La Révolution et la Guerre d’Espagne
Valverde, les gardes
civils massacrent les miliciens et passent à l’ennemi...
Les événements vont maintenant se précipiter. L’agitation
commence dans les casernes : au début de la deuxième semaine de grève, le
régiment du génie de Paterna se mutine contre ses officiers, sous la conduite d’un
sous-officier, le sergent Fabra. Les mutins viennent grossir les rangs des
milices qui reçoivent par ailleurs tous les jours l’adhésion de soldats évadés
des casernes avec leurs armes. Le Comité de grève C.N.T.-U.G.T. finit pourtant
par donner l’ordre de la reprise du travail, sauf dans les transports, pour le
27 juillet. La réaction ouvrière lui montre qu’il a mal apprécié la situation :
les ouvriers refusent d’obéir et poursuivent la grève. La C.N.T. et l’U . G.T.
s’alignent... Le Comité exécutif charge un bureau de trois membres, Lopez, de
la C.N.T., Tejon, de l’U . G.T. et un jeune officier, le lieutenant
Benedito, de préparer l’attaque des casernes, fixée au 1 er août. Le
31 juillet, Radio-Seville annonce le soulèvement de la garnison et la chute de
Valence aux mains des rebelles... En réalité, trois régiments se sont soulevés,
mais les soldats se mutinent contre les officiers tandis que les miliciens se
lancent à l’assaut. La garnison est désarmée les officiers suspects arrêtés et
jugés, les soldats démobilisés ; les milices s’approprient les armes. Le
gouvernement capitule alors : la Junte déléguée est dissoute, l’autorité du
Comité exécutif populaire reconnue, la nomination de son président, le colonel
Arin, comme gouverneur civil n’étant que la reconnaissance d’un état de fait.
Dès lors, le Comité exécutif populaire, qui étend rapidement
son autorité à toute la province, joue un rôle en tous points semblable à celui
du Comité central en Catalogne. Andrès Nin, au cours d’un meeting à Valence,
croit pouvoir saluer en lui le « gouvernement de la révolution
prolétarienne du Levante ». Il crée un Conseil économique, avec pleins
pouvoirs, organise des colonnes de miliciens pour plusieurs fronts. Ses
commissions, celles de l’Ordre public, de la Justice, de l’Agriculture, des
Finances, prennent le nom de « ministères ». Le général Miaja, l’ancien
ministre de la Guerre de Martinez Barrio envoyé par Giral pour commander la
région militaire avoue au commandant Martin Blazquez son impuissance face à l’autorité
un « morveux de lieutenant », Benedito, délégué à la Défense du Comité
exécutif : le général incarne un pouvoir républicain fantomatique, tandis que
le lieutenant représente le pouvoir « soviétique » nouveau [96] .
Autres gouvernements révolutionnaires
D’autres organismes prennent en main le pouvoir dans les
autres régions d’Espagne. Aux Asturies, dans les villages et les agglomérations
minières, il est aux mains des Comités Ouvriers et Paysans. A l’échelle de la
province deux autorités rivales s’affrontent, celle du Comité de guerre de
Gijon que préside Segundo Blanco de la C.N.T., celle du Comité populaire de
Sama de Langreo que dirigent successivement les socialistes Gonzalez Pena, puis
Amador Fernandez. Chacun a organisé ses commissions de la Guerre, des
Transports, du Ravitaillement, de la Santé : le Comité de Sama de Langreo,
selon le témoignage d’Aznar, sera capable, en septembre, de mobiliser 20 000
hommes en six jours. C’est au cours de ce mois que les deux Comités
fusionneront en un Comité de guerre, installé à Gijon, mais présidé cette fois
par un socialiste, Belarmino Tomas.
A Santander, ce sont les socialistes qui dominent un Comité
de guerre où les commissions fonctionnent comme de véritables ministères, en
toute souveraineté. Les anarchistes y contesteront pourtant, à plusieurs
reprises, l’autorité du président Juan Ruiz.
Le Comité de salut public de Malaga s’est peu à peu imposé
dans toute la région, après le 20 juillet. C’est un Comité de vigilance qui
dirige la répression, tandis que des Comités ouvriers ont pris en main santé et
ravitaillement, et des Comités de femmes les problèmes des réfugiés. Ses
patrouilles armées éliminent peu à peu les unités loyales de gardes civils.
Seul, il aura l’autorité suffisante pour arrêter les massacres de détenus dans
les prisons. Le 19 août, Delaprée écrit : « Ici, les conseils d’ouvriers
et de miliciens détiennent tout le pouvoir. Le gouverneur civil
Weitere Kostenlose Bücher