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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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termes presque semblables : les miliciens
insultent les gardes tout en leur distribuant cigarettes et lames de rasoir.
    Pendant quelques brèves semaines, le conflit espagnol est à
l’image du combat qui se déroule autour de l’Alcazar. Aucun des deux
adversaires ne semble capable de l’emporter.
La rupture de l’ équilibre
    Mais cet équilibre va très vite se rompre, par suite de l’intervention
étrangère. Le Portugal est, depuis longtemps, un des centres de la
conspiration : c’est, dès les premiers jours, une des bases de l’insurrection.
L’hôtel Aviz, à Lisbonne, sert de relais pour les communications téléphoniques
entre Burgos et Séville. Les rebelles circulent librement entre l’Espagne et le
Portugal et leurs premiers avions allemands auront leur base en territoire
portugais, à Cala, à 2 km de la frontière. En revanche, le gouvernement de
Salazar livre aux rebelles tous les réfugiés « de gauche ». L’Italie, de
son côté, envoie dès la fin du mois les premiers avions promis aux rebelles.
Début août, l’Allemagne livre aussi du matériel de guerre, débarqué à Lisbonne.
Les flottes allemande et italienne s’efforcent de protéger les passages de
troupes maures du Maroc en Espagne, s’interposent entre la flotte républicaine
et les transports nationalistes. Junkers et Caproni assurent le premier « pont
aérien » [135] qui permet à Queipo d’obtenir ta victoire.
    Le camp républicain ne reçoit aucune aide comparable. Les
premières livraisons d’avions décidées par le ministre de l’Air français
provoquent une levée de boucliers : le gouvernement français de Front
populaire cède à la pression anglaise et à la campagne de presse déclenchée
contre lui. Il interdit le 27 juillet les livraisons d’armes à l’Espagne puis
lance l’idée de la « non-intervention », à laquelle adhéreront l’Angleterre
et l’U . R.S.S. [136] .
Désormais, seuls les rebelles seront ravitaillés de façon continue et
appréciable en armes et munitions, car l’Allemagne et l’Italie, tout en
adhérant également au Comité de non-intervention, ne cesseront pas leurs
livraisons [137] .
    La République espagnole est désormais isolée, les généraux
rebelles bénéficiant d’une véritable conjonction internationale de fait. Sous
la pression des menaces de Franco et des réclamations de Rome et de Berlin pour
le respect du « statut de Tanger », les gouvernements de Londres et de
Paris obtiennent de Giral l’évacuation de la rade de Tanger par la flotte
républicaine dans les premiers jours d’août [138] .
Le 4, les premiers contingents marocains massifs débarquent à Tarifa. Les
communications ne seront désormais plus entravées entre le Maroc et l’Espagne :
les nationalistes ne manqueront plus ni de soldats ni de matériel.
L’offensive nationaliste
    Ils peuvent alors déclencher leur première offensive de
grand style et tenter de réaliser la jonction entre leurs deux zones. Le 6
août, les troupes marocaines de Franco attaquent en direction de l’ouest :
la complicité du Portugal protègera leur flanc gauche quand elles bifurqueront
vers le nord pour opérer leur jonction avec les troupes de Mola. Les colonnes s’avancent
sans rencontrer de véritable résistance, suivant les grandes routes et
enlevant, après les avoir encerclés, les précaires barrages dressés sur leur
route à l’initiative des Comités de paysans ou d’ouvriers. Le 11 août, la
colonne Tella s’empare de Merida, entièrement minée, mais qui ne sautera pas.
La colonne Yagüe, 1 500 hommes motorisés avec quelques batteries d’artillerie
légère, franchit la Sierra Morena le 7, atteint Badajoz le 13 et s’en empare le
14. Dès le 12, le chef des asaltos de Badajoz, le commandant Avila,
avait franchi la frontière portugaise, dénonçant la domination de la ville par
« la populace en armes ». Le 13 au matin, c’est le maire de Badajoz qui s’enfuit
à son tour. Cinquante miliciens enfermés dans la cathédrale résistent pendant
deux jours aux assauts des Maures et se suicident quand leurs munitions sont
épuisées : l’héroïsme des combattants ne parvient pas à compenser la
trahison des chefs militaires et le chaos né de la révolution.
    Les nationalistes vont alors porter leur effort sur le front
Nord où Mola, qui dispose de troupes nombreuses, les requetes au béret
rouge, couverts de médailles saintes et de scapulaires, craint cependant de
manquer de

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