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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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généreux, et de larges hanches. Tout cela était gâché par une horrible blessure au côté gauche, une plaie béante, profonde, d'un rouge noirâtre.
    —
    Qui est cette personne, mon père ?
    —
    Je l'ignore. On l'a trouvée en bordure d'un marécage, dans les bois de Bean. Elle était couverte de boue. Les fondrières, là-bas, ne sont pas trop profondes, l'eau sort à gros bouillons, et un corps finit par remonter à la surface. On me l'a apportée ce matin, et je l'ai fait laver. Elle est belle. Et regardez, Kathryn.
    Il prit la main du cadavre, et Kathryn palpa la peau de sa paume : elle était douce et soyeuse au toucher.
    —
    Une femme de bonne naissance, vous ne croyez pas?
    Kathryn en convint.
    Le père Cuthbert secoua la tête.
    —
    J'ai fait des recherches, mais là encore, je n'ai rien découvert. Voici une jolie jeune femme qui jouit d'une certaine fortune et d'un certain rang. On l'a attirée tout récemment dans les bois de Bean pour la poignarder sauvagement et la dépouiller, puis on a jeté son cadavre dans un marécage.
    Pourtant, on n'a signalé aucune disparition. J'ai trouvé une seule chose.
    S'accroupissant, le père Cuthbert tira un petit coffret en bois de sous la table.
    Il l'ouvrit et en sortit une broche à cheveux.
    —
    Sa chevelure est très épaisse, expliqua-t-il. Le tueur n'a pas vu ceci.
    Kathryn prit le bijou et l'approcha d'une des grosses chandelles.
    —
    Elle est en étain, observa-t-elle.

    Elle examina l'emblème, un pèlerin avec un bâton, ainsi que l'inscription qui suivait le bord arrondi, CANTORBERY, et sur l'autre face, AUBERGE FALSTAFF.
    Le cœur de Kathryn fît un bond.
    —- Qu'est-ce qui vous arrive? interrogea le père Cuthbert.
    —
    Écoutez, mon père, nous sommes en présence d'une femme jeune et fortunée, que l'on a sauvagement assassinée probablement dans les deux ou trois jours qui viennent de s'écouler. On a camouflé son cadavre. Elle ne peut pas être de Cantorbéry, sinon il y aurait eu des bruits et des rumeurs. Il est sûr qu'elle a séjourné au Falstaff, où a également été assassiné Mafiach. Je me demande simplement si les deux meurtres sont liés. Puis-je garder cette broche, mon père?
    —
    Bien sûr,
    Kathryn glissa l'objet dans son petit sac.
    —
    J'ai une autre faveur à vous demander, mon père. Faites parvenir un message au patron du Falstaff: qu'il vienne ici, et vous lui montrerez ce cadavre. S'il le reconnaît, dites-lui de venir me voir au petit jour, demain.
    Pouvez-vous faire cela?
    Le prêtre accepta.
    —
    Nous n'avons pas perdu notre temps, sourit Kathryn.
    Ils sortirent du charnier, et peu après Colum les rejoignit. Avec Kathryn, il quitta le père Cuthbert pour rentrer à Ottemelle Lane.
    —
    Qu'avez-vous donc? interrogea l'Irlandais en serrant le bras de la jeune femme. Si je vous lâchais, vous courriez.
    S'arrêtant, Kathryn lui déposa un rapide baiser sur les lèvres.
    —
    Je ne dormirai guère cette nuit, Colum. Avec Holbech, vous allez vous occuper de Maître Smallbones. Moi, j'ai un assassin à attraper, et je ne le raterai pas.
    La maison d'Ottemelle Lane était tranquille. Thomasina brodait en parlant toute seule.
    —
    Il n'est rien arrivé pendant votre absence, déclara-t-elle en relevant la tête, montrant des yeux ourlés de rouge. Comment va le père Cuthbert?

    —
    Très bien. Il t'envoie son bon souvenir.
    Thomasina sourit, se leva et embrassa doucement
    Kathryn sur le front.
    Celle-ci gagna son cabinet d'écriture où elle alluma des chandelles ainsi que la lampe de bureau. Elle prit une feuille de vélin et écrivit en haut : MAFIACH.
    Fermant les yeux, elle se remémora tout ce qu'elle savait, coucha les faits sur le papier comme elle aurait écrit une liste d'ingrédients, puis prit le double du message chiffré de Mafiach. Elle écrivit les noms de tous les gens qu'elle avait rencontrés depuis le début de cette affaire, et elle avança pas mal en dépit des interruptions constantes de Thomasina, qui s'assurait qu'elle ne voulait rien à manger ou à boire. La jeune femme barra ensuite les noms un par un, et, ce faisant, le visage de l'assassin devint plus net. Elle prit une seconde feuille de vélin sur laquelle elle écrivit en titre
    ATWORTH. On frappa alors doucement à la porte d'entrée, et suivirent les imprécations de Thomasina contre les patients et leurs maux. La porte s'ouvrit, et Kathryn, percevant la voix d'une femme, étouffée mais ferme, leva les yeux vers le

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