La Révolution et la Guerre d’Espagne
pouvoir, à la fois législatif et
exécutif, le Comité s’organise en créant des commissions de travail et des
comités exécutifs spécialisés qui jouent bientôt le rôle de véritables
ministères. Autour du secrétariat général administratif, chargé de la
propagande, qu’assure un jeune dirigeant de l’Esquerra, ancien militant d’extrême-gauche,
Jaime Miravittles, fonctionnent le Comité d’organisation des milices sous la
responsabilité de Santillan, le Comité de guerre, chargé de la conduite des
opérations militaires, qu’anime Garcia Oliver, le Comité des transports à la
charge de Duran Rosell de l’U.G.T. et Alcon de la C.N.T., le Comité du
ravitaillement dirigé par le rabassaire José Torrents, la Commission d’investigation,
véritable ministère de l’Intérieur assumé par l’anarchiste Aurelio Fernandez,
la Commission des industries de guerre, au catalaniste Tarradellas. Autour d’eux
se créent d’autres services: la Commission de l’école unifiée, dont le
secrétaire est le syndicaliste enseignant Hervas du P.O.U.M., et divers
services techniques: statistique, munitions, censure, radio et presse,
cartographie, écoles spécialisées. Gouvernement ouvrier de la Révolution
ouvrière, le Comité central se donne la structure nécessaire.
Conflit de pouvoirs à Valence
La situation est loin d’être aussi claire à Valence à la
même époque. Alors que la garnison et les ouvriers en grève continuent à s’observer,
la Junte déléguée, que dirige Martinez Barrio, oppose à l’autorité
insurrectionnelle l’autorité légale du gouvernement républicain, qui veut
obtenir la fin du siège des casernes, la reprise du travail et le retour à la
légalité. Dès le 21, elle s’emploie à convaincre les délégués du Comité
exécutif que la grève doit cesser, puisque la garnison est fidèle. Mais cette
initiative soulève beaucoup de méfiance: on sait que Martinez Barrio et Mola
sont francs-maçons comme le général Monje, chef de la garnison. On soupçonne le
délégué du gouvernement d’essayer de passer avec l’armée le compromis qu’il n’a
pu réaliser pendant les quelques heures de son ministère le 19 juillet. Les
discussions sont vives dans Valence soulevée où les officiers et les prêtres ne
se montrent plus dans les rues et où le Comité exécutif dirige une police
ouvrière qui coexiste avec la police régulière. Le 23 juillet, Espla, au nom de
la Junte déléguée, annonce la dissolution du Comité exécutif populaire et
déclare qu’il prend les fonctions de gouverneur civil, assisté d’un conseil
consultatif formé d’un représentant de chaque parti et syndicat. Le Comité se
divise : la C.N.T., le parti socialiste, l’U.G.T. et le P.O.U.M. veulent
rejeter l’ultimatum gouvernemental. La Gauche républicaine et le parti
communiste estiment que le Comité doit donner l’exemple de la discipline et se
soumettre à l’autorité légale du gouvernement, incarnée à Valence par la Junte
déléguée.
Finalement, le Comité exécutif populaire refuse de se
dissoudre. Le Comité de grève C.N.T.-U.G.T., son aile marchante, décide la
publication d’un quotidien intitulé C.N.T.-U.G.T., la reprise du travail
dans tous les secteurs de l’alimentation et l’organisation d’un comité syndical
pour assurer le ravitaillement, mais la Junte déléguée confie le ravitaillement
à la municipalité. Elle continue les négociations avec la garnison, dont les
manifestations quotidiennes réclament le départ contre les troupes rebelles...
A Madrid, le ministre de l’Intérieur assure à Antona, secrétaire
de la C.N.T., qu’on peut compter au moins sur la neutralité de la garnison
valencienne. Mais les armes qu’il promet n’arrivent pas. La C.N.T. de Madrid
envoie alors à Valence des mitrailleuses et des fusils ; de Barcelone
aussi arrivent des armes qui servent à équiper les milices naissantes. La
garnison est toujours enfermée dans les casernes, dont elle interdit l’approche.
Le Comité exécutif menace de les prendre d’assaut, mais recule toujours la
décision. Un nouveau sujet de désaccord éclate lorsqu’il s’agit d’envoyer des
forces vers Teruel où se précise la menace de l’armée rebelle. Le Comité
exécutif propose un amalgame sur la base de trois miliciens pour un garde
civil. La Junte impose la proportion inverse de trois gardes civils pour un
milicien. La colonne part, mais, avant Teruel, à Puebla de
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