La Révolution et la Guerre d’Espagne
d’exportation, mais d’un
contrôle de la production par les Allemands eux-mêmes. C’est dans ce but que
Bernhardt est chargé de négocier, pour le compte de la Hisma, la création et le
contrôle financier de sociétés d’exploitations minières.
Cependant, cette fois, la pénétration économique allemande
se heurte à une résistance sérieuse. L’obstacle est un décret du 9 octobre 37,
pris sous l’influence d’un groupe de techniciens et de financiers espagnols [342] . Ce décret
annule les concessions minières consenties depuis le début de la guerre civile.
Officiellement, le but est de dénoncer les concessions qui auraient pu être
faites par les autorités de Valence. En réalité, l’Allemagne est directement
visée : la loi n’autorise pas les étrangers à détenir une participation
financière de plus de 30 % dans les sociétés minières. Peut-être faut-il
rapprocher cette décision des efforts faits à la même époque par les pays
anglo-saxons pour se rapprocher de l’Espagne nationaliste (l’Angleterre
recevait avant la guerre la plus grande partie des minerais espagnols).
L’Allemagne fait alors appel aux sentiments d’amitié des
nationalistes. Nous sommes engagés, dit Bernhardt dans son rapport, « dans
une guerre économique » ; nous sommes « en droit d’attendre de l’Espagne
des fournitures immédiates » [343] .
Le but à atteindre est la création d’une société privée Hisma-Montana, chargée
d’acquérir tout ou partie des actions de sociétés minières, dont l’Allemagne
contrôlera ainsi l’exploitation. « Nous devons, dit Bernhardt, mettre
notre influence diplomatique, militaire et culturelle au service du seul but à
atteindre, notre emprise économique. »
Dès le 12 octobre 37, les fonctionnaires de la Hisma
protestent contre le décret sur les compagnies minières. C’est le début d’une
série de démarches diplomatiques destinées à obtenir dans ces entreprises une
participation au moins égale à 50 % ; c’est une première entrevue, le 20
octobre, entre Jordana et deux délégués de la Hisma, Pasch et
Klingenberg ; les Espagnols repoussent « l’égalité de traitement
réciproque », demandée par les Allemands. Un entretien a lieu le 3
novembre 37 entre Bernhardt et le secrétaire général Nicolas Franco : deux
apaisements sont donnés : d’abord la promesse du gouvernement de Burgos
que les demandes formulées par la Hisma seront examinées dès la formation d’un
véritable gouvernement [344] ;
ensuite le conseil d’adresser dans l’immédiat une requête à la Junte de Burgos pour
obtenir l’autorisation de poursuivre les travaux miniers en cours d’exécution ;
cette requête sera d’ailleurs favorablement reçue.
Mais les relations germano-espagnoles sont entrées à ce
moment dans une phase difficile. Il est impossible, même à l’ambassadeur
Stöhrer, d’obtenir des promesses fermes du généralissime. Par ailleurs des
difficultés sont créées à l’entrée des marchandises allemandes en Espagne [345] , des permis d’importation
sont refusés. Gœring, partisan de la manière forte, parle alors d’envoyer
Jagwitz à Salamanque afin de « braquer le pistolet sur la poitrine de
Franco »… En fait, ce que Berlin n’a pu obtenir dans l’immédiat la
prolongation de la guerre et les besoins de Franco en matériel vont, lui
permettre de l’acquérir à terme.
Les négociations sont menées désormais simultanément par
Bernhardt, au nom de la Hisma-Rowak, et par le nouvel ambassadeur Von Stöhrer,
préparé par son passé à un tel emploi, homme brillant, mais dans la tradition
des diplomates conspirateurs [346] .
La démarche commune qu’ils effectuent le 20 décembre auprès du généralissime
prouve que « Hisma et représentation du Reich ne font qu’un » [347] . L’attitude de
Franco au cours de cet entretien n’est pas très encourageante : « Je
me suis étonné, dit-il, que la Hisma, que j’ai chargée de réglementer le
commerce et les paiements, cherche également à acquérir et acquière secrètement
des droits miniers. » Il admet néanmoins la formation d’une commission
mixte qui étudie les cas particuliers. Enfin, une nouvelle législation sur les
mines donne satisfaction aux Allemands en juin 38. La participation étrangère
en capital dans les sociétés minières espagnoles est fixée à 40 % maximum, et l’éventualité
d’une augmentation de ce pourcentage
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