La Révolution et la Guerre d’Espagne
conditions de combat, une étude
plus sérieuse fera apparaître des effectifs infiniment plus modestes,
Qui sont ces combattants ? D’où viennent-ils ?
Comment ont-ils été préparés et jetés dans la bataille ? A l’origine, il n’y
a eu, semble-t-il, que des engagements à titre individuel dans les milices
républicaines. Puis les étrangers se sont peu à peu regroupés en unités
organisées séparément. Ces combattants sont des antifascistes, surtout
allemands et italiens, expulsés de leur pays par les régimes de Hitler et
Mussolini, et qui choisissent cette occasion de reprendre leur lutte contre ces
dictatures, mais aussi des Français, nombreux à cause de la proximité du pays,
des facilités de franchissement de la frontière, du rapprochement naturel entre
les deux pays où le Front populaire vient de triompher. En fait ces engagements
individuels ne peuvent influer sérieusement sur le rapport des forces
militaires et ne font qu’apporter, le plus souvent, un élément hétérogène de
plus à une armée déjà fort disparate.
Dès la fin de septembre l’aide à l’Espagne connaît un début
d’organisation, en particulier pour le recrutement et l’acheminement des
volontaires. Le noyau dirigeant se recrutera parmi les responsables du parti
communiste français et les réfugiés politiques italiens. Le comité chargé du
recrutement est dirigé, selon Longo, par Giulio Ceretti, dit Allard. C’est
aussi un communiste, le futur maréchal Tito, Josip Broz, qui organise l’acheminement
des volontaires venus d’Europe centrale [364] .
Luigi Longo – « Gallo » – partage avec l’appareil du P. C. F. la
responsabilité du passage des volontaires. Ils ont déjà été nombreux à suivre
les filières organisées quand, le 22 octobre, les brigades naissent
officiellement. Au début du mois, une délégation composée de trois communistes,
l’Italien Longo, le Polonais Wisniewski et le Français Rebière, a été reçue par
Azaña, puis par Largo Caballero [365] .
Les trois hommes sont finalement envoyés à Martinez Barrio, qui est chargé de l’organisation
des premières brigades de l’armée régulière. L’accord se réalise facilement, et
c’est ainsi qu’en novembre 1936 apparaissent les premières brigades
internationales.
Le recrutement des Brigades
Certes, le recrutement demeure individuel. Les engagés
volontaires, venant de tous les pays, sont réunis en France d’où ils arrivent
par petits groupes, par la frontière des Pyrénées. En fait, malgré la diversité
des organisations qui se chargent de l’enrôlement – les engagements sont reçus
dans des permanences installées aux sièges des organisations syndicales ou des
partis de gauche -, c’est le parti communiste qui contrôle l’ensemble de l’opération.
C’est lui qui se charge d’acheminer les volontaires jusqu’en Espagne. Aucun
obstacle d’ailleurs au passage de la frontière, même si, officiellement,
celui-ci est interdit [366] .
Il y a, à Perpignan, une véritable caserne de volontaires internationaux, qui
circulent librement dans la ville. Dans le seul mois de février 37, plus de
trente-cinq camions franchissent la frontière sans rencontrer de difficultés.
Le parti communiste français a d’ailleurs doublé les convois frontaliers par
des bateaux qui, sous le couvert d’une compagnie maritime,
« France-Navigation », assurent le transport des volontaires. Longo,
parlant des premiers volontaires, déclare que 500 sont venus par Figueras et
500 de Marseille à Alicante sur le Ciudad de Barcelona. Des délégations
des brigades sont installées dans toutes les grandes villes espagnoles et
accueillent les nouveaux venus. Mais, si la question du transit est ainsi
résolue, l’organisation de cette force originale que constitue une armée
internationale de volontaires pose des problèmes particuliers.
Il est très difficile, on l’a vu, de déterminer avec
précision l’importance numérique des brigades ; la plupart des documents
ont disparu et même les anciens responsables ne peuvent se mettre d’accord sur
les chiffres. Sans doute la tendance la plus commune est-elle de les
exagérer : les pays fascistes ont systématiquement cherché à grossir le
nombre des « volontaires rouges », et les partis et groupements
nationaux antifascistes ont eux-mêmes eu tendance à présenter leur intervention
comme plus importante qu’elle n’a été en réalité. Si l’on en croit
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