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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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d’un
syndicat était exigée de tout garde ou policier nouveau: c’était la mesure de
sécurité destinée à prévenir un noyautage éventuel par les phalangistes. Assez
vite cependant, partis et syndicats semblent constituer pour les hauts
fonctionnaires un écran entre le gouvernement et ses forces de répression. Un
pas décisif sera franchi dans la coupure entre les forces de police et les
organisations ouvrières avec l’interdiction faite aux carabiniers et aux gardes
d’adhérer à un parti ou un syndicat [190] .
La police redevient ainsi, en principe, l’instrument aveugle et docile dont un
gouvernement a besoin.
La militarisation des milices
    Les défaites militaires d’août et septembre avaient durement
secoué les partisans du maintien des milices. Des anarchistes, Durruti, Garcia
Oliver, Mera, demandent une organisation unifiée, un commandement unique. Pour
tous, il est clair qu’il faut, sous peine de catastrophe, instaurer une
discipline de fer au combat et dans le service, coordonner ravitaillement,
équipement et communications, élaborer et appliquer une stratégie d’ensemble.
Mais c’est à partir de là que commencent les divergences. Les anarchistes
veulent réaliser ces transformations dans le cadre des milices, en maintenant l’élection
des officiers, la solde unique, la suppression des galons. Le P.O.U.M. prône le
modèle russe de 1918-1920, demande le contrôle des officiers par des
commissaires et des Conseils de soldats, fait éditer et diffuse le Manuel de
l’armée rouge de Trotsky. Personne n’ose prôner la reconstitution d’une
armée de type ancien, et le mot d’ordre communiste d’ « armée
populaire » semble à beaucoup capable de concilier les aspirations
révolutionnaires et la nécessité de la discipline. Le gouvernement progressera
pas à pas, sans heurter de front l’état d’esprit particulier des milices, qu’il
transforme cependant peu à peu en armée.
    Le décret du 29 septembre, qui mobilise deux classes, marque
le début de la « militarisation » : la junte et bientôt la Comandancia des
Milices contrôlent, paient ravitaillent et arment toutes les milices d’organisation.
Le premier décret du gouvernement a constitué un état-major qui commence à
coordonner et à centraliser. Les recrues sont encadrées par des officiers ou
sous-officiers mobilisés et récupérés dans des colonnes. Les corps ainsi formés
sont organisés sur le modèle d’unités régulières, en bataillons, régiments,
brigades et divisions. Certaines unités de milices refusent d’accepter la
militarisation. Frente libertario, organe des milices C.N.T., publie le
27 octobre un violent article intitulé « Abattons l’Armée ». La
Colonne de Fer se soulève contre le gouvernement qui lui restreint les crédits.
Mais cette résistance est sans espoir. Si Giral n’avait pu reconstituer une
armée, c’est que personne n’avait confiance en lui et qu’il ne disposait pas
des armes modernes nécessaires. Or le gouvernement Caballero jouit de la
confiance des partis et syndicats qui exigent l’unité de commandement et il
dispose des armes que lui vaut l’appui de l’U.R.S.S. La répartition même des
armes servira à la militarisation des milices : seules les unités «
réorganisées » en recevront. Les succès remportés par les troupes
organisées par le parti communiste ou par le gouvernement servent aussi à
entraîner d’autres colonnes vers la militarisation. Les ministres de la C.N.T.
l’appuient, les Comités nationaux de la C.N.T. et de la F.A.I. envoient au
front des délégations qui s’efforcent de convaincre les miliciens et leurs
chefs. L’une après l’autre, les colonnes les plus dures se résignent, dans l’espoir
de recevoir des armes, à se « militariser ». Les Conseils d’ouvriers
et de soldats ont supprimés, avec la bénédiction de Solidaridad obrera qui
ne leur trouve plus de « raison d’être ». Dans une première phase,
les unités sont débaptisées. Les centuries deviennent des compagnies ou des
bataillons, les colonnes des régiments ou des brigades, suivant leur effectif.
Un premier lien avec les organisations ouvrières disparaît quand un numéro est
substitué au nom de chaque colonne. Sur le front d’Aragon, la colonne Durruti devient la 26 ème , Carlos Marx la 27 ème , Francisco
Ascaso la 28 ème , Lénine la 29 ème , Macia
Companys la 30 ème division. Puis les grades sont rétablis :
les

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