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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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générale... Certes, des armes improvisées, comme les
cartouches de dynamite, habilement maniées par les mineurs – les dinamiteros – se révèleront redoutables. Devant Oviedo, en août, les miliciens
réussiront à percer les défenses nationalistes avec des camions blindés – au
ciment – chargés de volontaires armés de lance-flammes. Ce sont là moyens de fortune,
capables d’obtenir un effet de surprise, mais inaptes à faire pencher la
balance de façon décisive.
    D’ailleurs, les miliciens ne savent pas plus ménager leurs
munitions que leur vie : ils gaspillent leurs cartouches contre les
avions, les bateaux même. Ces hommes qui ne sont pas des soldats de métier ne
sont ni entraînés ni encadrés. De nombreux chefs improvisés se révèlent
incapables. Bien des officiers « républicains » trahissent, se
retournent contre leurs hommes, sabotent, activement ou passivement. Des
artilleurs font, sciemment, bombarder leurs propres miliciens. Même
« loyal », l’officier reste suspect : on lui désobéit
précisément parce qu’il est officier et qu’on n’a pas confiance en lui.
    Au cours des mois de juillet et d’août, c’est peut-être l’unité
de commandement qui fait le plus cruellement défaut. C’est au lendemain de la
rébellion qu’ont été prises les premières initiatives heureuses sur le plan
stratégique. Chacun, ensuite, s’enferme dans sa propre région. Anarchistes et
nationalistes se surveillent en Pays basque : Mola, dans les premières
semaines, peut leur tourner tranquillement le dos. Les Catalans qui s’acharnent
en vain sans artillerie contre Saragosse ne dérangent guère les plans d’un
ennemi qui vise Madrid [132] .
Chacun semble mener sa propre guerre sans se soucier de celle qui se déroule
dans la province voisine.
    Finalement, les forces en présence semblent se neutraliser
dans un équilibre précaire. Mola bute contre la Sierra comme les Catalans
contre Saragosse. Les mineurs bloquent Oviedo, mais Aranda s’y prépare à un
siège qui menace de durer. Le siège de l’Alcazar de Tolède commence. Les gardes
civils insurgés le 19 juillet se sont enfermés dans la vieille forteresse avec
des provisions, des munitions, des otages. Les miliciens qui les assiègent,
comme ils avaient assiégé les garnisons suspectes de Valence et d’ailleurs,
tiraillent au hasard contre ses murs épais. Il faudra attendre le 34 ème jour de siège pour que soit amené un canon. Encore ne bombarde-t-il pas
immédiatement l’Alcazar, se contentant de détruire les maisons environnantes
pour l’isoler et couper complètement les contacts des assiégés avec l’extérieur.
A Gijon les deux casernes seront prises à la fin de la deuxième semaine d’août,
littéralement dynamitées par les mineurs. Personne, à Tolède, n’ose prendre l’initiative
de pareils moyens, car le colonel Moscardo qui commande les assiégés refuse de
lâcher les quelque 600 otages, femmes et enfants raflés dans les quartiers
ouvriers lors de la retraite et qui vont vivre d’épouvantables semaines dans l’obscurité
et la puanteur des sous-sols. Drôle de guerre en vérité que ce siège de l’Alcazar :
Louis Delaprée le voyant pour la première fois le 24 août, après 34 jours,
écrit : « Dans les petites ruelles tortueuses de la ville, sitôt qu’on
aperçoit, entre deux toits, l’une de ses quatre tours, il faut se coller contre
un mur... Un peu partout, des entassements de sacs de terre bouchent la
perspective. Des miliciens à grand chapeau de paille tressée sur la tête,
cachés derrière ces barricades, guettent les guetteurs d’en face à 50, à 40,
parfois à 20 mètres de là. De temps à autre, las d’échanger des balles, ils se
jettent des injures. On finit par ne plus savoir si on est assiégeant ou
assiégé ». [133] .
« Les rouges, écrit Henry Clérisse, n’avaient qu’à vouloir pour écraser l’héroïque
garnison » [134] .
Le fait est qu’ils n’ont pas voulu. Le 3 août seulement on amène une pièce
lourde, un canon de 420. Jusqu’au bout, les assiégeants tentent de sauver la
vie des otages, offrant en échange promesse de vie sauve à tous les assiégés,
qui refusent obstinément. Successivement le commandant Rojo, ancien professeur
à l’Ecole militaire, le père Camarasa, chanoine de Madrid, le chargé d’affaires
du Chili, tenteront de les convaincre, au cours de ces trêves pittoresques,
décrites par Malraux et Koltsov en

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