La Révolution et la Guerre d’Espagne
d’Afrique. Au total, 53 pays sont représentés dans les
brigades [368] .
Les cadres supérieurs, à l’image des troupes, sont de toutes
nationalités, français et italiens sans doute, mais aussi allemands, hongrois
ou polonais. Les officiers occupant les postes les plus importants sont, plus
souvent qu’on ne s’y attendrait, originaires d’Europe centrale. Les communistes
y sont la grande majorité, ce qui fait d’autant plus remarquer un Nenni ou un
Pacciardi [369] .
Nombre d’entre eux ont fait la guerre de 14-18, certains ont été officiers de
carrière, d’autres ont reçu à Moscou une formation militaire. Ils ont parfois
reçu l’une et l’autre formation. Ainsi Hans Kahle, (le lieutenant-colonel Hans)
ainsi Wilhelm Zaisser (le général Gomez) le hongrois Maté Zalka (le général
Lukacsz), le Polonais Karol Swierczewski (le général Walter) qui, tous
combattants de 14-18, sont devenus militants communistes et ont parfois suivi
les cours d’Académies militaires en U. R. S. S. Ainsi des anciens combattants
aux responsabilités politiques plus réduites, le Français Dumont [370] , l’écrivain
allemand Ludwig Renn, Regler, le Hongrois Gal, ancien compagnon de Bela Kun.
Ainsi le plus mystérieux et le plus célèbre de tous les chefs des
Internationaux, le général Kléber, que beaucoup de contemporains ont présenté
comme le héros de la défense de Madrid [371] .
La base d’Albacete
Le premier problème qui se pose aux organisateurs des
brigades est de donner une certaine unité à ces forces hétérogènes pour les
intégrer ensuite dans l’armée espagnole. Les volontaires doivent trouver, en
arrivant en Espagne, des centres de rassemblement et d’instruction, qui
permettront de les répartir selon leurs origines et leurs capacités. C’est d’abord
à ce rôle que répond la création du centre d’Albacete.
La ville n’a pas été choisie au hasard : le 5 e régiment,
en effet, y possède déjà une base. Longo, aidé de Vidali (commandant Carlos), a
préparé les locaux qui doivent recevoir les premiers Internationaux. On y
improvise un état-major qui devra avant tout se procurer, avec la collaboration
des Espagnols, le matériel nécessaire au casernement et à la nourriture des
hommes qui arrivent toujours plus nombreux. Tout n’est pas parfait les premiers
jours et « on manque même d’eau pour se laver ». Peu à peu, pourtant,
les problèmes les plus urgents sont résolus.
L’état-major d’Albacete, composé surtout de Français, agit
en relations constantes avec les autorités militaires espagnoles : les
Internationaux sont envoyés là où le danger est le plus pressant, sur demande
et sur ordre du commandement espagnol. Bien sur, on retrouve à Albacete la
dualité de pouvoir, familière dans l’armée populaire, entre commandement
militaire et commissariat. Les questions militaires sont du ressort des
officiers français, notamment Vital Gayman, le « commandant Vidal »,
la direction politique est assurée par Di Vittorio, Longo et surtout André
Marty. Ce dernier doit ce poste décisif de « meneur d’hommes » à sa
carrière de militant et à sa réputation de vieux révolutionnaire. Mais celui
qui avait été longtemps le « mutin de la mer Noire », prisonnier sans
doute de sa propre légende, devient, pour beaucoup de ses détracteurs, « le
boucher d’Albacete » [372] .
Même si l’on refuse de croire à ses crimes, il faut bien admettre que ce
« vieux grognon au tempérament belliqueux » n’était pas le chef idéal
pour une troupe aussi composite. Gayman affirme pourtant qu’il n’est jamais
sorti de ses attributions politiques, ne se mêlant ni des nominations d’officiers,
ni de la conduite des opérations.
La base cessera rapidement de n’être qu’un centre d’accueil
pour les « combattants de la liberté ». Elle devient d’une part
centre de mobilisation pour les unités au front ou en voie de constitution, et
d’autre part centre d’instruction et direction générale des services. Dans le
voisinage s’installent des camps d’instruction, une école militaire pour
officiers et commissaires politiques. Les services sont nombreux et divers,
puisqu’on y trouve un atelier de réparation pour le matériel, et, plus tard,
une fabrique de grenades. Il y aura même pendant un certain temps un parc à
bestiaux rempli de bêtes abandonnées après le début de la guerre civile, et ramenées
de l’Estrémadure
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