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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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séminaire a brûlé et les gouvernementaux ont fait sauter la
Banque d’Espagne. L’espoir de faire de Teruel un nouvel Alcazar se révèle vain.
Les défenseurs étant coupés les uns des autres, le couvent de Santa Clara ne se
rendra que le 8 – vingt-quatre heures après que Rey d’Harcourt ait capitulé
avec 1 500 hommes. Un communiqué officiel annonce : « Teruel
appartient entièrement à la République. » Ce n’est pourtant pas un succès
extraordinaire : le centre de la ville est en ruines, et il faudra quinze
jours pour éliminer tous les francs-tireurs. C’est que la défense a été
courageuse, en dépit de ce que Queipo croit pouvoir affirmer à Radio-Séville,
sur la « trahison d’une canaille » qui, seule, aurait permis la chute
de la ville. Mais cette colère même indique bien l’importance de la prise de
Teruel pour les républicains. C’est la première, ce sera la seule ville
importante qu’ils auront pu reprendre au cours de la guerre. S’il est inexact
de dire, comme Rojo, que « Teruel a changé la face de la guerre » [464] , du moins
peut-on admettre qu’elle a donné l’impression de l’avoir fait. A l’issue de
cette terrible bataille, c’est l’armée républicaine qui fait figure de
vainqueur. Après les décourageants communiqués qui ont annoncé successivement
la perte de Bilbao, de Santander, de Gijón, enfin un communiqué d’espoir !
    Mais cette victoire a des limites. La question a été posée [465] – comme pour
tous les succès républicains – de savoir s’il aurait été possible de mieux
exploiter le succès initial. La réponse est négative : les réserves
manquaient. Les républicains sont, au total, moins nombreux que leurs
adversaires alors que, pour compenser leur infériorité en armements et en
matériel, il leur faudrait au moins la supériorité numérique en hommes. Ils n’y
parviennent que pendant quelques jours, le temps pour l’adversaire d’amener des
renforts. Dans ces conditions, c’est déjà un succès pour l’état-major
républicain que d’avoir réussi à conserver les positions conquises. Mais c’est
aussi pour cette raison que Franco ne peut rester sur une défaite dont il a de
bonnes raisons de croire qu’elle n’est que provisoire. En effet, les chefs
républicains ne peuvent pas oublier, dans l’euphorie du succès, que même ici,
un jour, ils ont été au bord du désastre : le 29, leurs lignes ont été
rompues. Ce jour-là, à Teruel, comme auparavant à Brunete, il s’est produit un
moment de panique, sans qu’on puisse lui donner d’explication raisonnable. Il a
fallu acheminer, en toute hâte, des renforts pour rétablir la ligne de bataille
et empêcher la jonction des troupes d’Aranda avec les assiégés de la ville [466] .
La contre-offensive nationaliste
    A partir du 15 janvier, le temps s’est radouci et la
supériorité aérienne des nationalistes peut se manifester de nouveau. Aranda
prépare une attaque, non contre Teruel, car la progression dans la plaine
présente trop de risques, mais sur les positions qui la dominent, avant tout au
nord. Ses hommes réussissent ainsi à s’emparer de postes d’observation
importants, dont celui du Multon, ce qui rend aventurée la position des forces
républicaines. Ils ont ainsi une base de départ pour les opérations qui vont
maintenant Se déplacer vers le nord, autour de la rivière Alfambra.
    Mais il faudra d’abord briser les nouvelles attaques
républicaines qui vont durer cinq jours, du 25 au 30 janvier, et resteront
infructueuses. Il faut ensuite concentrer à l’ouest de l’Alfambra des forces
destinées à enfoncer le front républicain et à déloger les troupes qui tiennent
de solides positions dans la Sierra Palomera : c’est de là qu’est partie l’offensive
victorieuse de décembre. Mais le commandement nationaliste est plus ambitieux
encore. Son plan consiste à reculer le front vers l’est, de façon à déborder
Teruel et les positions républicaines vers le nord. Eventuellement, au cours
des opérations, il envisage une manœuvre d’encerclement du 23 e corps
d’armée qui couvre ce secteur. L’attaque sera donc menée aux deux extrémités du
dispositif nationaliste : au nord, sous le commandement de Yagüe, le corps
d’armée marocain, appuyé sur les Navarrais, doit progresser en direction de
Viver del Rio. Au sud, le corps de Galice, renforcé par la 150 e division
de Muñoz Grande, doit percer le front

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