La Révolution et la Guerre d’Espagne
d’ardeur et tant de foi, à nous dire et nous répéter qu’on ne nous
aiderait pas tant que serait si manifeste le pouvoir du Comité des milices,
organe de la révolution du peuple… n’ayant pas d’autre dilemme que de céder ou
d’aggraver les conditions de la lutte... nous dûmes céder. Nous nous décidâmes
donc à dissoudre le Comité des milices. » Et il conclut : « Tout pour
obtenir l’armement et l’aide financière, pour continuer avec succès notre
guerre » [174] .
La formation du nouveau Conseil de la Généralité implique eu
effet l’abandon des organismes de pouvoir révolutionnaire. Le Comité central
est annexé au département la Guerre que dirige le colonel Diaz Sandino. Le
Conseil de l’économie, la Commission d’investigation sont rattachés et
subordonnés aux correspondants. Les anarchistes justifient leur « cohabitation
dans des institutions de type bourgeois » par des arguments divers. Ils
soulignent le terme de « Conseil » employé, sur leurs instances, pour le
nouveau gouvernement. A leurs yeux, la présence de représentants de la C.N.T.
est une garantie, une légalisation des conquêtes révolutionnaires.
Solidaridad obrera écrit, le27 : « Il n’était
plus possible pour le bien de la révolution et pour l’avenir de la classe
ouvrière que persistât la dualité de pouvoirs. Il était nécessaire que, d’une
manière simple, l’organisation qui contrôle l’immense majorité travailleuse s’élevât
au plan des décisions administratives et exécutives. » Et la révolution
prolétarienne, peu suspecte pourtant de sympathie pour le courant «
réformiste » de la C.N.T., conclut son analyse de l’événement sous laplume
d’Antoine Richard en affirmant : « Cette pénétration des organismes
anciens par les organismes nouveaux nés dans la lutte et créés pour la
Révolution marque un pas sérieux vers la conquête du pouvoir ». [175]
Le P.O.U.M. avait posé, comme conditions à sa participation,
une « déclaration ministérielle d’orientation socialiste » et
« l’intervention active et directe de la C.N.T. » Il accepte donc la
nouvelle combinaison gouvernementale en déclarant: « Nous vivons dans une étape
de transition dans laquelle la force des fait nous a obligés à la collaboration
directe dans le Conseil Généralité, avec les autre fractions ouvrières. »
L’insuffisance du programme mis en avant, l’importance de la participation des
républicains, qu’il souligne, ne l’empêchent pas de conclure que la Catalogne
possède un « pouvoir nettement prolétarien ». Et, en contradiction
avec sa politique du jour, il lance un nouvel appel : « De la
formation des Comités d’ouvriers, de paysans et de soldat, pour lesquels nous
ne cessons de lutter, sortira la représentation directe du nouveau pouvoir
prolétarien. »
Cet optimisme va être rapidement démenti par les faits. La
formation du Conseil de la Généralité, avec le soutien de la C.N.T. et du
P.O.U.M., est en réalité l’arrêt de mort du pouvoir des Comités. Le 1 er octobre, le Comité central des milices se dissout et adhère, par un manifeste,
à la politique du nouveau gouvernement. Le 9, un décret pris en Conseil, avec l’approbation
de Nin et des ministres de la C.N.T., dissout, dans toute la Catalogne
« les comités locaux, quels qu’en soient le nom ou le titre, et tous les
organismes qui ont pu être constitués pour abattre le mouvement
subversif ». Le président du Conseil Tarradellas commente le décret,
annonce le remplacement des Comités dans leurs « fonctions
gouvernementales » par des conseils municipaux composés suivant les mêmes
proportions que le Conseil de la Généralité... L’ensemble des organisations
ouvrières approuve la dissolution : l’organe du P.O.U.M. en français va
jusqu’à écrire : « Ces Comités révolutionnaires, Comités exécutifs
populaires ou Comités de salut public, représentaient seulement une partie des
organisations ouvrières, ou bien les représentaient suivant une fausse
proportion... On peut évidemment regretter la suppression de leur initiative
révolutionnaire, mais on doit reconnaître la nécessité de codifier... les
diverses organisations municipales et ce, dans le but, autant de les remplacer uniformément
que de les mettre sous l’autorité du nouveau Conseil de la Généralité » [176] .
Le 17 septembre, Andrès Nin accompagne à Lérida le président
Companys
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