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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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besoin d’être
réorganisées et renforcées avant d’attaquer les fortifications de Bilbao.
Faupel rapporte que le général Franco a demandé aux Italiens d’engager la
division Littorio dans ces opérations décisives. Mais ceux-ci sont moins
enthousiastes depuis Guadalajara ; d’autant moins qu’une nouvelle alerte,
due à une imprudence, vient leur rappeler ces fâcheux souvenirs : après l’occupation
de Guernica, les Flèches Noires ont progressé rapidement le long de la côte et
atteint Bermeo, laissant leur flanc gauche découvert ; une contre-attaque
républicaine les isole pendant quelques jours et il faut envoyer la division 29 mars et une brigade navarraise pour les dégager.
    Le mois de mai est consacré à la préparation de la bataille
décisive. Les deux adversaires affermissent leur position autour de la Ceinture
de Fer. L’inefficacité de cette ligne de fortification, célèbre avant d’avoir
été mise à l’épreuve, va être d’ailleurs rapidement démontrée : d’abord
elle n’est pas occupée par un nombre d’hommes suffisant ; ensuite elle est
dominée par des hauteurs, qui une fois occupées par l’ennemi rendent sa défense
impossible à long terme. Aussi les républicains s’acharnent-ils à défendre ces
points stratégiques, retardant ainsi l’offensive nationaliste.
    Le remplacement de Mola par Davila, fidèle exécutant des
ordres de Franco, renforce cependant l’unité du commandement nationaliste. Les
pertes subies par les Basques au cours des contre-attaques ont été énormes.
Enfin les plans de la Ceinture de Fer [388] ont été livrés aux franquistes par le capitaine Goicœchea [389] , ce qui explique
la précision exceptionnelle du bombardement qui précède l’assaut.
    La rupture de la ligne fortifiée est désormais inévitable. L’attaque
décisive commence le 12 juin et, dans la journée, la Ceinture de Fer est rompue
sur cinq kilomètres. Le reste des défenses est pris à revers.
    Les Basques, qui se sont bien battus jusqu’ici, considèrent
alors qu’il n’y a plus moyen de résister. Peut-être. pourraient-ils prolonger
la lutte en acceptant une bataille de rues ; mais celle-ci aboutirait à la
destruction de leur ville. En évacuant Bilbao pratiquement sans combat, les
Basques ont rendu sans doute plus rapide la victoire nationaliste, mais ils ont
empêché une destruction qui leur parait maintenant inutile. Ici comme à
Saint-Sébastien s’affrontent deux conceptions de la guerre : les Basques n’hésitent
pas à désarmer les miliciens asturiens qui ont construit des barricades dans
les rues de la nouvelle ville. Dès le 16, le colonel Bengoa s’enfuit en
France ; Bilbao connaît, selon lui, un véritable « effondrement du
pouvoir »… Il craint que la ville ne puisse se rendre, personne n’y
exerçant plus d’autorité. Le 17, le gouverneur basque, à son tour, quitte la
capitale, laissant une junte de défense avec Leizaola, le socialiste Aznar, le
communiste Astigarrabia et le général Ulibarri. Il est bien difficile de savoir
si elle a une autorité réelle. Selon le Temps, dès le soir du 17, une
fusillade éclate entre les Basques, partisans de la reddition [390] , et les
« extrémistes, partisans de la résistance à outrance ». Les
anarchistes font sauter les ponts, exécutent sommairement quelques partisans de
la reddition. Une unité basque, 1 200 miliciens qui étaient avant la guerre
soldats de l’armée régulière, passe alors à l’action, appuyée par la police,
les asaltos et les gardes civils. Les miliciens de Santander et des
Asturies sont attaqués et désarmés, le drapeau blanc hissé sur le bâtiment du
central téléphonique. Des émissaires sont envoyés aux nationalistes, les unités
basques occupent les bâtiments publics, assurent l’ordre. La police, coiffée
maintenant du béret carliste, continue son travail après l’entrée des troupes
de Davila.
    Tandis que les nationalistes occupent Bilbao, l’armée basque
bat en retraite vers l’ouest. Tout le reste de la Biscaye tombe pratiquement
sans résistance aux mains des nationalistes. Aznar évalue à 30 000 hommes les
pertes subies par les Basques au cours de la campagne.
    Cependant, il a fallu onze semaines à l’état-major
franquiste pour mener à bien cette campagne. Les conditions naturelles et la
résistance basque ne suffisent pas à expliquer la longueur de la bataille. Il y
a eu des erreurs de la part des nationalistes, et

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