La Révolution et la Guerre d’Espagne
de matériel et d’équipement,
beaucoup plus importants, puisqu’ils se montent à plus de 190 millions de
reichsmarks ; il faut croire que cette évaluation est encore très
au-dessous de la réalité, puisque une note de Sabath déclare que les dépenses
totales se montent il 500 millions de reichsmarks [340] .
Ce que demande Berlin n’est pour le moment qu’une
reconnaissance de dettes. Les Allemands entendent se faire payer, mais pas
forcément en argent. L’Espagne nationaliste est d’ailleurs incapable en 1939 de
rendre les sommes dues à l’Italie et à l’Allemagne. Tout ce qu’elle peut faire
– et elle le fera à l’égard de Berlin -, c’est d’accepter le principe d’un
remboursement par annuités. Il est remarquable à cet égard que l’Allemagne ait
obtenu plus complète satisfaction que l’Italie.
En réalité, les prétentions de Berlin sont à la fois plus
vagues et plus larges. Il s’agit de la « restauration du germanisme en
Espagne ». Une note de Stôhrer, du 14 avril 1939, fait le bilan de la
pénétration allemande en Espagne : accord de police, accord culturel de
janvier 39, qui assure aux deux parties contractantes des avantages
considérables, création d’instituts culturels bénéficiant d’allégements
fiscaux, d’écoles allemandes en Espagne qui pourront délivrer des diplômes au
même titre que les écoles supérieures en Allemagne, coopération culturelle
assurée par des échanges d’étudiants, de professeurs et d’assistants,
communication d’émissions radiophoniques, de films, mais aussi assurance que
certaines œuvres littéraires proscrites pour des raisons politiques dans chacun
des pays le seront dans l’autre.
Il faut placer également dans ce bilan positif la promesse d’un
traitement préférentiel accordé aux Allemands rentrant en Espagne pour
reprendre leur travail, le traité d’amitié germano-espagnol sur lequel nous
aurons l’occasion de revenir et l’adhésion de l’Espagne au pacte Antikomintern,
qui est un succès commun pour l’Italie et l’Allemagne.
Economiquement, il n’y a, pendant la durée de la guerre,
aucun traité qui réglemente les échanges entre l’Espagne et l’Allemagne. Le
seul accord existant expire fin 36 et n’est reconduit que pour une année.
Dans ces conditions, toutes les négociations qui auront lieu
se feront à partir d’un seul texte, de portée et d’interprétation très
générale : le protocole du 15 juillet 37. Celui-ci, signé par l’ambassadeur
Faupel et le ministre Jordana, expose que « les deux gouvernements ont le
réel désir de s’aider mutuellement dans la fourniture des matières premières,
des produits d’alimentation et des objets manufacturés et semi-manufacturés
présentant un intérêt particulier pour le pays importateur. De même, chacun des
deux gouvernements tiendra compte le plus possible des intérêts de l’autre
partie en matière d’exportation ». Tout cela reste très vague. L’Espagne
pense surtout à équilibrer sa balance des paiements par l’exportation de
produits agricoles vers l’Allemagne.
Les accords miniers germano-franquistes
Mais le problème auquel Berlin accorde le plus d’importance
est celui des sociétés minières à capitaux germaniques en Espagne, qui doivent
permettre d’envoyer en Allemagne des matières premières essentielles pour son
industrie de guerre. Des le début de la guerre civile, les Allemands se sont
intéressés aux ressources minières, cuivre, wolfram, bronze, d’Espagne et du
Maroc espagnol. En janvier 37, on signale que les mines de fer de Zeghenghen,
près de Melilla, sont exploitées par un personnel allemand. L’occupation des
mines de cuivre du Rio-Tinto, puis la conquête des Asturies font de l’utilisation
du minerai espagnole principal souci des autorités allemandes en Espagne.
Le 20 janvier, Faupel écrit que promesse a été faite à la
Compagnie Hisma qu’elle pourrait recevoir jusqu’à 60 % de la production des
mines de cuivre du Rio-Tinto. Et, au début de l’année 38, Bernhardt,
établissant un bilan des exportations minières vers l’Allemagne au cours de l’année
passée, indique que plus de deux millions et demi de tonnes ont été expédiées,
dont 1 600 000 tonnes de fer, venant en partie déjà de Bilbao [341] . Ces chiffres
sont considérables ; cependant, pour être certain de les maintenir, Berlin
n’a pas seulement besoin d’une promesse espagnole
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