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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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poussière.
    Vous en convenez, n'est-ce pas, frère Simon?
    —
    On le dit, en effet, admit l'infirmier sans lever la tête.
    —
    Je me rappelle un cas semblable à Cantorbéry, poursuivit Kathryn.
    C'était après la Saint-Michel, il y a sept ou huit ans. Les enfants d'une femme du nom de Margotta Arrowsmith informèrent un jour le coroner de la ville que leur mère avait été empoisonnée par son second mari. L'Église finit par recevoir leur plainte, et on ordonna d'exhumer la défunte. Mon père trouva la dépouille de Margotta dans un état semblable à celui du bienheureux Roger.
    Le meurtrier avoua plus tard, quand il fut interrogé, qu'il s'était rendu à Douvres et à Londres et avait dépensé des sommes d'argent considérables pour acheter de grosses quantités d'arsenic.
    —
    Et les stigmates, alors? s'exclama le prieur Anselm.
    De sa sacoche d'écriture, Kathryn sortit des gants en beau cuir de veau et les enfila. Après avoir intimé aux autres l'ordre de ne pas bouger, elle s'approcha et se pencha sur le cadavre. Son capuchon était remonté, et une frange de cheveux retombait sur son front cireux. Kathryn la repoussa et vit alors des marques rouges comme si on avait mis là une couronne de ronces; cependant, les traces s'étaient estompées depuis l'enterrement. La jeune femme regarda ensuite les poignets et s'aperçut qu'on les avait enveloppés avec des bandes de tissu brun très semblable à celui de la robe dans laquelle Atworth avait été enterré. À l'aide d'un petit couteau, elle coupa ces bandes et vit de vilaines plaies rouges sur la face interne de chaque poignet. Les deux blessures mesuraient un peu plus de deux centimètres de long sur moins d'un de large. Au revers du bras, la marque ressemblait davantage à une petite piqûre rouge. La mort et le séjour du corps dans le cercueil avaient figé le sang qui s'était écoulé des plaies.
    Kathryn enleva alors les sandales du mort et les bandes de tissu pour examiner les cous-de-pied. Palpant du bout des doigts, elle sentit les plaies dans l'interstice entre les os, des plaies très semblables à celles des poignets, avec un petit trou rouge à l'arrière de chaque jambe.
    Sans prêter attention aux cris et exclamations des frères, Kathryn retourna le cadavre pour dénouer la cordelière, puis elle remonta la robe brune et la chemise, dévoilant la chair pâle et veinée. Le ventre était un peu distendu, mais Kathryn comprit que, quand on avait apprêté le corps pour les funérailles, on avait probablement vidé les viscères. La plaie au côté gauche était longue et fine, comme si elle avait été faite à l'épée; il restait une vilaine entaille rouge dans la chair blanche et cireuse. Kathryn s'aperçut que le parfum s'était maintenant évanoui, alors que l'odeur du cadavre était plus présente. Secouant la tête, elle recula.
    —
    Je constate les plaies ! lança-t-elle. Prieur Anselm, n'y voyez aucun manque de respect, mais je tiens à ce qu'on transporte le cadavre au charnier, où on devra le dévêtir et le laver avec soin.
    —
    Ce n'est pas...
    —
    Il le faut, insista Kathryn.
    Elle montra un bandage brun et ajouta :
    —
    Tout devra être brûlé, y compris les vêtements.
    Elle se sentait en pleine confusion : des souvenirs, des images, des connaissances fragmentaires se bousculaient dans son esprit. L'effort qu'elle avait fourni pour examiner le corps la laissait un peu faible et elle regrettait de n'avoir pas mangé davantage avant de quitter Ottemelle Lane.
    —
    J'aimerais réfléchir, déclara-t-elle, ébauchant un pâle sourire, je ne suis pas aussi savante qu'on pourrait le croire.
    —
    Et moi, j'ai beaucoup à faire, intervint Spineri, qui avait perdu sa bonhomie.
    Il jouait maintenant avec le gland de sa cape noire, impatient de partir. Dans l'heure, Kathryn le savait, il serait à Islip en train de tout raconter à la reine mère. Il était peut-être préférable qu'il s'en aille avant qu'on en découvre davantage? À leurs visages, leurs regards coupables, à la façon dont frère Simon passait sans arrêt la langue sur ses lèvres sèches, Kathryn voyait bien que les bons moines en savaient plus long sur la mort du bienheureux Roger qu'ils ne l'avaient avoué.
    —
    Prieur Anselm, serait-il possible de me donner quelque chose à manger?
    —
    Je m'en occupe, proposa Colum.
    Il prit Kathryn par le coude, ramassa son manteau et sa sacoche d'écriture, puis, suivis par les autres, ils sortirent dans la

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