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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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avez-vous... ?
    —
    C'est la duchesse qui me l'a dit, le coupa Kathryn. On vous a envoyé ici pour protéger le bienheureux Roger Atworth. Vous n'êtes pas plus frère convers que je ne suis abbesse. Le prieur Anselm, le sous-prieur Gervase et l'infirmier Simon étaient les seuls membres de la confrérie à connaître votre véritable identité et votre mission au monastère du Sac. C'est bien la vérité?
    Jonquil en convint.
    —
    Vous vous ennuyiez, poursuivit Kathryn, mais de temps en temps, la nuit, vous traversiez Gethsémani, escaladiez le mur et ôtiez votre robe pour redevenir un jeune homme prêt à prendre du bon temps dans les tavernes, les gargotes et partout où vous désiriez aller. En votre absence, le prieur Anselm, Gervase et frère Simon surveillaient le bienheureux Roger.
    Jonquil enfouit son visage dans ses mains. Kathryn sourit au prieur.
    —
    En ce qui concerne la mort de frère Roger et les miracles, je pense que frère Simon ici présent sait qu'ils sont autant l'œuvre de la nature que celle de Dieu, mais ils ne me tracassent pas. Quant à l'odeur suave...

    Kathryn ouvrit son sac et en sortit un petit morceau de peau si fine qu'elle en était transparente.
    —
    Avez-vous jamais fait des bulles de savon, frère Simon? Quand elles éclatent, vous pouvez sentir l'odeur du savon. Eh bien, vous avez procédé de la même manière. Vous qui êtes apothicaire, vous avez rempli des morceaux de peau très semblables à celui-ci avec du parfum élaboré dans votre infirmerie, et vous les avez mis dans votre poche. Ensuite, aux moments qui convenaient, vous en laissiez tomber deux ou trois et vous les écrasiez sous votre semelle pour que l'odeur se dégage.
    Sur son siège, frère Simon avait fermé les yeux.
    —
    On dit que les écoliers font la même chose, déclara Kathryn, mais ils utilisent des parfums moins suaves. Dans la chambre de frère Roger, vous avez lâché quelques morceaux de peau que vous avez piéti- nés sans bruit.
    Vous en avez mis aussi dans la bière, et quand on a ouvert la tombe et que personne ne regardait, vous avez recommencé.
    Kathryn agita la main.
    — Et l'air se parfuma d'une mystérieuse fragrance dont il était impossible de trouver l'origine. La peau étant très fine, il est évidemment aisé de la faire glisser dans une fente du plancher ou de la pousser sous un lit.
    Kathryn revint au jeune frère convers qui se cachait toujours la tête dans les mains.
    —
    Quant à votre apparition, frère Jonquil, je me suis trouvée à genoux dans la chapelle de la Vierge au moment où le soleil se déverse à flots par la fenêtre.
    C'est tout ce que vous avez vu, n'est-ce pas ? Le reste, comme le parfum, n'était qu'invention destinée à réjouir le cœur de la duchesse Cécile et l'empêcher de poser trop de questions embarrassantes sur la mort de frère Roger. Tous les trois, vous avez dû remercier Dieu à genoux quand on a exhumé le corps d'Atworth et découvert qu'il n'était pas décomposé. Frère Simon peut lever les bras au ciel, je crois qu'il connaît aussi bien que moi les effets de l'arsenic. Frère Roger en prenait de minuscules doses pour soigner ses boyaux. Je suis sûre que celles-ci ne l'ont pas tué, en revanche, elles ont retardé la décomposition de son corps.
    Kathryn soupira.
    —
    Alors, faut-il que je vous soutire la vérité, comme on tire un fil de tapisserie mal tissé ?
    Le prieur Anselm croisa les mains, tête baissée.
    —
    Nous avons péché, Maîtresse Swinbrooke, et nous avons menti. Oh, pas par cupidité !
    Il écarta les mains.
    —
    Enfin, peut-être un peu.
    —
    La vérité ! exigea Kathryn.
    Anselm se cala contre le dossier de son siège.
    —
    Entendu. Après avoir rejoint notre communauté, Roger Atworth n'a pas tardé à se faire une réputation de sainteté. De bien des façons, c'était un excellent compagnon : humble, pieux, toujours prêt à faire plaisir. Je l'aimais bien. J'étais au courant de sa vie antérieure, et des horribles crimes qu'il avait commis.
    Néanmoins, s'il y eut jamais un homme à la recherche de Dieu, c'était bien Roger Atworth.
    Anselm marqua une pause.
    —
    La guerre entre les York et les Lancastre prit fin, et nous comprîmes vite que frère Roger avait des amis très puissants. La duchesse Cécile devint une habituée de ce couvent. Frère Roger était son confesseur, et ils se retrouvaient comme frère et sœur pour se promener dans le jardin de Gethsémani. La duchesse Cécile me

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