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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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politiquement peu sûrs, éprouvé le besoin de
contrôler les officiers de carrière, et de galvaniser les hommes par des
animateurs politiques. Le « délégué politique » des milices était
déjà l’équivalent, non seulement du « commissaire » de 1918-1920,
mais du « représentant en mission » de 1794. C’est donc une institution « imaginée par Carnot et perfectionnée par Trotsky »,
suivant la formule de Gorkin, que le gouvernement Caballero reprend et
généralise dans des circonstances semblables.
    Le décret d’octobre 36 qui crée le Commissariat donne comme
tâche au commissaire de « représenter la politique de guerre du gouvernement
dans l’armée et d’accomplir sa mission sans interférer dans le commandement
militaire ». Mission vague et mal définie : le commissaire peut, suivant
le cas, être tout ou rien. Il sera, en fait, beaucoup. Le règlement du 5
novembre dit qu’il est le « premier et meilleur auxiliaire du
commandement, son bras droit », « la sentinelle, l’ ojo
avizor  » , en même temps que « le camarade et le modèle »
de tous. Il est l’éducateur politique des soldats et des officiers, l’agent de
liaison avec la population civile, l’organisateur du travail, des loisirs, du
repos. « La première occupation du commissaire politique, c’est l’homme »,
écrit le règlement que le parti communiste a remis à ses commissaires.
     
    « Aumôniers rouges », comme diront leurs
adversaires, les commissaires seront, selon le P.C., « le nerf et l’âme de
l’armée populaire ». Ce sont eux qui, plus que quiconque, contribueront, à
partir des milices, à former l’armée dont ils sont très souvent les animateurs
et parfois les véritables chefs [195] .
La « légalisation » des conquêtes
    Dans son compte rendu sur sa gestion ministérielle devant
les militants de la C.N.T., Garcia Oliver devait déclarer : « Ma
gestion a consisté à convertir en réalité légale les conquêtes de fait. »
Ce n’est là, pourtant, que l’une des faces de la politique du gouvernement
Largo Caballero : stabilisation et légalisation des conquêtes
révolutionnaires, mais aussi arrêt de leur expansion.
    La mise hors la loi de l’Église, du culte et des pratiques
religieuses n’a été consacrée par aucune mesure législative. Elle est restée
une réalité de fait. Si l’on en croit Gabriel Péri [196] , Jesus Hernandez
avait, dès septembre, demandé au gouvernement d’autoriser la réouverture des
églises et de proclamer la liberté du culte, qui seront un des points
importants du programme du P.C. [197] .
Ce sont en tout cas ces propositions qui sont mises en avant au Conseil des
ministres du 9 janvier 1937 par Manuel de Irujo : elles se heurtent à l’opposition
intransigeante de Garcia Oliver et au veto de Largo Caballero. Dans le domaine
scolaire, la tâche est énorme : l’État s’efforce d’assurer la succession
des écoles confessionnelles. Jesus Hernandez fait créer, par un décret du 25
novembre, un « baccalauréat simplifié » ouvert aux candidats
présentés par les syndicats et les partis du Front populaire. Il organise des
équipes spécialisées de miliciens, enseignants, qui s’attaquent, dans les milices
et les villages, au problème de l’analphabétisme. La Généralité reconnaît l’ « Ecole
nouvelle unifiée », mais ni ses principes pédagogiques, ni son
fonctionnement sous le double contrôle des syndicats et des enseignants ne
seront étendus à l’enseignement d’État, dont la structure n’est pas modifiée.
    La présence d’un représentant de la C.N.T. au ministère de l’Industrie
avait pu faire espérer une poursuite de la collectivisation commencée
spontanément au lendemain de la révolution. Un décret du 2 août du gouvernement
Giral prévoyait la saisie ( incautacion )des entreprises dont les
patrons avaient été compromis dans le soulèvement militaire. Rien ne réglait
pourtant, légalement, le sort de celles qui se trouvaient abandonnées pour d’autres
raisons, manque de capitaux, mauvaise volonté. Juan Peiro déclare qu’il trouve
à son entrée dans le gouvernement une situation véritablement
catastrophique : une partie des industries sont « contrôlées »,
le contrôle étant en réalité une gestion ouvrière, d’autres entreprises sont
collectivisées, d’autres, enfin, sont contrôlées mais dirigées par un patron
dont l’unique préoccupation est de

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