La Révolution et la Guerre d’Espagne
d’un emblème politique (Caballero ou Claridad de l’U.G.T., Carlos Marx, du P.S.U.C., Lénine ou Maurin, du
P.O.U.M., Mada ou Companys, de l’Esquerra).
A Barcelone, c’est le Comité central qui organise dès le 24
juillet la première colonne, forte de 3 000 hommes, commandée par Durruti,
qu’assiste le commandant Perez Farras, et dans laquelle la seule force
organisée est constituée par quelques soldats volontaires équipés de mortiers
et de mitrailleuses. Dans les jours suivants, les autres colonnes, formées sous
l’égide du Comité central, sont, en fait, sous l’influence des organisations
politiques et syndicales. Santillan, qui agit au nom du Comité central, semble
avoir lutté en vain contre l’esprit de parti dans les milices et ses conséquences
souvent regrettables, rivalités pour les armes et pour les hommes, heurts
parfois sanglants. A Valence, c’est le Comité exécutif qui prend l’initiative :
la « Colonne de fer », la « Desperada », la « Colonne d’acier »,
la « Colonne fantôme » sont créées sous son égide, mais les influences
politiques jouent aussi de façon décisive. La « Colonne fantôme » est
dirigée par des socialistes, la « Colonne de fer » sera la plus
tristement célèbre des colonnes anarchistes. A Madrid, chaque organisation aura
ses propres troupes, dont le seul lien est le gouvernement qui se contente de
les ravitailler, comme il le peut, de fournir armes et équipement et de payer
la solde. Ce sont les Comités nationaux de chaque parti ou syndicat le Comité
de défense de la C.N.T. du Centre, qui en assument l’organisation. La Gauche
républicaine, ici, se distingue en créant un « Régiment d’acier » et
le parti communiste le « 5 ème régiment », qui deviendra le
célèbre Quinto mais n’est encore pour le moment qu’une unité de milices, à
peine différente des autres.
Il est difficile, à propos des milices, de donner des
chiffres précis. Rabasseire estime à 100 000 l’effectif total des milices de combat : 50 000 de la C.N.T., 30 000 de l’U.G.T.: 10 000 du P.C.,
5 000 du P.O.U.M., auxquels il faut ajouter 12 000 asaltos, quelques
centaines de gardes civils, quelques milliers de soldats et 200 officiers
seulement. Début septembre, le Boletin C.N.T.-F.A.I. dénombre
22 000 miliciens en Catalogne et en Aragon dont 4 000 anciens gardes,
2 000 du P.S.U.C. et de l’U.G.T., 3 000 du P.O.U.M., 13 000 de
la C.N.T. Valence, de son côté, a envoyé 9 000 miliciens sur les
différents fronts dont 4 000 à Teruel. A Madrid, les hommes armés ont très
vite pris le chemin du front, mais, en Catalogne, Santillan estime a
60 000 le nombre des fusils restés aux mains des Milices de l’arrière, et
avoue l’impuissance du Comité central à renforcer les effectifs des Milices de
combat : Durruti devra faire une expédition contre Sabadell pour obtenir la
cession de la dizaine de mitrailleuses que le P.S.U.C. y conserve, et les gens
de la C.N.T-F.A.I. garderont longtemps encore à Barcelone les quarante
mitrailleuses et les quelques tanks qui manquent tant sur le Front d’Aragon.
Les chefs des premières colonnes sont des militants
politiques et syndicalistes. Rares sont ceux qui ont une formation militaire. A
Barcelone, ce sont des ouvriers les anarchistes Durruti, Jover, Ortiz, les
militants du P.O.U.M. Rovira, Arquer, Grossi [102] ,
les militants du P.S.U.C. Trueba et Del Barrio. Quelques militaires de carrière
les épaulent : le commandant Perez Farras, le commandant Perez Salas qui
commandera la colonne de l’Esquerra, le commandant Martinez et le capitaine
Escobar, conseillers techniques de Santillan, dirigeants à Barcelone de l’Union
militaire républicaine antifasciste.
Le capitaine aviateur Bayo commandera l’expédition de
Majorque et c’est un colonel navarrais, Jimenez de La Deraza, qui organise l’artillerie.
Les sous-officiers jouent un rôle plus important dans l’encadrement des
milices : après Perez Farras, c’est l’ancien sergent Manzana qui sera le
cerveau militaire de la colonne Durruti. Bien entendu, les rares antifascistes
étrangers qui se présentent comme des techniciens sont accueillis à bras
ouverts. A Valence, ce sont des officiers subalternes, le capitaine Uribarri,
garde civil et socialiste, et le lieutenant Benedito qui commandent les
premières colonnes qu’organise, à leurs côtés, le sergent Fabra, héros du
soulèvement des soldats de Paterna. A
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