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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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tête et les forces populaires s’organiseraient en milices pour
continuer la lutte pour la libération de l’Espagne. Ainsi naquit le Comité
central des milices antifascistes de Catalogne où nous fîmes entrer tous les
secteurs politiques, libéraux et ouvriers » [91] .

Composition et rôle
    Dans le salon voisin du bureau présidentiel, les délégués
des organisations se réunissent et constituent sur-le-champ le Comité central,
où entrent des délégués des modérés, trois de l’Esquerra, un des « rabassaires
», un de l’Action catalane. Le P.S.U.C., à la veille de se constituer
officiellement, a un représentant. Le P.O.U.M. un également. La F.A.I. est
représentée par Santillan et Aurelio Fernandez, la C.N.T. par Garcia Oliver,
Asens et Durruti que remplacera, après quelques jours, Marcos Alcon. L’U.G.T.,
dix fois moins nombreuse a, elle aussi, trois représentants.
    C’est là un premier résultat assez paradoxal. La puissante
C.N.T., dont Companys vient de reconnaître la victoire totale, consent à une
représentation égale à la sienne pour la maigre U.G.T. catalane. Générosité
pure, comme le suggère Garcia Oliver [92] ? Désir de la C.N.T. d’être traitée de la même manière dans les régions où elle
est, elle, en minorité, geste politique, comme l’affirme Santillan [93] ? L’un comme l’autre
facteur ont pu jouer. Ajoutons qu’il est vraisemblable, dans le cadre de la
rivalité qui s’est dessinée au cours des journées révolutionnaires entre
P.O.U.M. et C.N.T., que les dirigeants libertaires n’ont pas été fâchés de
disposer, avec les quatre délégués des républicains catalans, les trois de l’U.G.T.
et celui du P.S.U.C., d’une marge de manœuvre sérieuse. Au Comité central, le
P.O.U.M. était beaucoup plus nettement minoritaire que dans les autres centres
importants de la Catalogne. Et, ainsi que le souligne Santillan, c’est par la
volonté de la C.N.T.-F.A.I. que fut adopté au Comité central ce mode de
représentation.
    Fruit d’un compromis, né de négociations entre dirigeants
des partis et syndicats, sanctionné officiellement par un décret du
gouvernement, le Comité central est ainsi, par les circonstances de sa
naissance, un organisme hybride. Siégeant en permanence en présence de quatre
délégués du gouvernement et agissant en son nom, il peut apparaître, à certains
égards, comme un organisme gouvernemental annexe, un comité d’entente jouissant
d’une délégation de pouvoirs. En réalité, sauf à Barcelone où il est en contact
avec les directions des partis et syndicats, sa base dans le pays est
constituée par les « Comités-gouvernement », les pouvoirs locaux
révolutionnaires dont il est en même temps l’expression suprême. C’est ce que
Santillan marque très clairement quand il écrit :
    « Le Comité des milices fut reconnu comme le seul pouvoir
effectif en Catalogne. Le gouvernement de la Généralité continuait à exister et
à mériter notre respect, mais le peuple n’obéissait plus qu’au pouvoir qui s’était
constitué par la vertu de la victoire et de la révolution, parce que la
victoire du peuple était la révolution économique et sociale » [94] .
    Rien n’échappe en effet à la compétence et à l’autorité du
Comité central, comme le montre ici Santillan : « Etablissement de l’ordre
révolutionnaire à l’arrière, organisation de forces plus ou moins encadrées
pour la guerre, formation d’officiers, écoles de transmissions et
signalisation, ravitaillement et vêtement, organisation économique, action
législative et judiciaire, le Comité des milices était tout, veillait à tout,
la transformation des industries de paix en industries de guerre, la
propagande, les relations avec le gouvernement de Madrid, l’aide à tous les
centres de lutte, les relations avec le Maroc, la culture des terres
disponibles, la santé, la surveillance des côtes et des frontières, mille
problèmes des plus divers. Nous avions à payer les miliciens, leurs familles,
les veuves des combattants, en un mot, à quelques dizaines d’individus, nous
faisions face aux tâches qui exigent pour un gouvernement une coûteuse
bureaucratie. Le Comité des milices était un ministère de la Guerre, un
ministère de l’Intérieur et un ministère des Affaires étrangères en même temps,
inspirant des organismes semblables dans le domaine économique et le domaine
culturel » [95] .
    Organisme politique de

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