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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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munitions. Le 1 er août, le marquis de Portago, son envoyé
personnel, est à Berlin, réclamant des avions. Le 8, l’ambassadeur d’Allemagne
à Paris transmet sa demande de 10 millions de cartouches. Matériel et munitions
arrivent au le Portugal. La jonction avec le Sud assure les arrières. Le 15
août l’offensive se dessine. Le 19, Saint-Sébastien est presque encerclée, la
colonne Beorlegui est aux portes d’Irun. Les Maures de Franco affluent
maintenant, par Badajoz, pour renforcer les troupes de Mola.

    la marche sur Badajoz (juillet-août 36)
    C’est le début de la bataille des Places Fortes [139] . Ici les
miliciens se battent le dos à la mer contre une armée nettement supérieure. Les
avions allemands appuient l’offensive de Mola. Leur apparition soudaine, les
mitraillages au sol, les bombardements jettent la panique dans les rangs des
miliciens en rase campagne. Mais, dans les villes ils sont prêts à s’accrocher
à chaque pan de mur. Il n’en est pas toujours de même pour leur commandement.
Les mêmes désaccords qu’à Badajoz se produisent dans les rangs des défenseurs.
Les hommes de la C.N.T., prêts à se défendre jusqu’au bout, menacent de
fusiller les otages si les bombardements aériens continuent, veulent détruire
complètement les villes pour ne laisser à l’ennemi que des ruines, s’ils
doivent finalement céder. Les éléments modérés du Front populaire, et
principalement les nationalistes basques, veulent au contraire épargner les
villes et leurs habitants, se refusent à employer des représailles contre les
otages. Les Milices basques veilleront, jusqu’au bout, à la défense de l’Église
et de la propriété contre les miliciens anarchistes. La résistance est acharnée
devant Irun, à Renteria, sous la direction politique d’un Comité ouvrier des
métallurgistes et sous la direction militaire d’un ancien officier, un
volontaire français, Jacques Menachem. Les autorités s’efforcent de sauver les
180 otages enfermés dans le fort de Guadalupe et qui seront finalement libérés [140] . Elles
abandonnent enfin la partie : le commissaire à la Guerre passe la
frontière française trois jours avant la chute d’Irun. Mais les communistes et
les gens de la C.N.T. se battent jusqu’à leur dernière cartouche, avec une
poignée de volontaires internationaux. Quand ils n’ont plus de dynamite, les
huit défenseurs de Fort Martial, qui tiennent 60 heures contre les Maures, font
rouler des rochers sur les assaillants. Les derniers miliciens qui
franchissent, le 4 septembre, le pont international, montrent avec dérision
leurs cartouchières vides. Un train de munitions envoyées par les Catalans a été
arrêté par les autorités françaises. Des caisses contenant 30 000
cartouches attendent à Barcelone le Douglas promis par le gouvernement pour
assurer leur transport à Irun. La ville flambe : les nationalistes n’ont
conquis que des ruines.
    La tragédie d’Irun semble aviver les contradictions dans le
camp républicain. Le 8 septembre, Saint-Sébastien est, selon le correspondant
de Havas, le théâtre de « véritables combats de rue ». Les militants
de la C.N.T. ont donné l’assaut au Kursaal où sont enfermés des otages. Le
gouverneur, un socialiste, officier de carabiniers, le lieutenant-colonel
Ortega, tente d’ouvrir des négociations avec Mola : son fils passe en
France pour se rendre en zone nationaliste. Le bruit circule qu’il offre aux
rebelles la promesse de respecter les otages, les maisons et les monuments et
de rendre Saint-Sébastien si les nationalistes accordent d’avance l’amnistie
pour les combattants. Rien n’est officiellement publié au sujet de ces
tractations. Mais, le 11 les avions nationalistes lâchent des tracts sur la
ville : « Faites respecter l’ordre dans votre ville. Je vous accorde
48 heures de répit. Je suis prêt à entendre la voix des nationalistes
basques. » Les otages, sous bonne garde, sont transférés à Bilbao. Dans
Saint-Sébastien, la situation est confuse. La radio nationaliste annonce l’assassinat
de Leizaola, l’arrestation de Irujo par les anarchistes. Maurice Leroy câble à Paris-Soir ,le 11, que Irujo est « maître de la situation », et le 13 que les
anarchistes sont « maîtres de la ville ». En réalité, les nationalistes
basques l’emportent. Les révolutionnaires sont vaincus au cours de cette guerre
civile, au sein même de la guerre civile [141] (l4).

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