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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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troupes de
Solchaga et de Yagüe qui convergent sur la ville occupent les quartiers
militaires de la périphérie. Au début de l’après-midi, les tanks débouchent sur
le port. Dans la soirée, toute résistance a cessé. L’occupation même de la
ville n’a coûté qu’un mort aux franquistes.
    Les derniers défenseurs de la capitale se sont retirés,
soucieux avant tout de ne pas se laisser déborder par le nord. Depuis le 23
janvier, le président Negrín et son gouvernement, les ambassades et les
services ministériels ont quitté Barcelone. On n’a pu cependant tout
évacuer ; une partie des archives ont été détruites. Et lorsque les
nationalistes ont fait leur entrée dans la ville, ils ne l’ont pas trouvé vidée
de ses habitants. Beaucoup, à l’image de l’ancien secrétaire de la
municipalité, ont préféré attendre les vainqueurs. Le nouveau maire de la
ville, Miguel Mateu Pla, président de la société Hispano-Suiza, pourra rétablir
rapidement les services essentiels. Le plus difficile sera de réorganiser le
ravitaillement.
    La perte de Barcelone n’est pas pour les républicains d’une
importance stratégique énorme ; mais la reddition Sans condition de la
capitale de la Catalogne va avoir sur le moral de la population dans toute la
zone républicaine un effet décisif. C’est de ce jour que commence l’agonie de
la République.
La fuite vers la frontière
    L’écroulement du front, les bruits qui circulent et qui
accompagnent toute catastrophe, ont jeté sur les routes une foule de réfugiés
qui se dirigent en désordre vers tous les points de passage de la frontière
française. D’après le Temps du 6 février, 100 000 l’auraient déjà
franchie. Rojo évalue encore à une centaine de milliers ceux qui se pressent
aux postes de douane. « C’est le chaos », dit-il. On trouve mêlés à
la population civile fuyant l’avance franquiste, foule misérable encombrée de
quelques bagages, des milliers de soldats qui ont abandonné la zone des
combats ; ils ajoutent à la panique en colportant les rumeurs les plus
invraisemblables. Des hommes en armes s’emparent de force des voitures, qu’ils abandonnent
d’ailleurs à la frontière. Il n’y a plus d’ordre, plus de police, plus qu’une
vaste anarchie. C’est le chaos de la défaite et du désespoir. Et pourquoi la
foule ne fuirait-elle pas ? Dès la fin janvier, il ne se passe pas de jour
où l’on ne signale le passage en France de quelques personnalités politiques,
Giral, Caballero, Araquistain. Ces choses-là se savent et même, dans l’affolement
général, elles sont démesurément amplifiées.
    Devant la masse des fuyards, les autorités françaises sont
débordées. Au début, elles ont laissé entrer les réfugiés ; mais, très
vite, il est devenu impossible de contrôler et de répartir dans le pays ces
dizaines de milliers de fuyards. Le 30 janvier, les autorités françaises
décident de ne plus laisser passer les hommes valides pour le moment et de n’accorder
le droit d’asile qu’aux femmes et aux enfants. Les hommes qui ont déjà franchi
la frontière et n’ont pas encore été dirigés sur un point quelconque du
territoire sont regroupés dans un camp de concentration, à Argelès, dans les
Pyrénées-Orientales, Sur le moment, cette décision produit une panique nouvelle
parmi les Espagnols qui attendent aux postes du Perthus et du Boulou. Une
partie des fuyards reflue sur la Catalogne encore libre. D’autres cherchent à
entrer clandestinement en France, et beaucoup y réussissent, malgré la présence
des troupes sénégalaises chargées de la surveillance ; cette situation ne
fait que compliquer encore la tâche des autorités françaises. Aussi, à partir
du 5 et jusqu’au 9 février, la frontière est-elle de nouveau officiellement
ouverte aux soldats espagnols. Rojo a promis que le passage de la frontière se
ferait en bon ordre.
    Et en effet, si la débandade de certains éléments n’a pu
être évitée, il convient de signaler, parce que c’est une réussite qui
témoigne, au milieu de l’anarchie générale de la valeur certaine de ces
troupes, que les derniers contingents armés ayant franchi la frontière se sont
replies en bon ordre ; les journalistes français constatent chez eux un
meilleur moral et, une allure qui n’est pas celle d’une troupe en déroute,
Parmi eux, 700 des derniers Internationaux, restés en Catalogne jusqu’au
dernier moment, passent la

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