Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
Vom Netzwerk:
avec
les bases marocaines et méridionales ; en outre, les forces qui défendent
cette région sont beaucoup moins nombreuses que sur le front de Madrid. Toutes
ces considérations ont fait envisager depuis longtemps la possibilité d’une
attaque dans ce secteur ; c’est en particulier l’idée du colonel Asensio
Torrado, le « technicien » de Largo Caballero. Au cours de l’année
38, les militaires républicains réexamineront ceprojet, mais jamais, en
définitive, il ne sera mis à exécution avec les moyens propres à en assurer le
succès [391] .
    Finalement c’est la deuxième solution offensive qui l’emporte :
une attaque dans le secteur de Madrid. La décision de déclencher une opération
militaire de cette ampleur revient au gouvernement, et particulièrement au
ministre de la Défense, Indalecio Prieto. Celui-ci a tenu à assister
personnellement aux débuts de l’offensive sur Brunete. En définitive, avec l’accord
des techniciens russes, Miaja et Rojo ont pris l’initiative de choisir le front
de Madrid, Rojo en explique les avantages militaires : les forces
nationalistes sont plus faibles parce qu’il leur a fallu envoyer des troupes de
ce secteur sur le front nord ; elles sont affaiblies moralement à cause de
l’échec sur la capitale. Mais surtout, les réserves en hommes se trouvent ici
sur place ; aucun déplacement important de troupes n’est nécessaire. L’effet
de surprise peut être obtenu plus facilement que sur le front méridional, vers
lequel un déplacement massif de troupes et de matériel ne saurait être
longtemps dissimulé. Il n’est pas question d’ailleurs de dégarnir le front de
Madrid, symbole de la résistance de l’Espagne républicaine.
    D’autre part, l’état-major républicain est persuadé que la
seule manière de vaincre est de rompre le front par une concentration de feu et
de troupes considérable, ce qui suppose une tentative de percée sur un front
extrêmement restreint. Le choix de Brunete répond à ces impératifs.
La bataille de Brunete
    L’opération a un double but : arrêter l’offensive
nationaliste dans le nord, en obligeant Franco à rappeler une partie des forces
engagées en Biscaye, et, en atteignant le nœud de communications de
Navalcarnero par une attaque à l’ouest de Madrid, obliger les franquistes à se
replier sur le Tage, et isoler les troupes installées aux abords immédiats de
la capitale. Le succès de cette manœuvre, même si l’ennemi réussissait à
échapper à l’encerclement, le contraindrait à une retraite précipitée et
dégagerait Madrid. Ainsi tous les succès nationalistes seraient remis en
question.
    Pour effectuer cette manœuvre d’encerclement une double
attaque est envisagée : la principale doit permettre d’atteindre Brunete
et de prendre possession de la crête montagneuse dominant Navalcarnero. L’attaque
secondaire a pour objectif une percée en direction d’Alcorcon, au sud de
Madrid. Le soin de porter l’attaque principale est confié au 5 e corps,
sous le commandement de Modesto, au 18 e commande par Jurado. On y
trouve les meilleurs éléments des troupes républicaines : division Lister,
13 e et 15 e brigades Internationales. L’attaque secondaire
est menée par les réserves de Madrid, comprenant les divisions Kléber et Duran
et le 2 e corps d’armée dirigé par Romero.
    Les moyens mis à la disposition de l’état-major républicain
sont les plus importants qui aient été utilisés jusqu’ici. Aznar évalue à 47
000 hommes les forces gouvernementales, et tous les observateurs signalent l’importance
exceptionnelle de l’artillerie, en particulier de l’artillerie anti-aérienne [392] .
    Au contraire, les éléments nationalistes qui peuvent être
engagés immédiatement sont faibles : deux banderas de la Phalange,
trois centuries, le bataillon de Sam-Quintin, plus les services du sous-secteur
concentrés à Brunete. Quelques réserves vont être mises dans les premières
heures à la disposition de la défense, mais l’ensemble reste nettement
insuffisant pour empêcher une action en profondeur. Les conditions du combat
sont donc aussi bonnes pour les républicains qu’elles peuvent l’être. Rojo
estime que Brunete est, avec la bataille de l’Ebre, « la seule opération
parfaitement bien préparée du côté républicain ». Le secret en a été
parfaitement gardé, ce qui est véritablement exceptionnel.
    Dans ses grandes lignes, la bataille se

Weitere Kostenlose Bücher