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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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spongieux, légèrement rigides cependant. Elle lissa de la main le satin qui recouvrait le côté du cercueil, et remarqua la poussière rouge sur ses doigts.
    Était-ce possible? Reculant, elle s'essuya vivement les mains à sa robe. Un enseignement que lui avait donné son père lui revint à l'esprit, de même un souvenir du passé : le cimetière de l'église Sainte-Mildred, par un pluvieux après-midi d'octobre, sept ou huit ans plus tôt. Le coroner du roi, le haut tas de terre d'une tombe ouverte, le cercueil de bois qu'on venait d'exhumer et dont on enlevait le couvercle. Plus tard, son père avait examiné le cadavre dans le charnier tout proche, que rendait plus sinistrement macabre la lueur vacillante d'une grosse bougie de suif. Comment s'appelait la femme?
    Margotta, oui, c'était cela! Elle était vêtue d'une chemise en lambeaux, et son visage demeurait reconnaissable.
    Venables avança la main pour toucher le corps.
    —
    N'en faites rien ! s'exclama Kathryn.
    L'écuyer de la reine se reprit vivement, tandis que les autres dévisageaient la jeune femme avec des yeux ronds.

    —
    Prieur Anselm, il me faut des cuvettes d'eau chaude et des serviettes propres. Faites vite. Que personne ne touche le cercueil. Et si cela arrivait, il faudrait se laver les mains avec soin.
    Le prieur regarda Kathryn, l'air terrifié.
    —
    Pourquoi ? Que se passe-t-il ?
    —
    Je n'en suis pas sûre, expliqua Kathryn, et je puis me tromper. Il faut que je consulte mes manuscrits. Cependant, poursuivit-elle d'une seule traite, je crois que Roger Atworth n'est peut-être pas mort de mort naturelle, mais plutôt à cause d'une infusion concentrée d'arsenic rouge, un poison mortel.
    —
    Comment cela?
    Frère Simon avança, les mains tendues.
    —
    Qu'êtes-vous en train de dire, Maîtresse Swinbrooke? Que le bienheureux Roger a été empoisonné? Vous vous trompez, femme stupide !
    —
    Surveillez votre langue, mon frère !
    Colum, sorti de son humeur songeuse, vint se placer à côté de Kathryn.
    Celle-ci regarda rapidement autour d'elle. Anselm avait porté ses doigts à ses lèvres, tel un gamin terrifié. Jonquil n'arrivait pas à comprendre ce qui se passait. Gervase grimaçait comme s'il appréciait une plaisanterie connue de lui seul.
    Frère Simon abaissa la main en reculant.
    —
    Je vous prie de m'excuser.
    —
    Faites ce qu'a demandé Maîtresse Swinbrooke, insista Colum.
    Simon claqua des doigts en direction de Jonquil.
    —
    Allez-y donc ! le pressa-t-il. Allez chercha: l'eau.
    On avait oublié le cadavre à présent, et toute l'attention se portait sur Kathryn. Comme Venables lui tournait le dos, elle se demanda si c'était pour dissimuler sa surprise ou bien pour examiner le corps avec plus d'attention.
    La jeune femme regagna la nef et s'assit au pied des marches du chœur. Les autres la rejoignirent.

    —
    Je vous conjure de ne pas toucher au corps, et de ne pas manger avec des doigts souillés, dit-elle sans cesser de regarder ses mains. Prieur Anselm, disposez- vous d'une bibliothèque, de manuscrits, d'une pharmacopée?
    Le moine hocha la tête.
    Kathryn fut soulagée quand Jonquil revint en se hâtant : il avait eu la présence d'esprit d'apporter, outre l'eau, un petit morceau de coûteux savon de Castille. Kathryn se lava méticuleusement les mains et les essuya avec la serviette qu'on lui avait donnée.
    —
    L'arsenic, déclara-t-elle d'une voix plus calme, l'arsenic est un des poisons mortels de la nature ; on en trouve deux espèces principales : le rouge et le blanc. Les deux sont des substances pernicieuses. Absorbées en grande quantité, elles provoquent la mort subite.
    Simon l'infirmier avait perdu son aplomb et se mordait nerveusement la lèvre.
    —
    L'arsenic est un toxique bien connu, expliqua
    Kathryn, tous les livres sur les simples ou les substances vous le diront. Il bouleverse les humeurs et reste dans le corps de la victime longtemps après sa mort. Il arrive qu'il interrompe et même prévienne le processus de décomposition. Il faut que j'examine le cadavre plus à fond, ajouta-t-elle vivement, mais, à mon avis, c'est l'arsenic qui explique son état, et pourquoi le linceul ainsi que le satin tapissant les parois du cercueil sont couverts de fine poussière rouge. Par conséquent, si vous touchez cette bière et ce qu'elle contient, je vous conjure de porter des gants et de vous laver soigneusement les mains et le visage pour vous débarrasser de toute trace de cette

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