La Révolution et la Guerre d’Espagne
où elles erraient depuis des mois. Plus essentiels cependant
sont les services de la poste et des transports. La censure postale d’une
correspondance rédigée en une quarantaine de langues pose des problèmes
compliqués. Les moyens de transport, presque nuls au début, « trois motos
et quelques vieilles voitures », sont améliorés : le parc automobile
sera bien entretenu par des volontaires, anciens ouvriers de Renault et de
Citroën.
Le service le plus important est celui de la Santé. Il y a,
certes, les hôpitaux espagnols, mais ils sont concentrés à Madrid, ce qui cause
de réelles difficultés du fait des bombardements de la capitale. L’isolement
des blessés internationaux au milieu d’Espagnols que, bien souvent, ils ne
comprennent pu, a de fâcheuses conséquences sur leur moral. On leur donne d’abord
des salles spéciales dans les hôpitaux madrilènes. Puis on cherche à les
rassembler. Dès octobre, six médecins, que dirigeront le docteur Rouquès, puis
le docteur Neumann, organisent le service sanitaire des hôpitaux de campagne,
des ambulances, des groupes mobiles d’évacuation. La doctoresse Struzelska
organise l’hôpital international de Murcie, et quatre centres annexes dans la
région. Des centres de repos et de convalescence sont créés. Ambulances et
matériel sanitaire viennent de Paris. Les volontaires, pour financer ces
réalisations, ont renoncé pour un temps aux deux tiers de leur solde [373] .
Organisation des brigades
Nous avons insisté ici seulement sur les problèmes propres
aux brigades, leur organisation et les difficultés d’armement étant les mêmes
que celles des autres troupes républicaines. Notons simplement qu’il y a eu, à
côté des brigades d’infanterie, des groupes d’artillerie internationaux, les
batteries Gramsci, Anna Pauker, et Skoda, la plus ancienne.
En ce qui concerne le commandement, il n’y a jamais eu, pas
plus d’ailleurs que dans l’ensemble de l’armée républicaine, de distinction
parfaitement nette entre le commissaire politique et le commandant d’unité. Le
rôle du commissaire est, au début, celui d’un surveillant : il porte un
uniforme particulier. L’importance de son rôle a varié selon sa personnalité.
Fait remarquable, alors que le commissaire doit initialement se consacrer avant
tout aux problèmes humains, particulièrement complexes dans les brigades, il
finira par devenir le second du commandant, le déchargeant des questions
matérielles, évacuation des blessés, service sanitaire et postal, problèmes de
ravitaillement. Vers la fin de la guerre, commissariat politique et commandement
finissent presque partout par se confondre, rétablissant ainsi l’unité de
commandement des armées classiques, avec plus de netteté d’ailleurs que dans le
reste de l’armée républicaine.
Les officiers expérimentés qui encadrent les brigades ont
aussi largement contribué à la formation des soldats espagnols, dont nombreux
seront finalement ceux qui serviront dans les unités internationales. C’est qu’elles
se transforment progressivement, d’abord en s’organisant selon les nécessités
du moment et le nombre croissant des volontaires, ensuite parce qu’au contraire
les volontaires deviennent de moins en moins nombreux. Dès le début, pour les
commodités de l’instruction et du commandement, l’état-major des brigades a
Cherché à grouper les combattants d’après leur pays d’origine. C’est ainsi que
les bataillons Thälmann et Edgar-André seront formés d’Allemands
et de quelques Autrichiens. Le bataillon Garibaldi, un des premiers
groupes de combat, qui jouera à Guadalajara un rôle déterminant, est
exclusivement composé d’Italiens. Il n’est cependant pas toujours possible de
grouper ainsi les combattants, le nombre des ressortissants de certaines
nationalités ne permettant pas de composer des unités homogènes. D’autre part
les volontaires doivent être incorporés au fur et à mesure de leur arrivée et
ne peuvent l’être que dans des unités à l’entraînement. Ainsi le bataillon Gastone-Sozzi comprendra des Italiens et des Polonais. Le 9 e bataillon de la
14 e brigade est connu sous le nom de « bataillon des neuf
nationalités ». L’Italien Pencheniati nous a parlé du bataillon Dimitrov, dont le commandant est le Bulgare Grebenaroff et le commissaire politique l’Allemand
Furman [374] .
Les difficultés sont plus grandes encore pour les grandes unités,
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