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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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si importante a peu de
chances de passer inaperçue…
    L’état-major républicain a de son côté conscience que, s’il
laisse une fois de plus les nationalistes prendre l’initiative des opérations,
il risque la défaite. Le gouvernement républicain a absolument besoin de
remporter un succès qui relève le moral de ses partisans, et justifie sa propre
action par une démonstration d’efficacité. La fin de l’année 37 a vu la consolidation politique de Negrín : ses amis se sont emparés de la direction de l’U.
G. T. Il transfère ministères et administrations centrales de Valence à
Barcelone. Le président donne les raisons de ce transfert, inimaginable au
début de l’année : « Il s’agit d’une vieille idée du gouvernement
précédent. La résidence du gouvernement à Valence avait été déterminée par la
nécessité d’organiser le ravitaillement et les opérations militaires des fronts
du Centre et de l’Est... Le gouvernement a la conviction que la région du
Levant conservera son enthousiasme. Les circonstances d’ordre économique et
stratégique réclament depuis le premier jour du Movimiento le siège du
gouvernement à Barcelone. » Les motifs invoqués ne sont pas
nouveaux : si le transfert ne s’est pas fait plus tôt, c’est que la force
de la C. N. T. et celle des autonomistes rendaient difficile l’installation à
Barcelone du gouvernement central. Aujourd’hui, Negrín peut, dans son discours,
parler de « relations cordiales avec la Généralité ». En ce sens, on
peut parler d’un renforcement de l’unité dans le camp républicain. L’unité
politique, pourtant, ne saurait vraiment se forger que par la victoire
militaire.
La bataille de Teruel
    L’état-major républicain se trouve donc contraint à l’offensive.
Le 8 décembre, le Conseil supérieur de la Guerre approuve le choix de Teruel
comme objectif. Les positions semblent favorables à une attaque. Le front
dessine une large boucle qui s’avance en pointe autour de la ville, formant un
saillant dans les positions républicaines. Il suit, au nord, la zone
montagneuse qui domine l’Alfambra et fait un brusque coude pour s’orienter dans
la direction sud-est-nord-ouest entre Teruel et Albarracin, au nord des hauts
reliefs des Montes Universales. Les gouvernementaux occupent donc des
positions qui dominent la ville de part et d’autre. De plus, contre les forces
médiocres dont les nationalistes disposent ici comme sur tout le front
septentrional – 2 500 hommes pour défendre Teruel au début de la bataille – les
républicains vont engager des forces considérables, 40 000 hommes, sur un
secteur d’attaque d’étendue très restreinte. Les trois corps d’armée qui
constituent l’armée de manœuvre seront appuyés par les troupes du Levant qui
tenaient le secteur jusque-là. Le 22 e Corps, sous Ibarrola, doit
attaquer par le nord, le 20 e , sous Menendez, au sud-est, le 18 e ,
sous Heredia, au sud. Le but premier de la manœuvre est d’établir une jonction,
au-delà de Teruel, entre les troupes du 18 e et du 22 e corps,
isolant ainsi les défenseurs de la ville et réduisant du même coup le saillant.
    L’offensive commence le 15 décembre. Pendant une semaine, du
15 au 22, elle remporte d’importants succès. Dès les premières heures, il est
clair que la manœuvre d’enveloppement est en train de réussir : Campillo,
qui a résisté, et San-Blas, tombent. Il reste néanmoins d’importants noyaux de
résistance à l’arrière qu’il faudra réduire les uns après les autres. Le 18
tombe la Muela de Teruel, qui domine la ville au sud-ouest. Ses défenseurs,
reculant en combattant se sont réfugiés dans la ville, où deux divisions
républicaines entrent le 22. Les nationalistes, sous le commandement du colonel
Rey d’Harcourt, se sont retranchés dans les bâtiments du gouvernement civil, de
la Banque d’Espagne, de l’hôpital, du séminaire et des couvents de Santa-Clara
et Santa-Teresa. Deux fronts s’organisent ainsi : un front extérieur, à
peu près régularisé, à l’ouest d’une ligne qui part du Muleton vers San Bias et
Rubiales, et un autre à l’intérieur de la cité, pour réduire les quelques
milliers d’hommes qui s’y sont réfugiés. Les forces républicaines ne sont pas
suffisamment nombreuses pour mener en même temps la conquête de la ville et la
poursuite de l’attaque en profondeur, et, du 23 au 28 décembre, se produit une
période de

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