La Révolution et la Guerre d’Espagne
communistes
étrangers formés en Union soviétique, dont le rôle fut essentiel dans l’organisation
et l’encadrement des brigades internationales – car il n’y a pratiquement pas
eu de Russes dans les brigades, sinon, paradoxalement, des Russes blancs [361] .
En fait, l’intervention de troupes étrangères au profit de
la République espagnole, l’aide sollicitée et amenée de l’extérieur n’a
finalement été que le résultat de multiples concours individuels. Au contraire
de ce qui s’est passé du côté nationaliste, où les dirigeants allemands et
italiens ont préparé et organisé l’expédition de contingents armés, aucun
gouvernement – sauf celui de l’U. R. S. S., nous avons vu dans quelle mesure –
n’a pris à la lutte, du côté républicain, une part essentielle. C’est cependant
avant tout sur l’initiative du Komintern que cette aide a pu être organisée.
Sans doute, pendant les premiers mois de guerre, à l’époque
des milices révolutionnaires, un petit nombre d’étrangers étaient-ils venus
spontanément combattre dans les rangs républicains : étrangers déjà
installés en Espagne comme le socialiste italien De Rosa, ou venus pour une
raison quelconque lors du soulèvement comme les participants des jeux
Spartakistes de Barcelone, qui ont immédiatement apporté leur appui aux
ouvriers catalans. Ainsi se forment les premiers groupes de volontaires
étrangers auxquels s’ajoutent, venus de France, des militants de l’antifascisme,
italiens, allemands, français ou belges. Ainsi la petite troupe formée sur le
front Nord et qui participe a la défense d’Irun, les Allemands de la centurie Thälmann, les Italiens de la colonne Rosselli, les Français de la centurie Commune
de Paris, les Italiens de la centurie Gastone Sozzi qui défendront
Madrid sur la Sierra ou les étrangers qui s’engagèrent dans la colonne Durruti [362] .
Mais le premier exemple d’une organisation sérieuse est
celui de l’aviation internationale mise sur pied par André Malraux. L’escadrille España rendra d’énormes services, au moins dans les premiers mois de la
guerre à une époque où l’aviation de bombardement gouvernementale est
totalement inexistante. Malgré le petit nombre d’appareils dont ils disposent –
une vingtaine -, les Internationaux sont les seuls à agir avec quelque
efficacité, en particulier dans le bombardement de la colonne nationaliste de
Medellin, comme le soulignera son chef seule opération de grand style effectuée
par les républicains dans la première partie de la guerre. De même, leur
aviation de chasse – une quarantaine d’appareils – a relevé efficacement l’aviation
républicaine qui ne dispose que de vieux Breguet. Pourtant ces escadrilles de
fortune ne pourront lutter contre les avions allemands ou italiens, plus
modernes et surtout plus rapides. C’est à Malaga que l’escadrille España effectuera
sa dernière mission en essayant de protéger la retraite contre les
mitrailleuses des chasseurs ennemis [363] .
Les Brigades Internationales
C’est au mois de novembre 36 qu’apparaîtront les premiers
appareils russes capables de soutenir la comparaison avec ceux de l’adversaire.
C’est aussi à partir de novembre que sont engagées sur le front espagnol les
brigades internationales. Quelle que soit leur tendance politique, journalistes
et écrivains n’ont pas manqué de souligner l’influence de l’entrée en ligne des
bataillons internationaux sur le raidissement de la résistance républicaine.
Ils ont constitué un corps d’élite engagé jusqu’à la fin 38 dans tous les
combats d’importance. Le 7 novembre, ils sont à Madrid, le 13, ils prennent
part aux combats du Cerro de los Angeles : en décembre, ils apparaissent à
Teruel et à Lopera, sur le front de Cordoue. En février-mars 37, ils combattent
sur le Jarama, à Malaga, à Guadalajara. On les retrouvera plus tard dans toutes
les grandes offensives, à Brunete comme à Belchite, à Teruel, et enfin lors de
la bataille de l’Ebre, où ils prennent part à la dernière offensive
républicaine.
Le rôle déterminant qu’elles ont ainsi joué sur tous les
théâtres d’opération a pu faire croire à l’existence d’une force numériquement
très importante. On parle encore, aujourd’hui, en Espagne, de centaines de
milliers de volontaires étrangers des brigades. Sans qu’il soit possible de
fixer toujours des chiffres et de préciser les
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