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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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en tournée : il unit ses efforts aux siens pour convaincre ses
amis du Comité révolutionnaire qu’il faut se plier à la nouvelle organisation
du pouvoir en entrant dans un Conseil municipal où ils seraient en minorité, et
où entreraient en force les républicains jusque-là tenus à l’écart...
L’entrée de l’Aragon dans l’ordre républicain
    Dans ces conditions, la situation des animateurs du Conseil
de défense d’Aragon devient difficile. Attaqué violemment par les communistes
et les socialistes, qualifié d’« organisme illégal » par le P.S.U.C., non
reconnu par les autorités républicaines de Madrid et de Barcelone, le Conseil
ne peut se maintenir seul sur la position de pouvoir révolutionnaire
indépendant. A l’intérieur même de la C.N.T., son président, Joaquin Ascaso,
est l’objet de vives attaques de la part de certains responsables :
Mariano Vazquez, secrétaire du Comité national, l’accuse d’ « infantilisme
révolutionnaire » et de « donquichottisme ». Il est contraint de
reculer : dans les derniers jours d’octobre, la C.N.T. propose l’élargissement
du Conseil aux partis du Front populaire. Le 31 octobre, une délégation,
conduite par Ascaso, se rend auprès de Caballero. Elle souligne, selon le
compte rendu donné par la presse de la C.N.T., les circonstances
exceptionnelles de la naissance du Conseil, dans une situation chaotique créée
par l’inexistence des pouvoirs publics et l’occupation du territoire par les
colonnes des milices catalanes. Elle confirme l’accord qui vient d’être donné
par les syndicats et partis du Front populaire à une réorganisation du Conseil,
ouvert désormais aux représentants de toutes les organisations,
proportionnellement à leurs effectifs. Caballero, de son côté, reconnaît au
Conseil d’Aragon les attributions du gouverneur civil et des députations
provinciales, lui délègue, eu égard au caractère exceptionnel de la situation,
des pouvoirs gouvernementaux en matière de maintien de l’ordre, de
reconstruction économique, d’organisation de l’effort militaire. Il est entendu
entre les deux parties qu’un plébiscite fixera, dans l’avenir, la nature du
régime aragonais. Joaquin Ascaso, quittant la Présidence, déclare :
    « L’objet de notre visite a été de présenter nos
respects au chef du gouvernement et de l’assurer de notre attachement au
gouvernement du peuple. Nous sommes prêts à accepter toutes les lois qu’il
promulguera, et, de notre côté, nous demanderons au ministre toute l’aide dont
nous avons besoin » [177] .
Le Conseil de la Généralité peut alors décerner au Conseil d’Aragon un
certificat de respectabilité : « Les entretiens avec le président Azaña,
avec le président Companys, avec Largo Caballero », déclare-t-il,
« ont détruit tous les soupçons qui avaient pu naître, portant à croire
que le gouvernement constitué (en Aragon) avait un caractère extrémiste. »
    Ainsi se trouve levé le dernier obstacle sérieux à la
concentration des pouvoirs : tous les autres organismes régionaux se
soumettent sans difficulté. Les Basques, d’abord décidés à constituer leur
gouvernement sans attendre le vote du statut d’autonomie par les Cortes,
consentent à prendre leur place dans le nouveau cadre légal. Alors le vote du
Statut basque, le 1 er octobre José Antonio de Aguirre est élu, le 7,
président d’Euzkadi et prête serment sous l’arbre de Guernica. Manuel de Irujo
entre dans le gouvernement Largo Caballero, dont le programme ne contredit en
rien celui du gouvernement qu’inspirent les nationalistes basques [178] .
L’entrée des anarchistes dans le gouvernement central
    Il reste, cependant, à régler le problème du gouvernement
central. Va-t-on constituer une Junte nationale de défense, comme les journaux
de la C.N.T. continuent à le réclamer ? Les républicains et les socialistes y
sont résolument opposés. La C.N.T. doit-elle entrer dans le gouvernement
Caballero ? L’U.G.T ., le parti socialiste, le parti communiste le
demandent : la C.N.T ., en fait, comme eux, exerce une partie du
pouvoir sans en assumer les responsabilités. Mais les nouveaux revers
militaires, la menace sur Madrid, hâtent les événements. Au cours d’un meeting
du Front populaire, à Valence, le 20 octobre, le dirigeant des dockers C.N.T ., Domingo Torres, se déclare d’accord pour la participation des anarchistes à
un organisme de direction

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