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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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certaines responsabilités. Selon eux, le gouvernement qui réside
« quelque part dans la zone » républicaine est en fait réduit au
triumvirat Negrín-Del Vayo-Uribe. Ils considèrent comme une provocation de sa
part la nomination du chef du S. I. M., Garces à la tête de la commission qui
doit choisir les personnes à évacuer ; ils insistent pour que la direction
des opérations d’évacuation ne reste pas « aux mains de Negrín et
Vayo », expriment la crainte qu’on n’évacue par priorité les hauts
fonctionnaires. Le 3 mars, ils conservent encore l’espoir de participer à l’organisation
de l’évacuation et proposent l’un des leurs, Gonzalez Entrialgo, pour le poste
essentiel de commandant de la base navale de Carthagène. A plusieurs reprises,
ils, répètent à Negrín qu’ils ne sauraient admettre de voir s’accroître le
pouvoir communiste par l’attribution de nouveaux commandements. Or, le 2 mars,
Negrín a fait son choix et le Conseil des ministres entérine une série de
promotions et de mutations dans le haut-commandement. Casado est nommé général,
mais remplacé à la tête de l’armée du Centre par le communiste Modeste, promu,
lui aussi général. Miaja [510] reçoit une retraite honorifique avec le titre d’inspecteur général de l’armée ;
la création d’« unités mobiles de choc », destinées à renouveler les
méthodes de combat, s’accompagne de promotions d’officiers communistes :
Lister, Galan, Marquez sont nommés colonels. Ce sont enfin des communistes qui
reçoivent le commandement dans les ports, Vega à Alicante, Tagueña à Murcie, et
surtout Francisco « Paco » Galan à Carthagène, poste convoité entre
tous, qui lui donne la haute main sur ce qui reste de la flotte.
    A ceux qui l’accuseront d’avoir ainsi exécuté un véritable.
coup d’État et donné le pouvoir aux communistes, Negrín répliqua que, le
gouvernement ayant décidé la résistance, il avait le devoir de placer aux
postes de commandement des partisans de la résistance. La prépondérance des
communistes n’est que le reflet de leur adhésion totale a la politique de
Negrín. Mais pour les adversaires du gouvernement, les mesures prises n’ont qu’une
signification : c’est désormais le parti communiste qui contrôle seul l’évacuation
et dispose seul du pouvoir.
Nouvelle guerre civile ?
    Les remaniements décidés par le gouvernement sont mal
accueillis. Non seulement les techniciens militaires mais les cadres des partis
et des syndicats, une grande partie de la population y voient la mainmise d’un
parti dont le comportement a soulevé bien des haines et des rancœurs. C’est une
occasion inespérée pour les conspirateurs, qui manifestent ainsi leur
opposition à la fois à un coup d’État communiste et à la prolongation inutile
de la guerre, de ses massacres et de ses misères. L’irritation croissante
contre ce gouvernement de vaincus après trois ans de guerre civile, va
provoquer une explosion de colère à l’encontre de Negrín.
    Les anarchistes et les socialistes de gauche qui ont dû
renoncer à leurs ambitions révolutionnaires tiennent enfin leur revanche sur
« le parti de l’ordre ». Les hauts fonctionnaires et les officiers de
carrière s’empressent de saisir l’occasion d’une paix « honorable ».
Ils souhaitent un compromis par lequel Franco reconnaisse leur rang dans la
hiérarchie sociale. Les dirigeants des partis et des syndicats veulent l’assurance
de pouvoir quitter le pays. La masse de la population, qui ne croit plus à rien
se retourne contre ceux qui veulent accumuler des souffrances désormais
inutiles, contre les privilégiés du nouveaux pouvoir ; un seul souhait,
finir la guerre le plus rapidement possible ; on espère vaguement que
Franco sera d’autant plus enclin à la clémence que les communistes auront été
éliminés. Les agents franquistes, tous les jours plus nombreux, attisent les discordes.
    C’est à Carthagène qu’éclatent les premiers troubles, dans
une totale confusion. L’amiral Buiza a déjà fait savoir à Negrín que la flotte
quitterait le pays s’il ne se décidait pas à négocier. Malgré un voyage spécial
de Paulino Gomez, le ministre de l’Intérieur, chargé de préparer le terrain, la
nomination de Galan met le feu aux poudres. Une partie de la garnison se
soulève sous la direction du chef de l’artillerie, le colonel Armentia, et s’oppose
à l’installation du

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