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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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« Les troupes manquent d’élan »,
ont « tendance à surestimer l’adversaire. » Il convient de créer
« un état d’exaltation » en leur montrant que leurs ennemis sont
« les frères de ceux que les escouades fascistes ont rossés sur les routes
d’Italie ». Mais, quelques jours plus tard, la situation s’est encore
détériorée. Des « chemises noires » se blessent volontairement, d’autres
désertent. « Même les troupes les meilleures et les plus braves ont des
poltrons dans leurs rangs. » Il est trop tard pour arrêter la fuite. Le
commandement Italien demande lui-même à Franco de relever le C. T. V.
    Cette défaite, après les vantardises des dirigeants
italiens, a provoqué les plaisanteries de leurs alliés ; les Allemands de
Salamanque disent que, tout juifs et communistes qu’ils soient, les hommes de
la 11 e brigade se battent comme des Allemands et savent rosser les
Italiens. Les hommes de Moscardo les chansonnent :
    Guadalajara n’est pas l’Abyssinie.
    Les Espagnols, même rouges, sont vaillants.
    Moins de camions et plus de c…
    Mais il y a plus grave que les chansons ou même les
incidents qui peuvent éclater entre Espagnols et légionnaires – comme à Tanger,
le 26 mars. Guadalajara a été une lourde défaite pour le fascisme. Les Italiens
ont montré qu’ils ne sont pas prêts à mourir pour l’idéal mussolinien.
    Le haut-commandement italien, déçu, accepte de limiter la
puissance offensive du corps expéditionnaire. Les quatre divisions italiennes
sont réduites à deux, la Littorio et la 23 mars ; seules les brigades des Flèches sont maintenues telles quelles. Les farces
ainsi reconstituées offriront une plus grande capacité de résistance. Les
inutiles et les incapables ne seront plus mis en ligne. A partir de cette date,
l’Italie n’enverra plus de contingents importants, sinon pour remplacer les
pertes subies. Celles-ci sont lourdes : plus de 1 500 tués et blessés à
Guadalajara. Au cours des vingt premiers mois de la guerre, les Italiens ont eu
en Espagne 11 552 hommes tués, blessés ou disparus [331] . Il y aura au
total 6 000 morts.
    Ces pertes s’ajoutent naturellement à l’amertume née des
échecs. Les dirigeants et les généraux italiens, qui ont préconisé une intervention
massive dans l’espoir de grands succès militaires et d’une victoire rapide, se
demandent si leurs troupes doivent rester en Espagne. Ils rejettent à leur tour
sur le commandement espagnol la responsabilité des erreurs commises. « Nos
généraux sont inquiets, et ils ont raison », dit Ciano [332] . Mussolini
lui-même manifeste son impatience. A plusieurs reprises à partir de décembre
37, il est question d’un retrait des volontaires. Mais il s’agit surtout de
manifestations de mauvaise humeur. Les intérêts italiens dans cette affaire
sont trop grands pour qu’il soit sérieusement question de les abandonner. En
définitive, le C. T. V. restera jusqu’au bout « pour donner la preuve de
la solidarité italienne » [333] .
Les dettes italiennes
    Les Italiens participeront donc au triomphe de Franco. Mais
ils l’auront lourdement payé, non seulement par les perdes en vies humaines,
par l’abandon d’une grande partie du matériel lourd, mais aussi par les sommes
considérables engagées dans l’opération. « Mancini m’a dit, rapporte Faupel
dès le 18 janvier 37, que l’Italie avait engagé jusqu’ici 800 millions de lires
dans l’affaire espagnole » [334] .
Mussolini lui-même déclare, au cours d’un entretien avec Gœring, que les
dépenses à la fin de la même année 37 sont de quatre milliards et demi de lires [335] . Elles
atteindront quatorze milliards à la fin de la guerre. Une partie des sommes
ainsi dépensées sera remboursée par le gouvernement nationaliste, mais une
partie seulement. Les Italiens songèrent alors à rechercher une compensation
dans d’éventuels avantages économiques. Mais, là aussi, les résultats furent
décevants. Au début de 1937, Mancini se plaignait de ce que l’Italie n’ait,
« pour ainsi dire, retirer aucun profit de l’Espagne » [336] .
    Les relations commerciales s’amélioreront plus tard. Ciano
note avec satisfaction en novembre 37 l’arrivée de 100 000 tonnes de fer, dont
le besoin se fait particulièrement sentir dans l’industrie de guerre italienne.
D’autres compensations peuvent encore être envisagées : « Il y a
aussi, selon Mussolini, un problème

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