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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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d'excuse.
    — Allons, venez-en au fait, Simon.
    — Vous n'êtes pas mariée, Kathryn?
    Elle se mit à rire en rejetant la tête en arrière.
    — Très intelligent, Simon.
    — Vous vivez à Ottemelle Lane?
    Kathryn fixa le clerc d'un air furieux.
    —
    Vous êtes un médecin réputé, apprécié par beaucoup. Vous avez la confiance de Son Éminence ainsi que celle du Conseil de la ville...
    — Cela suffit ! le coupa Kathryn.
    Luberon ferma les yeux. Kathryn affichait un air obstiné, pugnace.
    —
    J'ai déjà entendu ce chant de louange, déclara-t-elle. Kathryn Swinbrooke, membre de la guilde des apothicaires, médecin du Conseil de la ville, conseiller de Son Éminence l'archevêque Bourchier, habite une maison d'Ottemelle Lane...
    Kathryn écarquilla les yeux d'un air de feinte innocence et poursuivit dans un âpre murmure :
    —
    ... avec un homme, Colum Murtagh, soldat irlandais, gardien des écuries royales à Kingsmead. Il n'est pas marié non plus. Thomasina aussi habite avec moi, et Dieu sait combien de fois elle a été mariée. Agnes, ma servante, n'est pas mariée, pas plus que Wulf, mon apprenti. Nous l'appelions « Wuf » jusqu'à ce qu'il proteste, préférant Wulf, d'après saint Wulfstan, qui, à ma connaissance, Monseigneur, fut évêque de l'Église. Je dirige une importante maisonnée. Je gagne bien ma vie comme médecin et comme apothicaire. Cependant...
    Kathryn rougit de colère.
    —
    Ce que je fais la nuit dans mon lit ne regarde que moi! La veuve Gumple, avec ses coiffures stupides, son visage empâté et sa langue de vipère, ne m'intéresse pas !
    De nouveau Kathryn fit mine de se lever. Bourchier se pencha pour lui saisir la main.
    —
    Kathryn, voyons, je vous considère comme ma fille.
    —
    Moi, je vous considère comme un curieux, Votre Éminence !
    Bourchier sourit.
    —
    On dit que vous ne mâchez pas vos mots, Kathryn.
    Celle-ci porta son regard sur Luberon, et regretta un instant son éclat. Il était recroquevillé au bord de son siège, comme un petit garçon, yeux fixes, bouche ouverte.
    —
    Je ne voulais pas vous offenser, Maîtresse, chuchota-t-il.
    Kathryn se força à sourire.
    —
    Vous ne m'avez pas offensée, mais j'aimerais que vous en veniez au fait.
    Je fais de mon mieux pour soigner les corps ; on ne peut pas me tenir responsable des langues qui jasent.
    —
    Êtes-vous éprise de Colum Murtagh? demanda Bourchier d'une voix étonnamment âpre.
    Kathryn sentit sa gorge devenir sèche. Si un autre lui avait posé cette question, elle se serait emportée ; mais Bourchier était un prêtre plein de bonté, un pasteur qui portait un intérêt sincère à ses ouailles, et pas seulement pour les tondre. Luberon, lui, refusait de croiser le regard de la jeune femme.
    — Répondez-moi, Kathryn, je vous en prie.
    —
    Oui, Monseigneur, je l'aime, déclara-t-elle avec fièvre. Je ne suis pas son amante, je n'appartiens qu'à moi.
    — Êtes-vous fiancée ?

    — Non, cependant Colum le souhaite,
    — Et pourquoi pas?
    Kathryn s'appuya contre le dossier de son siège.
    —
    Vous le savez. J'étais mariée à Alexander Wyville. Tout le monde connaît l'histoire : voilà deux ans, Wyville décida de rejoindre les armées des Lancastre. Il quitta Cantorbéry et n'est jamais revenu.
    —
    L'avez-vous recherché?
    —
    Oui. Parfois, je pense qu'il est mort, puis je me dis que non, ce n'est qu'un vœu pieux.
    —
    Vous souhaiteriez qu'il soit mort?
    —
    Je l'ai épousé parce que je croyais l'aima-, Monseigneur, parce que c'était le désir de mon père défunt Wyville se révéla une brute — un homme tout sourires qui se prétendait un saint, mais quand il buvait, c'était un misérable qui jouait de ses poings. Son cœur et sa langue étaient imprégnés de fiel et il concevait des rêves grandioses sur le profit qu'il tirerait de la guerre. Je l'ai vu partir avec joie, et, que Dieu me pardonne, je prie qu'il ne revienne pas. Est-ce un péché?
    Bourchier secoua la tête.
    —
    Non. Bien sûr que non.
    Il tapota la main de Kathryn, puis :
    —
    Mais si Wyville est mort, que dit le droit canon? Une femme, dont le mari a disparu sans qu'on en retrouve la trace, doit attendre dix ans avant de se remarier. Êtes-vous prête à attendre dix ans, Kathryn?
    Elle ferma les paupières. L'image de Colum lui apparut : cheveux noirs comme la nuit, yeux bleu sombre plissés en une expression amusée, des rides de rire autour de la bouche, ses mains puissantes quand il tentait de

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