La Révolution et la Guerre d’Espagne
prendront-ils une voie plus directe. Si, d’après le
général Sperrle, il n’y a encore en novembre 36 qu’une escadrille de
bombardiers Junker 52 une de chasseurs Heinkel 51, une d’hydravions Heinkel et
une batterie de canons de 88, anti-aérienne, par la suite viennent s’y ajouter
des groupes d’aviation – quatre escadrilles de douze avions de bombardement, un
groupe égal de chasse, douze appareils de reconnaissance -, des compagnies du
génie, des batteries lourdes anti-aériennes, des trains de projecteurs…
Cette force très utile sans doute dans les premiers mois de
la guerre, devient insuffisante lorsque le matériel russe commence à son tour à
arriver chez les républicains. Les premiers avions allemands sont lents et les
combats de la guerre d’Espagne font apparaître leurs défauts en comparaison
avec les appareils russes, ou même avec les Savoïa-Marchetti italiens.
Cependant, peu de temps après l’arrivée de Galland en Espagne, au début de mai
37, de nouveaux appareils arrivent d’Allemagne. Les bombardiers sont les
Heinkel 111 et les Dornier 17, les chasseurs, qui assureront à l’aviation
franquiste une totale supériorité aérienne, sont les plus rapides et les plus
maniables des avions utilisés pendant le conflit, les Messerschmitt 109, qui
réapparaîtront au cours des campagnes de Pologne et de France.
La Hisma
Matériel et munitions allemands continuent à être expédiés
vers l’Espagne pendant toute la durée de la guerre, sauf pendant la courte
période de la crise tchécoslovaque de septembre-octobre 38. Une véritable
entreprise commerciale a été montée par les Allemands, qui ne négligent pas de
donner à l’affaire espagnole une certaine rentabilité. Certes, c’est Hitler qui
dirige personnellement les opérations et prend les décisions importantes, comme
le fit Mussolini en Italie. Mais, une fois les ordres donnés, leur exécution
est aux mains de l’organisation pour l’étranger, l’Auslandsorganisation. L’amiral
Canaris, chef de l’Abwehr, c’est-à-dire des services de renseignement
allemands, en assume la direction : mais c’est un membre de l’organisation,
Johannes Bernhardt, homme d’affaires résidant au Maroc, qui joue en Espagne le
principal rôle. Bernhardt a créé, pour faciliter l’aide de l’Allemagne à
Franco, une compagnie de transports, la Hispano-Marroqui de Transportes (en
abrégé, Hisma Limited), dont la première opération, le 2 août, est un
transport de troupes marocaines en Espagne.
A la Hisma fonctionnant en Espagne correspond une compagnie
d’exportation installée en Allemagne, avec le concours du général Gœring [339] , la Rowak. L’installation
du tandem Hisma-Rowak permet d’éviter la multiplicité des transactions et les
déplacements trop voyants des représentants de Franco et de Mola à Berlin.
Désormais toute expédition de matériel passera par ces compagnies. La Hisma en
particulier achemine le matériel de guerre déchargé à Lisbonne ou dans les
ports nationalistes. Mais le trafic dépasse bientôt le cadre d’une simple
expédition de matériel, et la firme ne cesse de se développer. En octobre 36,
Von Jagwitz, l’homme de confiance de Gœring, qui dirige la Rowak pour le compte
de l’Auslandsorganisation, installe ses bureaux dans douze pièces de la Columbus
Haus, à Berlin. Une flotte est désormais à la disposition de l’organisation.
La puissance de cette entreprise et l’autorité réelle dont
dispose Bernhardt tant à Berlin que dans les milieux nationalistes ont permis
en fait au représentant de la Hisma d’agir pour le mieux des intérêts allemands
en Espagne. Un des soucis les plus constants du gouvernement de Berlin est en
effet de faire reconnaître par Franco les dettes que Burgos devra payer. Dès
octobre 37, Stohrer évalue les dépenses ou pertes en argent subies par l’Allemagne
jusqu’alors, afin d’en présenter la note au gouvernement nationaliste :
« Les dommages subis par les Allemands sont évalués à 90 millions de
marks, plus un découvert pour fournitures à l’Espagne de 70 millions de
marks. » Vers la fin de la guerre, le sous-secrétaire Weizsäcker fait de
nouveau le compte des dépenses engagées : il ne s’agit plus ici de
dommages subis par des particuliers, mais bien des frais d’entretien de la
légion Condor jusqu’en novembre 38 ; d’une part les dépenses de personnel,
75 millions de reichsmarks, d’autre part les frais
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