. L’aide en armement fourni par l’Allemagne dépasse évidemment de
beaucoup l’équipement de la légion Condor. En fait, une grande partie du
matériel dont disposent les nationalistes est d’origine allemande. Franco a, à
Berlin, un homme de confiance chargé de donner, avant même la reconnaissance du
gouvernement nationaliste, tous les détails nécessaires sur les besoins en
armes et en munitions de l’armée franquiste. Le matériel arrive d’abord par les
ports de Galice ou du Sud contrôlés par les nationalistes ou bien par le
Portugal, où sont signalés le 22 août 36 les vapeurs Kamerun et Wigbert. Après la proclamation de l’embargo sur les armes destinées à l’Espagne, il
est même question de les faire passer par la Hollande. Mais ces détours sont
bien compliqués alors que le gouvernement allemand a été averti de l’urgence
des besoins nationalistes : « C’est la supériorité du matériel qui
emportera la décision », écrit Vœlckers dès septembre 36. Aussi les
transports de munitions
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