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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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« Maures » au Maroc, 30 000 gardes
civils, 30 000 requetes ,presque tous avec Mola, 70 000 regulares environ. Mais toutes ces troupes sont loin d’être utilisables.
Les jeunes recrues des regulares ont souvent fait cause commune avec les
ouvriers et on semble hésiter à les engager. Il est nécessaire de conserver, à
l’arrière des forces importantes [128] .
La lutte se poursuit pendant des semaines encore en Galice et en Andalousie.
Les troupes marocaines n’arrivent que par petits paquets.
    Début août, les généraux rebelles n’engageront que de
petites colonnes aux effectifs réduits : 3 000 sur Badajoz,
10 000 en Estremadure, 20 000 pour la première attaque sur Madrid.
Pendant toute cette période, les diplomates allemands se font l’écho des
inquiétudes de la zone nationaliste : on manque d’argent, on a besoin d’armes.
Les troupes aguerries et disciplinées que sont les Maures et le Tercio sont
certes un atout important; rien n’indique pourtant qu’elles soient, à elles
seules, capables de décider de la victoire.
    De l’autre côté, les milices ouvrières et paysannes laissent
très vite deviner leurs faiblesses et les limites de leur efficacité. Leur
courage, leur enthousiasme, leur esprit de sacrifice en ont fait des troupes
imbattables dans les rues de leurs villes et de leurs villages. Mais à la
guerre, les difficultés commencent. L’organisation militaire est, le plus
souvent, un véritable chaos. C’est Durruti qui témoigne : « Nous
avons jusqu’à présent un très grand nombre d’unités diverses ayant chacune son
chef, ses effectifs – ils varient d’un jour à l’autre dans des proportions
extraordinaires –, son arsenal, son train des équipages, son ravitaillement, sa
politique particulière vis-à-vis des habitants, et, bien souvent aussi, sa
manière particulière de comprendre la guerre » [129] . Jean-Richard
Bloch, décrivant ce qu’il appelle le « stade picaresque » de la
guerre civile à écrit : « La première image qu’a offerte la guerre civile
a été celle de colonnes disparates, combattant particulièrement, se taillant
chacune un secteur d’opérations, y vivant, s’y approvisionnant, y évoluant d’une
façon parfois indépendante » [130] .
Aussi, toutes les surprises sont possibles sur le « front » : on se
retrouve, en circulant, à l’arrière des lignes ennemies, on tombe dans des
embuscades à l’arrière de ses propres lignes, on ignore à quel camp
appartiennent les unités dont les villageois signalent le passage. Il faudra
attendre le 26 août pour que se constitue, sur le front d’Aragon, un Comité de
guerre de douze personnes, officiers et militants politiques, dont l’autorité
restera d’ailleurs très illusoire.
    Aucun plan d’ensemble n’est possible. Les partis constituent
on renforcent une colonne pour un raid précis, mais, l’expédition terminée,
chacun retourne chez soi. Les miliciens protestent contre ceux qui veulent non
seulement leur faire monter la garde, mais encore creuser des tranchées. D’ailleurs,
on rentre chez soi entre deux tours de garde et l’on considère comme une sorte
de maniaque celui qui se refuse à dormir quand il est de garde la nuit. Une
colonne qui s’éloigne de sa base perd la majorité de ses miliciens : ils
tiennent à coucher chez eux le soir... Durruti dira qu’on « lui a fait tous les
trucs de la grande guerre : le bébé malade, la femme qui accouche, la mère
mourante » [131] .
En rase campagne, les milices se révèlent vite peu efficaces. Leurs succès
initiaux sont acquis au prix d’énormes pertes. Non seulement les hommes ne
savent pas se protéger, mais encore ils ne le veulent pas : le chef de
colonne anarchiste met son point d’honneur à marcher en tête de ses hommes à
découvert. C’est ainsi qu’Ascaso est mort, c’est ainsi que Mora va mourir. On
méprise la « technique » des militaristes, car l’enthousiasme et l’esprit
de sacrifice du militant semblent être l’essentiel, comme ils l’ont été dans
les combats de rue. Les miliciens ne savent pas entretenir, souvent même pas
manier leurs armes, et, quand ils en ont les détériorent et se blessent par
inexpérience. Or les armes et les munitions sont rares. Sur le front d’Aragon,
sur celui de Madrid, les unités relevées remettent leurs armes aux nouveaux
arrivants. A Oviedo, le commandement militaire interdit de tirer sur un ennemi
en dehors d’une attaque

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