La Révolution et la Guerre d’Espagne
surtout une mésentente entre
les Espagnols et les Italiens ; le général Doria a même été obligé, après
l’échec de Bermeo, de renoncer pour cette campagne à la participation active du
C. T. V.
La diversion : Brunete
Les républicains n’ont pas su profiter du délai. Une
puissante attaque venant de la zone centrale eût pu interrompre l’offensive
nationaliste. Mais les deux tentatives de diversion qui, en mai-juin, partent
du front central manquent d’envergure. Elles sont entreprises sans conviction,
avec des moyens insuffisants. A Balsain, en Vieille Castille. l’attaque qui a
pour but immédiat de s’emparer de La Granja ne bénéficie même pas d’un appui de
chars d’assaut. A Huesca, où l’offensive doit aboutir à l’occupation de la
ville, les attaquants disposent seulement de trois batteries d’artillerie. Dans
les deux cas, l’adversaire semble être sur ses gardes, et les premiers
attaquants se heurtent à une vive réaction.
Le lendemain même de la dernière tentative sur le front de
Huesca, l’occupation de Bilbao par les nationalistes marque la fin de la
campagne de Biscaye. Certes la lutte peut se prolonger encore, mais il faut,
pour dégager le Nord, agir sans tarder avec une masse de manœuvre importante.
Cependant l’élimination de l’opposition révolutionnaire a
permis de créer, en apparence du moins, l’unité politique. Le gouvernement
Negrin, le « gouvernement de la victoire » s’appuie sur une armée qui
perd de plus en plus son caractère révolutionnaire pour ressembler à une armée
régulière. Les « milices autonomes » disparaissent. Les
« techniciens » militaires, qui ont la confiance du gouvernement,
prennent le pas sur les politiques ; dans le secteur central, le rôle
essentiel est joué par Vicente Rojo ; sur le front Nord, Gamir Ulibarri,
ancien professeur à l’Académie militaire de Tolède, comme Rojo, reçoit la
direction de l’ensemble de la zone républicaine, réalisant ainsi, quoique
tardivement, l’unité de commandement dans ce secteur. Sous l’impulsion de ces
techniciens, une réorganisation totale de l’armée est envisagée. Les troupes,
quelles que soient leur origine et leur formation primitive ; sont
divisées en armées, corps d’armée, brigades et bataillons. Cette
réorganisation, utile là où une longue période de calme permet de l’achever, ne
signifie pas grand-chose sur le front Nord, ou des taches de défense plus
immédiates s’imposent au commandement.
Une chose est en effet d’organiser ces corps d’armée sur le
plan théorique, une autre de leur donner la capacité de résistance nécessaire
et de les préparer à une action offensive. Il faut instruire les hommes ;
le 5 e corps, formé en grande partie par les troupes de l’ancien 5 e régiment, sera l’exemple et le modèle. Il fournit la première masse de
manœuvre dans les offensives de l’été 37.
Le deuxième problème, plus délicat encore à résoudre pour
les républicains, est celui de l’armement. L’approvisionnement en armes se fait
de plus en plus difficile depuis la mise en application, le 19 avril, des
dispositifs de contrôle aux frontières et sur les côtes. La dotation des unités
en armes lourdes et en chars d’assaut, dont le rôle devient important dans une bataille
de rupture, est tout à fait insuffisante. L’apport d’appareils russes est loin
de permettre un emploi massif de l’aviation, notamment de l’aviation d’assaut.
Cette infériorité matérielle est moins nette autour de
Madrid que dans les autres secteurs de combat, la masse des troupes organisées
ayant été concentrée sur cette partie du front pendant les trois premiers mois
de 1937. C’est sans doute une des raisons qui ont déterminé le choix de Brunete
pour la grande offensive de diversion lancée début juillet, Il semble qu’une
discussion assez sérieuse ait précédé la désignation du secteur d’attaque,
finalement retenu autant pour des considérations d’ordre politique que
militaire.
Deux possibilités s’offrent en effet aux
gouvernementaux : la première est celle d’une offensive en Estrémadure,
dans la zone de Mérida. Les avantages d’une telle initiative apparaissent à la
seule lecture de la carte ; sa réussite aurait constitué le plus grave
danger qui puisse peser sur l’armée franquiste en menaçant directement Badajoz
et la frontière portugaise, en coupant par conséquent les communications
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