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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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ils ont décidé de rejoindre l’Espagne nationaliste.
Entre les chefs militaires qui constatent la défaite et le gouvernement qui
envisage encore la résistance, l’entente est impossible.

La junte Casado et la
liquidation de la République
    Comme des mois plus tôt dans les cités vaincues, Malaga,
Bilbao, Barcelone, la chute de la Catalogne attise les oppositions, les haines
ou les jalousies. Partisans de la résistance et de la capitulation s’affrontent.
On s’arrache les moyens de fuir. On s’accuse mutuellement de vouloir d’inutiles
massacres ou de chercher à trahir. Les officiers républicains espèrent que ceux
du camp opposé montreront à leur égard quelque mansuétude et songent aux
chances d’une capitulation honorable. Les agents de l’étranger, ceux de la
cinquième colonne intriguent. La lutte s’engage finalement entre ceux qui
parlent encore de résistance et ceux qui veulent une paix immédiate.
    Aucune période de la guerre civile n’a suscité littérature
plus abondante ni plus contestable, mémoires, actes d’accusation, polémiques et
plaidoyers. Paradoxalement, le travail de l’historien se trouve compliqué par l’abondance
d’un matériel qui lui est trop manifestement destiné. Bien des témoins semblent
songer surtout à sauver leur vie et leur carrière politique future.
Le gouvernement Negrín en France
    Dès maintenant, le sort du territoire républicain est
discuté non en Espagne, mais en France, au consulat espagnol de Toulouse, où le
gouvernement Negrín a trouvé asile après la déroute de Catalogne. Le président
Azaña, comme son entourage, ne croit plus possible la prolongation de la lutte
et Negrín multipliera en vain les efforts pour le convaincre que son devoir est
de rentrer en Espagne avec lui. L’absence du gouvernement représente en effet
un important facteur de démoralisation. Et ces interminables conciliabules
accentuent dans la zone républicaine la conviction que tout est perdu. De fait,
la situation empire de jour en jour ; les bombardements incessants
terrorisent les populations urbaines ; les difficultés de ravitaillement deviennent
tragiques. Beaucoup cherchent désespérément les moyens de sortir du piège de la
zone Centre-Sud. Le problème de l’évacuation est à l’ordre du jour des travaux
gouvernementaux ; Negrín y consacre une partie de son activité à Toulouse.
Le Mexique propose d’accueillir 30 000 familles. Lord Halifax promet l’aide
britannique pour évacuer les réfugiés menacés. La Compagnie Midatlantic signe
un contrat de location pour les 150 000 tonneaux de sa flotte de transport.
Deux commissions gouvernementales travaillent en permanence Sur les deux
aspects du problème : celui des moyens de transport, celui des personnes à
évacuer.
    Cependant, ce n’est pas l’évacuation que le gouvernement
Negrín considère comme la tâche la plus urgente. Au cours des dramatiques
conseils de cabinet de Toulouse le président, Del Vayo et les communistes font
prévaloir leur point de vue : avec ou sans Azaña, le gouvernement rentrera
en Espagne pour y diriger la « résistance à outrance ». Pourquoi
cette décision ?
    Sans doute, selon Segundo Blanco, « le gouvernement
fait ce qu’il peut, ni plus, ni moins ». Franco, en effet, ne veut pas
négocier avec lui. Il a refusé de traiter sur la base des trois points de
Negrín. Il ne reste donc plus qu’à résister. Cela seul peut amener les
nationalistes à modérer leurs exigences et à traiter, comme le désirent
vivement les Anglais. La résistance est le seul moyen d’échapper à la
capitulation sans conditions. C’est ce qu’Alvarez del Vayo s’efforce de
prouver. Pour lui, Negrín et ses amis ne croient évidemment plus à une victoire
militaire proche, mais estiment que les forces armées de la zone Centre-Sud
sont suffisantes pour prolonger de quelques mois la résistance ; même si
Madrid tombe, les troupes républicaines peuvent tenir longtemps dans le secteur
montagneux du Sud-Est. Or, selon eux, la guerre, depuis Munich, est inévitable
en Europe. Elle peut encore sauver la République en lui donnant des alliés.
    En admettant que cette thèse soit juste [504] , le plus
difficile reste à faire : convaincre les Espagnols eux-mêmes de la
possibilité et de la nécessité de la résistance. Les ministres présents à
Toulouse acceptent de rentrer, sauf Giral. Mais Azaña reste à Paris, répondant
à Alvarez del Vayo : « Personne

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