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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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de
Catalogne.
    Tout cela est d’ailleurs réalisé avec un véritable
enthousiasme et beaucoup de bonne volonté de part et d’autre. Certes les
milices qui, au début, vivent complètement sur le paysan, ne sont pas toujours
bien vues et il y aura de nombreux incidents. La colonne Durruti sera
contrainte d’évacuer le village de Pina : preuve tout de même qu’elle savait s’incliner
et qu’elle n’était pas une horde de pillards. Bien des paysans vendent d’autant
plus volontiers, sans hausser leurs prix, qu’ils sont désormais assurés de ne
pas partager avec le propriétaire le bénéfice de leurs ventes.
    C’est la même bonne volonté et le même enthousiasme qui
président – quoi qu’on ait pu en dire – à l’improvisation ou à l’augmentation
de la production dans les industries de guerre. Aux Asturies, les ouvriers ont
repris l’arsenal de Trubia ; on y travaille de nouveau dès le 25 juillet. Il en
est de même à Tolède. En Catalogne, la situation est tragique, car il n’y a pas
d’usine de matériel de guerre et il faut en hâte reconvertir entreprises
chimiques ou métallurgiques. Certaines usines de construction mécanique ne
peuvent tourner, car les ingénieurs ont détruit ou emporté les plans et
personne n’est capable de les remplacer. Le colonel Jimenez de la Bareza,
ancien directeur de l’arsenal d’Oviedo, et deux de ses ingénieurs, évadés de
Navarre, s’attellent à la tâche avec l’entrepreneur Tarradellas de l’Esquerra,
les ouvriers C.N.T. Vallejo de la métallurgie et Marti des produits chimiques.
Hispano Suiza est reconvertie. Certes, au bout de deux mois, les résultats sont
minces, mais l’on a tout de même mis sur pied des fabriques de cartouches, d’obus,
de fusées de bombes et de blindages. Les difficultés d’ailleurs tiennent à une
situation politique et économique générale : il faut des devises pour les
aciers étrangers indispensables, et même pour les ateliers basques et les
charbons asturiens. Les fortunes « saisies » financent les premiers
efforts, mais l’échéance n’est que retardée.
    Tous ces problèmes ne peuvent se résoudre que dans une
politique d’ensemble de direction de l’économie. Les organes révolutionnaires
de pouvoir s’en préoccupent : à Malaga, à Valence, aux Asturies, on crée des
Conseils d’économie. Le Conseil de défense d’Aragon consacre une partie
importante de ses travaux à la direction de l’économie de la province. En
Catalogne, le Conseil d’économie, créé le 11 août et sanctionné par un décret
gouvernemental comme « l’organe dirigeant de la voie économique »,
établit un programme qui constitue un véritable plan pour une transformation
socialiste du pays [126] .
    La présence, en son sein, des plus éminents spécialistes en
matière économique du mouvement ouvrier, Andrès Nin et Santillan, est, aux yeux
de beaucoup, le signe que le Conseil d’économie sera le cerveau de la
transformation économique et sociale de la Catalogne, l’organe de la
centralisation et de la planification économiques. Grâce à l’autorité du Comité
central et des milices ouvrières, le Conseil d’économie exercera effectivement
pendant plusieurs semaines le rôle régulateur et directeur qui lui est dévolu.
Très vite pourtant, il se heurte, comme les autres organismes de pouvoir
révolutionnaire, au problème politique des devises et du crédit.
Economie, politique et guerre
    La révolution piétine en Catalogne, où elle avait atteint la
pointe extrême de son développement. Les problèmes économiques ne peuvent se
résoudre indépendamment des problèmes politiques. Les organismes de contrôle se
réduisent à des fonctions parasitaires. Toute une bureaucratie prospère sur la
base des nouveaux Comités et Conseils. Santillan écrit : « Nous avons été un
mouvement anticapitaliste, antipropriétaire. Nous avons vu dans la propriété
privée des instruments de travail, des usines, des moyens de transport, dans l’appareil
capitaliste de distribution, la cause première de la misère et de l’injustice.
Nous voulions la socialisation de toutes les richesses pour que pas même un
seul individu puisse être laissé en dehors du banquet de la vie. Nous avons
fait quelque chose, mais nous ne l’avons pas bien fait. A la place de l’ancien
propriétaire, nous en avons mis une demi-douzaine qui considèrent l’usine, le
moyen de transport qu’ils contrôlent comme leur

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